Facebook : Cash Investigation dévoile la dureté de la tâche des modérateurs de contenus

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 25 septembre 2019 à 15h43
Stage Facebook
© Tero Vesalainen / Shutterstock.com

Le géant des réseaux sociaux, Facebook, emploie une armée de modérateurs de contenus. Une activité psychologiquement douloureuse, pour certaines de ces petites mains du Web.

Après les nombreux scandales, et notamment celui faisant suite à la tuerie de Christchurch le 15 mars dernier, Facebook a été plus que jamais pointée du doigt pour la facilité de certains individus à poster des commentaires, posts, vidéos et photos choquants. La société lutte au quotidien pour nettoyer son principal réseau social des images violentes et inappropriés qui y circulent. Une tâche particulièrement ingrate, dans tous les sens du terme.

Un modérateur de Facebook doit garder le secret sur son activité

Un journaliste de Cash Investigation, le magazine de France 2, est parvenu à intégrer les rangs de l'un des prestataires de Facebook en matière de modération de contenus, le poids lourd mondial Accenture. Le sous-traitant gère le marché français de Facebook depuis des bureaux situés du côté de Lisbonne, au Portugal.


Notons que le journaliste ignore totalement pour qui il va travailler, jusqu'au jour J. Au moment de prendre son poste et d'apprendre qu'il va faire de la modération pour le compte de Facebook, on lui interdit de révéler à qui que ce soit pour qui il bosse. « Officiellement, tu travailles pour Accenture », lui dit-on. Sur le papier, c'est vrai, mais en réalité, c'est un peu une vie d'agent double que doivent assumer les nettoyeurs de Facebook. Ces derniers signent d'ailleurs une clause de confidentialité, qui peut les faire passer directement par la case tribunal en cas de rupture de la disposition contractuelle.

Une faible rémunération

Si l'on pense avancer avec sérénité, on déchante vite. Car être en charge de la modération sur le réseau social le plus utilisé de la planète, c'est voir toutes les horreurs du monde, en ayant pour seul pouvoir de supprimer le contenu. La nudité, même déplacée, paraît totalement dérisoire à côté de certaines images. D'autant que parfois, des photos ou des vidéos suggestives ne sont pas écartées.


« Il est en train de se faire décapiter là », lâche le journaliste à un moment. Il est en train de visionner une vidéo de décapitation à l'arme blanche, pas si bien floutée à l'écran. Le reporter a du mal à s'en remettre. Et on le comprend.

Pour seulement 800 euros (montant brut !) par mois, la tâche est ingrate, souvent écœurante. Certains sont choqués mais apprennent à faire la part des choses, avec le temps. C'est le cas d'une des modératrices, qui considère faire le bien en « évitant à un jeune de 12 ans de tomber sur certaines horreurs ». Cela pourrait presque ressembler à un sacrifice pour certains, assistés par un psychologue au bureau. Ou l'amour du sang, peut-être. Facebook emploie 15 000 modérateurs dans le monde.

Source : france.tv
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Saulofein

Le problème étant que même avec un salaire net de 5000€ les images n’en seraient pas moins choquantes…
En effet, on peut pointer Facebook du doigt, mais la réalité est qu’il n’y a pas vraiment de solution au problème.
De plus, l’union européenne tien les plateformes pour responsables si du contenu choquant est publié, donc Facebook n’a pas vraiment d’autres choix que de faire appel à des modérateurs…
Existe-il des IA pour aider ces personnes dans leur tâches quotidiennes?

AlexLex14

Facebook planche sur le développement d’une IA qui pourrait gérer un peu en “autonomie” tout ça mais… on ignore quand le système sera véritablement mis en place.

fredolabecane

Supprimer Facebook, ça c’est la solution.

Vanilla

Quand on voit la plupart du temps, les commentaires insultants et injurieux que s’échangent les « jeunes » sur YouTube, souvent sur des vidéos anodines… ça part tellement vite dans des extrêmes…

Que ce soit facebook, YouTube ou Twitter, les réseaux sociaux sont une plaie. Chaque parent devrait mettre un peu son nez dans les comptes de ses enfants, souvent mineurs, qui non seulement n’ont pas légalement le droit d’être inscrit, mais’surtout Sont influencés d’une manière nauséabonde (rappel: aucun compte avant 13 ans, c’est la loi américaine, qui s’applique à tous.)

TheLoy

Tu as tout à fait raison. Bien que 800 euros brut par mois pour supporter un tel traitement c’est bien trop léger…

Vanilla

C’est au Portugal , il faut remettre dans le contexte, 800€ chez eux, c’est beaucoup !!

Après recherche, c’est lequivalent d’environ 1800 € en france (en se basant sur les deux smics Portugal/France)

AlexLex14

C’est évident, et personne ne dit le contraire l’ami :wink:

eaglestorm

horrible…

quel malheur de faire ce boulot :frowning:

m0rbac

D’une certaine façon les modérateurs participent à l’entraînement de l’IA : les éléments qu’ils retirent font office de base connaissance pour l’IA (du moins ça me paraîtrait logique de faire ainsi)
Par contre ils participent également à leur propre disparition : une fois que l’IA sera suffisament fiable, les jobs de modérateur vont être réduits, voire supprimés

quezako

Tu crois vraiment ?
Si Facebook est supprimé, les enragés iront se défouler ailleurs.
C’est pas Facebook le problème, c’est les gens.

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