Pour la première fois, le géant des réseaux sociaux a dû se conformer à une législation nationale visant à lutter contre la diffusion de fausses informations.
Le gouvernement de Singapour a décidé de faire appliquer sa récente loi controversée pour lutter contre les fausses informations et c'est Facebook qui en a fait les frais. Sur le réseau social apparaissait une publication qui relayait un article publié sur un site antigouvernemental, le States Times Review, contenant des « accusations diffamatoires », concernant d'éventuelles manipulations des élections.
Facebook contraint d'apposer une mention rectificative
La nouvelle loi singapourienne donne le pouvoir à ses ministres de demander aux plateformes web et aux réseaux sociaux d'accompagner d'un avertissement tout message qui serait jugé faux ou dangereux.Mécontent de la publication sur Facebook de l'article du States Times Review, le gouvernement a forcé le réseau social à apposer un message rectificatif sur le post publié par l'utilisateur, poussant le géant américain à se conformer pour la toute première fois à une telle loi nationale.
Le 30 novembre, Facebook a ainsi fait apparaître la mention suivante sur le contenu : « Facebook est dans l'obligation légale de vous informer que le gouvernement de Singapour assure que ce message contient de fausses informations ». L'article affirmait que les élections générales prévues en 2020 seraient truquées dans le but de maintenir au pouvoir le parti en place.
Des peines sévères encourues à Singapour
Du côté de Facebook, on affirme donc ne pas avoir eu d'autre choix que de procéder à la rectification, comme le confirme un porte-parole : « Étant donné que la loi n'est entrée en vigueur que récemment, nous espérons que les assurances du gouvernement de Singapour selon lesquelles elle n'aura pas d'impact sur la liberté d'expression conduiront à une approche mesurée et transparente pour sa mise en œuvre ».Sur place, des militants craignent que la loi puisse être utilisée par le gouvernement pour faire une entorse à la liberté d'expression. Lundi dernier, un membre de l'opposition, Brad Boweyer, fut contraint de modifier un message publié sur Facebook qui concernait deux fonds d'investissement étatiques. L'homme, un citoyen singapourien originaire de Grande-Bretagne, n'avait pas tardé à appliquer l'ordre.
À Singapour, cité réputée pour la sévérité de ses peines, toute personne publiant un contenu jugé « malveillant et préjudiciable aux intérêts » de la ville jardin sur les réseaux sociaux, est susceptible d'être condamnée à une amende de 660 000 euros ainsi qu'à dix ans de prison.
Source : Bloomberg