Derrière la modération de contenu, des milliers de personnes travaillent pour rendre Facebook plus sûr. Cependant, ces contenus sont visionnés par les employés de ces entreprises qui révèlent développer des syndromes post-traumatiques.
Même si Facebook déclare faire son possible pour faciliter la vie de ses modérateurs, les langues se délient et depuis février, certains d'entre eux révèlent les horreurs qu'ils peuvent voir chaque jour sur le réseau social.
De l'horreur huit heures par jour
Dans le bureau de modération situé à Berlin, les employés sont à bout. Facebook leur ayant fait signer un accord de confidentialité, les noms ont été changés, mais les horreurs sont véritables.Avant ces révélations, chacun devait modérer 1 000 messages en huit heures, soit un post toutes les 30 secondes. Une cadence que les employés ne peuvent plus tenir et qui a été divisée par deux depuis. Payés au salaire minimum, ils travaillent de jour comme de nuit et le week-end. Les monstruosités qu'ils voient chaque jour sont sans fin.
La plupart révèlent que le plus dur a été de lire les messages privés entre enfants et adultes qui sont « à 90 % sexuels » et souvent « violents et terrifiants ».
« Nous avons des hommes riches, blancs, d'Europe ou des USA, qui écrivent à des enfants des Philippines... qui essaient d'avoir des photos sexuelles moyennant 10 ou 20 $ », explique l'un d'eux.
De même, certains ont totalement perdu pied à cause de la haine, mais aussi des fake news qu'ils voient chaque jour : « Les vidéos complotistes et les memes qu'ils voient chaque jour les emmènent graduellement dans un univers parallèle », expliquait The Verge dès février.
« Une personne normale, une personne libérale voire progressiste, peut devenir conservatrice, plus concernée par les problèmes de migrants par exemple », déclare Daniel, un ancien employé. « En effet, la plupart des messages de haine que nous recevons sont basés sur des fake news qui visent à partager des opinions politiques très particulières ».
Une crise mal gérée par Facebook
Après ces révélations, Facebook a décidé de baisser la charge de travail de ses employés, ce qui n'est pas suffisant car c'est d'un suivi psychologique dont ils ont besoin.Certains ont tenté d'en parler à un conseiller, qui leur a dit de trouver un psychologue par leurs propres moyens. Les modérateurs gèrent donc le stress comme ils le peuvent, souvent dans la drogue et l'alcool. Daniel explique avoir vu qu'un de ses collègues cherchait un Taser sur Internet par peur des étrangers, tandis qu'un autre employé dormait avec une arme.
Des solutions semblent compliquées à trouver, car le travail est méconnu. Engager plus de monde peut être une solution, mais l'horreur reste la même.
La conclusion nous vient de Gina, une ex-employée du bureau berlinois : « Je pense que c'est une violation des droits de l'Homme. Vous ne pouvez pas demander à quelqu'un de travailler vite, de bien travailler et de voir tout ce contenu. Les choses qu'on a vues ne sont pas normales ».
Source : The Guardian