Contenus haineux : Facebook condamné à 2 millions d'euros d'amende en Allemagne

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 05 septembre 2019 à 20h56
Facebook

Les autorités allemandes reprochent au réseau social de ne pas avoir été assez transparent s'agissant de la suppression des contenus prônant la haine.

Cela fait désormais un an et demi que la loi sur les contenus illégaux publiés sur les réseaux sociaux est en vigueur en Allemagne. Jusqu'à maintenant, celle-ci n'avait fait aucune « victime. » Ce n'est désormais plus le cas puisque la justice allemande a infligé à Facebook, mardi 2 juillet, une amende de 2 millions d'euros. Le réseau social au pouce levé devient ainsi le premier à être épinglé par le texte. Pas nécessairement un honneur, lorsqu'on décortique le pourquoi du comment.



Le manque de transparence de Facebook

La justice allemande reproche à Facebook de ne pas avoir justement communiqué le nombre de contenus illégaux que la société supprime sur sa plateforme. Ce qui est vu comme une sous-dénonciation et un manque de transparence évident constitue manifestement une violation de la loi sur l'amélioration de l'application du droit dans les réseaux sociaux, la NetzDG.



Le texte impose aux réseaux sociaux de signaler le nombre de plaintes reçues pour les contenus illégaux. Ce principe général est accompagné d'une obligation de supprimer sous 24 heures les messages signalés à caractère haineux, diffamatoire ou promouvant des fake news, et de publier, deux fois par an, un recueil des contenus effacés et les raisons qui ont poussé la modération à les supprimer.

Trop peu de plaintes rapportées

Pour l'Office fédéral de la justice d'outre-Rhin, en ne regroupant que certaines catégories de plaintes, Facebook a dressé une image faussée de la situation et de l'ampleur des contenus haineux postés sur sa plateforme. Le réseau social a ainsi annoncé avoir traité 1 048 plaintes au second semestre 2018 en Allemagne. En comparaison, Twitter pointe à plus de 520 000 sur l'année entière, alors que le réseau social à l'oiseau bleu ne draine pas la même activité.

Alors que Facebook essaie de redorer péniblement son blason depuis plusieurs mois, la société n'est pas aidée par cette amende et entend se réserver le droit d'interjeter appel de la décision des autorités allemandes, une fois le dossier clairement étudié. Pour l'instant, Facebook se défend en affirmant que la loi allemande « manque de clarté ».

Source : Reuters
Alexandre Boero
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nirgal76

Au lieu de s’attaquer à la cause de ces discours de haine, on les efface. La politique de l’autruche. On ne règle pas les problèmes, on les cache.

CM35

@nirgal76

Et encore, reste à définir ce qu’est un “discours de haine” pour eux. :smirk:

Il y a de grandes chances que ce soit orienté et à géométrie variable… :unamused:

nirgal76

C’est déjà pas clair quand c’est un juge qui décide (enfin pas clair, c’est basé sur des considérations plus politiques que juridiques) alors par Facebook…
M’enfin, plus facebook et cie seront infréquentables et moins les gens iront sur ces merdes et donc c’est un mal pour un bien

PirBip

Un pays qui a hébergé en son seing l’un des plus grands meurtriers génocidaire de l’histoire et qui s’en est repenti, non sans avoir subi le Soviétisme dans une partie du pays, est capable de juger ce qu’est un discours de haine. Dans son histoire moderne l’Allemagne n’a connu sa forme actuelle que depuis 1989. Ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir ont connu ces déboires. Et ceux qui les ont précédés ont tellement eu honte qu’ils ont été jusqu’à interdire l’utilisation de la svastika jusque dans les œuvres de fiction ! Je crois que nous en France sommes très mal placés pour juger de comment l’Allemagne considère un discours comme étant de la haine.

Popoulo

Quels sont ces contenus qu’on se fasse une idée ?

iodir

Ben non, ils en sont moins capables que les autres justement, parce qu’ils vont avoir tendance à surréagir dans l’autre sens.

PirBip

Bon alors j’ai pas été clair.
L’Allemagne EST capable de savoir quand un discours est haineux ou non. Sur la base de quoi on juge qu’ils réagissent mieux ou moins bien ? Peu importe, l’important c’est qu’ils réagissent. Et ils réagissent.
D’ailleurs, CM35 disait qu’il y avait des chances que ce soit orienté et à géométrie variable. Dans quelle direction exactement ? Et dans quelle mesure varie cette géométrie ? C’est quand même fou qu’on reste sur du spéculatif sachant que l’auteur du message admet lui-même ne pas savoir ce que représente le “discours de haine” que l’Allemagne combat. Ah, c’est quand même bien pratique, ça permet que chaqun se fasse sa sauce dans son coin. Mais ça n’amène rien de concret.
Pour vous répondre encore, quel niveau de prétention faut-il pour juger de la capacité de l’Allemagne à savoir ce qu’est un discours de haine ou non ? Surtout quand ce jugement est basé sur leur manière de réagir, chose qui est une conséquence d’un discours de haine dont on ne sait d’ailleurs toujours pas quel en est la teneur.

Saulofein

L’europe quoi… Quand tu as besoin d’argent, tu taxes les GAFAM!

CM35

@PirBip

Toujours les fameuses « Heures Sombres » pour justifier tout et n’importe quoi, « c’est pratique ». (pour reprendre vôtre terminologie)

Triste période certes, mais laissons la derrière nous si vous le voulez bien. (soyons honnêtes deux minutes : il est extrêmement peu probable qu’une telle chose se reproduise de nos jours et heureusement, cette leçon qui dure depuis plus de 70 ans déjà est parfaitement intégrée il me semble.)

Sur la teneur de la censure, pas la peine de feindre l’ignorance, vous savez très bien ce que j’ai voulu dire.

Comme tout le monde ici je n’apprécie guère la haine mais pour y faire face il faut pouvoir l’analyser afin de traiter les causes, la censure n’est donc pas la bonne solution même si personnellement j’aimerais bien ne plus voir certains commentaires…

Nous verrons bien à l’avenir si l’on peut vraiment faire confiance au gouvernement allemand mais en attendant, les contenus qui trinquent déjà sont très souvent ceux des personnes qui justement défendent leur pays en toute légitimité, pas besoin de propos haineux pour subir la purge.

PirBip

Oui, a ceci près que c’est un exemple pour justifier clairement une position, et non vaguement laisser penser que ce qui est “à drouate” est censuré de manière systématique.

Oui parce que j’ai très bien compris où vous voulez en venir, le contexte est suffisant pour deviner quel est le message de fond.

Pour une fois je suis d’accord : la censure n’est pas une solution pour lutter contre la haine. Mais les gouvernements successifs se sont essayés à la pédagogie, et ça a provoqué chez les opposants de la réactance. Auparavant, c’est-à-dire avant Internet, ceux qui étaient contre l’idéologie dominante (≠ majoritaire) étaient traités comme des parias et une sélection par l’idéologie permettait de mettre en avant les idées dominantes (y compris avec ses nombreux travers sexistes, homophobes, racistes etc…). Sauf qu’aujourd’hui, ces groupes idéologiques rejetés finissent par se réunir au même endroit et par s’alimenter de haine de manière continue, résultat on arrive à la fin avec des cagnottes pour aider un boxeur qui a frappé des flics ou pour aider des extrémistes à ramener (et non pas couler comme insinué dans une version précédente de ce commentaire) des bateaux d’immigrés (à des frontières où on ne sait pas ce qu’on fera d’eux), ou bien dans un autre ordre d’idée ça donne des groupes de haine contre les hommes (dans le sens genré ou en tant qu’espèce, ça fonctionne d’ailleurs). Voilà ce que donne la haine quand on la cristallise.

Et j’aimerais bien comprendre ce qu’est “légitimement défendre un pays” dans votre terminologie. Quelqu’un qui défend légitimement un pays dans ce que je comprends de ce terme c’est soit une personne qui prend les armes pour lutter contre une menace, soit une personne qui alerte sur les dangers d’une dérive qui nuirait à la population dudit pays. Mais pour éviter de creuser ce qui peut vite devenir un double homme de paille, je vous laisse me dire ce que vous entendez par là si toutefois vous voulez le faire.

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