Le géant des réseaux sociaux, Facebook, emploie une armée de modérateurs de contenus. Une activité psychologiquement douloureuse, pour certaines de ces petites mains du Web.
Après les nombreux scandales, et notamment celui faisant suite à la tuerie de Christchurch le 15 mars dernier, Facebook a été plus que jamais pointée du doigt pour la facilité de certains individus à poster des commentaires, posts, vidéos et photos choquants. La société lutte au quotidien pour nettoyer son principal réseau social des images violentes et inappropriés qui y circulent. Une tâche particulièrement ingrate, dans tous les sens du terme.
Un modérateur de Facebook doit garder le secret sur son activité
Un journaliste de Cash Investigation, le magazine de France 2, est parvenu à intégrer les rangs de l'un des prestataires de Facebook en matière de modération de contenus, le poids lourd mondial Accenture. Le sous-traitant gère le marché français de Facebook depuis des bureaux situés du côté de Lisbonne, au Portugal.Facebook : le conseil de surveillance "indépendant" devrait rendre ses premières décisions début 2020
Notons que le journaliste ignore totalement pour qui il va travailler, jusqu'au jour J. Au moment de prendre son poste et d'apprendre qu'il va faire de la modération pour le compte de Facebook, on lui interdit de révéler à qui que ce soit pour qui il bosse. « Officiellement, tu travailles pour Accenture », lui dit-on. Sur le papier, c'est vrai, mais en réalité, c'est un peu une vie d'agent double que doivent assumer les nettoyeurs de Facebook. Ces derniers signent d'ailleurs une clause de confidentialité, qui peut les faire passer directement par la case tribunal en cas de rupture de la disposition contractuelle.
Une faible rémunération
Si l'on pense avancer avec sérénité, on déchante vite. Car être en charge de la modération sur le réseau social le plus utilisé de la planète, c'est voir toutes les horreurs du monde, en ayant pour seul pouvoir de supprimer le contenu. La nudité, même déplacée, paraît totalement dérisoire à côté de certaines images. D'autant que parfois, des photos ou des vidéos suggestives ne sont pas écartées.Pour la VR, Facebook acquiert CTRL-Labs, spécialisée dans l'interprétation des signaux neuronaux
« Il est en train de se faire décapiter là », lâche le journaliste à un moment. Il est en train de visionner une vidéo de décapitation à l'arme blanche, pas si bien floutée à l'écran. Le reporter a du mal à s'en remettre. Et on le comprend.
Pour seulement 800 euros (montant brut !) par mois, la tâche est ingrate, souvent écœurante. Certains sont choqués mais apprennent à faire la part des choses, avec le temps. C'est le cas d'une des modératrices, qui considère faire le bien en « évitant à un jeune de 12 ans de tomber sur certaines horreurs ». Cela pourrait presque ressembler à un sacrifice pour certains, assistés par un psychologue au bureau. Ou l'amour du sang, peut-être. Facebook emploie 15 000 modérateurs dans le monde.
Source : france.tv