Le patron du réseau social le plus puissant de la planète a livré sa philosophie sur la liberté d'expression, en confiant ses hésitations puis ses avis tranchés sur des questions comme les annonces politiques.
Mark Zuckerberg était attendu au tournant. Le patron et fondateur de Facebook a tenu un discours d'environ 45 minutes devant des étudiants, enseignants et chercheurs dans l'auditorium de l'université de Georgetown aux USA, dans l'État du Maryland. Alors qu'il doit faire face à une nouvelle audition devant le Congrès le mercredi 23 octobre et que l'une des grandes favorites à la candidature démocrate pour les élections présidentielles de 2020, Elisabeth Warren, appelle au démantèlement de l'entreprise, Mark Zuckerberg a saisi l'occasion pour remettre les pendules à l'heure.
La lutte contre les dérives d'un empire qui a grossi trop vite
« Je me suis concentré sur la création de services pour faire deux choses : donner la parole aux gens et les réunir », affirme Mark Zuckerberg. Avec plus de 2 milliards d'utilisateurs, le natif de White Plains a plutôt réussi son pari. Mais ce qui était autrefois un bébé a engendré de nombreuses dérives en atteignant l'adolescence, favorisées par l'adoption de masse du réseau social. « Je suis ici aujourd'hui parce que je crois que nous devons continuer à défendre la liberté d'expression », explique-t-il aux spectateurs.Le saviez-vous ? Il y a 10 ans, Facebook basculait dans une autre galaxie en levant le pouce
Et les entorses à la liberté d'expression ont été nombreuses ces dernières années. Ingérence de la Russie via l'IRA (lnternet Research Agency) dans les élections de 2016, désinformation, propagation de plus en plus importante et rapide des contenus violents et haineux... Facebook a grossi trop vite, perdant parfois le contrôle sur les activités de ses membres.
Mais « plus de 35 000 personnes travaillent actuellement à la sécurité et notre budget de sécurité dépasse aujourd'hui la totalité des revenus de notre société au moment de notre introduction en bourse au début de cette décennie », tient à rappeler le PDG de Facebook. « Certaines personnes affirment que la viralité est dangereuse en soi et nous avons besoin de filtres plus stricts sur les contenus pouvant se propager rapidement », poursuit-il.
Une entreprise privée ne doit pas censurer les politiciens en démocratie, pour Zuckerberg
Pour contrôler la diffusion des annonces politiques, le fondateur de Facebook a rappelé les efforts de sa société en la matière, comme l'obligation pour tout politicien de prouver son identité ainsi que sa localisation pour pouvoir diffuser une publicité. « La publicité politique est plus transparente sur Facebook que partout ailleurs », se vante le chef d'entreprise, rappelant conserver toutes les annonces, consignées dans des archives que tout le monde peut consulter.Facebook : l'UE a tranché, les juges nationaux pourront demander la suppression des contenus haineux
Le premier réseau social mondial ne vérifie pas les publicités politiques, estimant que les utilisateurs sont à même de décrypter ce que les politiciens disent. Là où le boss de Facebook pèche, c'est au moment où il assume que « si le contenu est digne d'actualité, nous ne le supprimerons pas non plus, même s'il serait autrement en conflit avec beaucoup de nos normes ».
S'il comprend que les gens ne soient pas d'accord, Mark Zuckerberg ne pense pas qu'il soit bon, pour une entreprise privée, de censurer les politiciens ou les informations dans une démocratie. « Démocratie », un mot qui revient d'ailleurs de nombreuses fois dans son discours (huit fois au total), comme pour espérer l'enregistrer dans la mémoire à long terme de l'assistance.
Le Zuck tempère... ou du moins essaie
Pour tempérer un peu ses propos, le boss du réseau social au pouce levé rappelle que si un homme ou une femme politique vient à poster une annonce qui incite à la violence, celle-ci ne sera pas tolérée. Il en vient même à avouer « avoir envisagé de ne plus les autoriser », car « d'un point de vue commercial, la controverse ne vaut certainement pas la petite partie de nos affaires qu'elle constitue ».Mais tel le chat qui retombe sur ses pattes, le Zuck finit par acquiescer en affirmant que les annonces politiques constituent un élément important, notamment pour les candidats locaux ou les challengers, dont les propos trouvent plus d'écho grâce aux réseaux sociaux. Qui plus est, « bannir les publicités politiques favoriserait les personnes déjà en poste et celles que les médias ont choisi de couvrir », pour le fondateur de Facebook.
Elisabeth Warren, sa première opposante, a réagi en affirmant que le patron du réseau social n'avait rien appris de 2016, et que sa société se préparait mal à gérer la prochaine élection présidentielle américaine.
Tout en reconnaissant avoir voulu s'implanter en Chine, afin que le monde entier puisse être connecté, Mark Zuckerberg a assez sévèrement critiqué l'application TikTok, l'accusant d'avoir censuré des manifestants à Hong Kong, mais aussi en Chine. « Nous n'avons jamais pu nous mettre d'accord sur ce qu'il faudrait faire pour y fonctionner », affirme-t-il en évoquant l'empire du Milieu, « et ils ne nous ont jamais laissé entrer », poursuit-il.
Source : Facebook