Une étude américaine s'est intéressée aux annonces sponsorisées diffusant sur Facebook de fausses informations sur la vaccination. Bilan : 54 % de ces publicités, publiées entre décembre 2018 et février 2019, ont été achetées par deux activistes luttant contre l'obligation de se faire vacciner.
Des chercheurs des universités américaines George-Washington, Johns-Hopkins et du Maryland ont exploité les archives publicitaires de Facebook, dans le cadre d'une étude publiée dans la revue médicale Vaccine. Ils ont analysé plus de 500 annonces, diffusées entre décembre 2018 et février 2019, grâce aux données désormais fournies par le réseau social, à des fins de transparence.
Fake news sponsorisées
Dans le panel examiné, les scientifiques ont trouvé 163 publicités véhiculant des messages en faveur de la vaccination obligatoire et 145 qui, au contraire, s'y opposaient. Parmi ces annonces anti-vaccins, ou « antivax » pour les intimes, figuraient des titres alarmants comme : « Un nourrisson de 14 semaines en bonne santé reçoit huit vaccins et meurt dans les 48 heures ».Les opposants aux vaccins étaient souvent enclins à engager des moyens plus importants que leurs défenseurs, en dépensant jusqu'à 499 dollars par publicité (un peu plus de 450 euros). De plus, ils cherchaient généralement à atteindre des audiences plus larges, en ciblant particulièrement les parents de jeunes enfants, supposés plus réceptifs. Bien sûr, les campagnes n'étaient pas toujours désintéressées et pouvaient renvoyer vers des « remèdes naturels », des livres ou des séminaires payants.
Grippe : pour la première fois, une intelligence artificielle parvient à créer un vaccin
Des campagnes pro-vaccination pénalisées
Mais ce qui est d'autant plus notable, c'est l'origine de ces annonces. En l'occurrence, 54 % des publications antivax sponsorisées sur la durée d'étude ont été achetées par deux organisations. Il s'agit du World Mercury Project, ou Children's Health Defense, fondé par Robert F. Kennedy Jr., et de Stop Mandatory Vaccinations, de l'activiste Larry Cook.Le premier individu cité n'est autre que le neveu de l'ancien président américain John Fitzgerald Kennedy. Défenseur de l'environnement, il s'est également fait remarquer pour ses positions anti-vaccins, critiquées au sein même de sa famille. Quant à Larry Cook, il a eu recours au crowdfunding pour financer sa croisade contre la vaccination, avant de se voir banni de la plateforme GoFundMe et interdit de monétisation par YouTube.
Facebook a réagi à cette publication en indiquant lutter contre la désinformation, par exemple en supprimant les fake news concernant les vaccins. Malheureusement, les mesures prises par le réseau social peuvent se retourner contre des publicités légitimes. Ainsi, des annonces en faveur de la vaccination ont été suspendues, car considérées comme « politiquement sensibles », tandis que des campagnes antivax sont sereinement passées entre les mailles du filet.
Source : The Guardian