L'ancien responsable des standards de publication de Facebook dénonce la récente position du réseau social qui vise à ne pas modérer les contenus rédigés par les politiciens et parle de « lâcheté » vis-à-vis de son ancien employeur.
La récente décision de Facebook de ne plus intervenir sur les publications des femmes et des hommes politiques postées sur sa plateforme a fait des vagues. Le réseau social ne souhaite pas « arbitrer les débats politiques » et chaque élu pourra dire tout et n'importe quoi sans être fact-checké, comme l'est bon nombre des informations aujourd'hui publiées sur Facebook.
Une décision « stupide et erronée » pour l'ancien responsable de publication de Facebook
Cette position surprenante a ulcéré Dave Willner, ancien responsable des standards de publication de Facebook, qui a pris la plume sur sa propre page Facebook pour dénoncer le comportement de son ancien employeur. Et il ne mâche pas ses mots, qualifiant cette initiative de « stupide, erronée et une trahison significative des idéaux démocratiques originaux de Facebook ».Désormais chargé des règles de contenu chez AirBnb, Dave Willner poursuit sa diatribe en indiquant que laisser des individus, et des politiciens de surcroît, partager un discours haineux ou offensant sans contrôle peut créer un climat dangereux qui s'étend bien plus loin que le simple réseau social.
Lire aussi :
La page Facebook du dirigeant israélien Netanyahou pénalisée en raison d'un chatbot haineux
La page Facebook du dirigeant israélien Netanyahou pénalisée en raison d'un chatbot haineux
Un exemple de transparence nécessaire pour l'exercice démocratique selon le réseau social
Son message, partagé dans un cadre privé, a été abondamment commenté et notamment par des responsables toujours en poste chez Facebook. Andrew « Boz » Bosworth, Vice-président de Facebook en charge des projets autour de la réalité virtuelle, a répondu à son ancien collègue en précisant que la décision prise par Facebook est un équilibre entre maintien des règles et la nécessité que les électeurs sachent précisément ce que pensent leurs élus.Pour Dave Willner, permettre à une certaine classe de citoyens de s'exprimer totalement librement n'est qu'une forme de « lâcheté » de la part du réseau social. « Restreindre le discours des trolls idiots de 14 ans tout en permettant au Président de dire la même chose n'est pas de la vertu », ajoute-t-il sèchement dans sa publication.
Lire aussi :
Facebook : Cash Investigation dévoile la dureté de la tâche des modérateurs de contenus
Facebook : Cash Investigation dévoile la dureté de la tâche des modérateurs de contenus
Facebook pour sa défense met en avant le concept de « valeur médiatique », soit l'importance pour le débat démocratique d'un propos politique, quelque soit sa teneur. C'est sur cette même base que Jack Dorsey n'a pas modéré les propos islamophobes de Donald Trump lors de sa campagne présidentielle, ou ses saillies régulières depuis son élection à la Maison Blanche.
Reste un point que Facebook n'a pas encore explicité clairement : qu'est-ce qu'un politicien aux yeux du réseau social ? Un conseiller municipal aura-t-il les mêmes passe-droits qu'un député ou qu'un ministre ? Quelle est la limite et comment les règles sont-elles fixées ? Vaste sujet.
Source : Wired