Facebook : Mark Zuckerberg n'a pas l'intention de censurer les annonces politiques

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 21 octobre 2019 à 18h28
Mark Zuckerberg

Le patron du réseau social le plus puissant de la planète a livré sa philosophie sur la liberté d'expression, en confiant ses hésitations puis ses avis tranchés sur des questions comme les annonces politiques.

Mark Zuckerberg était attendu au tournant. Le patron et fondateur de Facebook a tenu un discours d'environ 45 minutes devant des étudiants, enseignants et chercheurs dans l'auditorium de l'université de Georgetown aux USA, dans l'État du Maryland. Alors qu'il doit faire face à une nouvelle audition devant le Congrès le mercredi 23 octobre et que l'une des grandes favorites à la candidature démocrate pour les élections présidentielles de 2020, Elisabeth Warren, appelle au démantèlement de l'entreprise, Mark Zuckerberg a saisi l'occasion pour remettre les pendules à l'heure.

La lutte contre les dérives d'un empire qui a grossi trop vite

« Je me suis concentré sur la création de services pour faire deux choses : donner la parole aux gens et les réunir », affirme Mark Zuckerberg. Avec plus de 2 milliards d'utilisateurs, le natif de White Plains a plutôt réussi son pari. Mais ce qui était autrefois un bébé a engendré de nombreuses dérives en atteignant l'adolescence, favorisées par l'adoption de masse du réseau social. « Je suis ici aujourd'hui parce que je crois que nous devons continuer à défendre la liberté d'expression », explique-t-il aux spectateurs.


Et les entorses à la liberté d'expression ont été nombreuses ces dernières années. Ingérence de la Russie via l'IRA (lnternet Research Agency) dans les élections de 2016, désinformation, propagation de plus en plus importante et rapide des contenus violents et haineux... Facebook a grossi trop vite, perdant parfois le contrôle sur les activités de ses membres.

Mais « plus de 35 000 personnes travaillent actuellement à la sécurité et notre budget de sécurité dépasse aujourd'hui la totalité des revenus de notre société au moment de notre introduction en bourse au début de cette décennie », tient à rappeler le PDG de Facebook. « Certaines personnes affirment que la viralité est dangereuse en soi et nous avons besoin de filtres plus stricts sur les contenus pouvant se propager rapidement », poursuit-il.

Une entreprise privée ne doit pas censurer les politiciens en démocratie, pour Zuckerberg

Pour contrôler la diffusion des annonces politiques, le fondateur de Facebook a rappelé les efforts de sa société en la matière, comme l'obligation pour tout politicien de prouver son identité ainsi que sa localisation pour pouvoir diffuser une publicité. « La publicité politique est plus transparente sur Facebook que partout ailleurs », se vante le chef d'entreprise, rappelant conserver toutes les annonces, consignées dans des archives que tout le monde peut consulter.


Le premier réseau social mondial ne vérifie pas les publicités politiques, estimant que les utilisateurs sont à même de décrypter ce que les politiciens disent. Là où le boss de Facebook pèche, c'est au moment où il assume que « si le contenu est digne d'actualité, nous ne le supprimerons pas non plus, même s'il serait autrement en conflit avec beaucoup de nos normes ».

S'il comprend que les gens ne soient pas d'accord, Mark Zuckerberg ne pense pas qu'il soit bon, pour une entreprise privée, de censurer les politiciens ou les informations dans une démocratie. « Démocratie », un mot qui revient d'ailleurs de nombreuses fois dans son discours (huit fois au total), comme pour espérer l'enregistrer dans la mémoire à long terme de l'assistance.

Le Zuck tempère... ou du moins essaie

Pour tempérer un peu ses propos, le boss du réseau social au pouce levé rappelle que si un homme ou une femme politique vient à poster une annonce qui incite à la violence, celle-ci ne sera pas tolérée. Il en vient même à avouer « avoir envisagé de ne plus les autoriser », car « d'un point de vue commercial, la controverse ne vaut certainement pas la petite partie de nos affaires qu'elle constitue ».


Mais tel le chat qui retombe sur ses pattes, le Zuck finit par acquiescer en affirmant que les annonces politiques constituent un élément important, notamment pour les candidats locaux ou les challengers, dont les propos trouvent plus d'écho grâce aux réseaux sociaux. Qui plus est, « bannir les publicités politiques favoriserait les personnes déjà en poste et celles que les médias ont choisi de couvrir », pour le fondateur de Facebook.

Elisabeth Warren, sa première opposante, a réagi en affirmant que le patron du réseau social n'avait rien appris de 2016, et que sa société se préparait mal à gérer la prochaine élection présidentielle américaine.

Le Zuck, très critique envers la Chine :

Tout en reconnaissant avoir voulu s'implanter en Chine, afin que le monde entier puisse être connecté, Mark Zuckerberg a assez sévèrement critiqué l'application TikTok, l'accusant d'avoir censuré des manifestants à Hong Kong, mais aussi en Chine. « Nous n'avons jamais pu nous mettre d'accord sur ce qu'il faudrait faire pour y fonctionner », affirme-t-il en évoquant l'empire du Milieu, « et ils ne nous ont jamais laissé entrer », poursuit-il.


Source : Facebook
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Chelmix1

Sur la photo , le mec , il a une tête de malade quand même…

E-Gwen

@ Chemix : C’est juste qu’elle va exploser !
(Mark est un robot qui a pour mission de nous robotiser)

On doit d’ailleurs le remercier pour ne pas censurer les uns et les autres.
Il est vraiment trop sympathique, cet anthropoïd !

wannted

mdrr c’est pas plutôt le fait que les politiques mentent qui devrait choquer ?

jeanlucesi

Quand je pense à tous ces pigeons qui ont un compte.

Peter_Vilmen

Autoriser la pub pour les politiques sur Facebook est, malheureusement pour tous les haters, une politique égalitaire. Les chaînes TV sont trop peu nombreuses, tout l’audimat est concentré sur quelques chaînes et ces chaînes sont extrêmement sélectives sur ce qui peut y passer (de plus leur impartialité est corrompue par ceux qui les possèdent et les aspiration politiques du management).

Si l’on voit qu’il est trop facile de manipuler le pigeon en dessous du premier quartile (et ça l’est, le marketing le prouve chaque jour en leur vendant des produits cosmétiques/compléments alimentaires qui ne servent strictement à rien), peut-être que cela incitera à inculquer une conscience politique forte à tous et chacun.

Peter_Vilmen

Quel est le problème à avoir un compte Facebook ? Pourquoi toujours les même diatribes sans arguments ? C’est pas toi le mouton qui bêle comme les autres moutons sans avoir à aucun moment développé ta propre opinion ?

Popoulo

Comme youtube en fait. Ou pas. Vu que youtube censure ce qui pourrait porter “atteinte” à la pensée unique.

thurim

Mais quel foutage de gueule… Facebook ne censure rien en effet (sauf le nue). Par contre, ce qu’il se cache bien de dire, c’est qu’il faut payer pour que les annonces touchent un maximum de personne, et qu’il va clairement fournir un service pour identifier les personnes à qui pousser ces messages politiques, pour les faire passer d’indécis à décidés (un peu ce qui a été fait dans le cadre de Cambridge Analytica, et qui est justement grave).
Cette conception de la démocratie est basée sur la capacité à financer la diffusion de son message. Hors, un système démocratique se doit de permettre à tout le monde de promouvoir sa vision (avec quelques filtres d’entrée, histoire qu’on soit pas saturé de messages).
La posture de ce type est franchement nauséeuse. Je pense sincèrement qu’il devrait se voir infliger une peine de prison, du fait du mal qu’il crée au niveau de nos société…

thurim

Bah, certains se sentent supérieurs du fait de leurs choix, et éprouvent le besoin de le rappeler.
Dommage, quand on est bien dans ses pompes, on se fou complètement de ce que font les autres. Chacun est libre aux dernières nouvelles, et mon voisin n’est pas nécessairement un idiot fini lorsqu’il fait des choix différents des miens.

nicgrover

Mark a baissé son froc face au pouvoir… Imaginons Twitter interdire la propagande Trumpienne…

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