Fausses informations : Singapour fait juridiquement rectifier un message posté sur Facebook

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 02 décembre 2019 à 18h23
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Singapour (© Alexandre Boero pour Clubic)

Pour la première fois, le géant des réseaux sociaux a dû se conformer à une législation nationale visant à lutter contre la diffusion de fausses informations.

Le gouvernement de Singapour a décidé de faire appliquer sa récente loi controversée pour lutter contre les fausses informations et c'est Facebook qui en a fait les frais. Sur le réseau social apparaissait une publication qui relayait un article publié sur un site antigouvernemental, le States Times Review, contenant des « accusations diffamatoires », concernant d'éventuelles manipulations des élections.

Facebook contraint d'apposer une mention rectificative

La nouvelle loi singapourienne donne le pouvoir à ses ministres de demander aux plateformes web et aux réseaux sociaux d'accompagner d'un avertissement tout message qui serait jugé faux ou dangereux.


Mécontent de la publication sur Facebook de l'article du States Times Review, le gouvernement a forcé le réseau social à apposer un message rectificatif sur le post publié par l'utilisateur, poussant le géant américain à se conformer pour la toute première fois à une telle loi nationale.

Le 30 novembre, Facebook a ainsi fait apparaître la mention suivante sur le contenu : « Facebook est dans l'obligation légale de vous informer que le gouvernement de Singapour assure que ce message contient de fausses informations ». L'article affirmait que les élections générales prévues en 2020 seraient truquées dans le but de maintenir au pouvoir le parti en place.


Des peines sévères encourues à Singapour

Du côté de Facebook, on affirme donc ne pas avoir eu d'autre choix que de procéder à la rectification, comme le confirme un porte-parole : « Étant donné que la loi n'est entrée en vigueur que récemment, nous espérons que les assurances du gouvernement de Singapour selon lesquelles elle n'aura pas d'impact sur la liberté d'expression conduiront à une approche mesurée et transparente pour sa mise en œuvre ».


Sur place, des militants craignent que la loi puisse être utilisée par le gouvernement pour faire une entorse à la liberté d'expression. Lundi dernier, un membre de l'opposition, Brad Boweyer, fut contraint de modifier un message publié sur Facebook qui concernait deux fonds d'investissement étatiques. L'homme, un citoyen singapourien originaire de Grande-Bretagne, n'avait pas tardé à appliquer l'ordre.

À Singapour, cité réputée pour la sévérité de ses peines, toute personne publiant un contenu jugé « malveillant et préjudiciable aux intérêts » de la ville jardin sur les réseaux sociaux, est susceptible d'être condamnée à une amende de 660 000 euros ainsi qu'à dix ans de prison.

Source : Bloomberg
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Kriz4liD

je ne comprend pas ? c’est facebook lui même qui a formulé son désire de contrôler les fake news … ils doivent être contents chez facebook puisque le gouvernement de Singapour l’y oblige …
Sinon c’est bon quand c’est les américains qui veulent combattre les fake news c’est des messies , mais si c’est un autre gouvernement c’est oh mon dieu le pouvoir en place veut tout contrôler …

LeGrosWinnie

Le problème c’est que pour des états où la censure est banale ça veut dire que même les réseau sociaux ne peuvent plus être objectif, puisqu’il suffit q’un ministre demande et paf, c’est corrigé (alors que c’est peut être largement vrai).

En gros c’est une censure légale que Facebook et autres ne peuvent refuser sous peine de sanction…

Un abus de pouvoirs en gros.

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