Alors que l'élection présidentielle américaine approche, Facebook tente de se racheter une conduite. Mais pas en imposant des règles strictes aux politiques qui, dans leurs campagnes publicitaires, peuvent encore raconter tout et n'importe quoi. Non, pour combattre les fake news, le réseau social mise plutôt sur une interdiction des deepfakes.
Du moins... sauf exception. Car comme l'explique Monika Bickert, Vice-présidente de la stratégie de Facebook sur le blog de l'entreprise, les deepfakes créés dans un but « parodique ou satirique », ou encore « les vidéos qui ont été éditées seulement pour omettre ou changer l'ordre des mots » auront encore toute leur place sur le réseau.
De nouvelles règles en forme de passoire
À la lecture du post de blog de Facebook, on se rend vite compte que l'on a ici affaire à une demi-mesure particulièrement molle. Sous couvert de lutter « activement » contre la propagation de fausses informations, le réseau social admet que seule une infime partie des deepfakes sera effectivement supprimée de ses espaces.Dans les faits, seules les vidéos impliquant des techniques avancées d'apprentissage profond et d'intelligence artificielle sont dans le viseur des modérateurs. Toutes les vidéos n'ayant impliqué que des logiciels d'édition rudimentaires passeront ainsi entre les mailles du filet. Illustration de cette tolérance : le célèbre détournement de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, dont la voix a été volontairement ralentie — la faisant passer pour ivre — restera en ligne.
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Malgré tout, Facebook se garde le droit de labelliser de telles vidéos comme étant des « shallowfakes » (ou cheap fakes) afin d'éviter leur propagation dans les flux d'actualités et les empêcher d'apparaître dans des publicités. Pourquoi ne pas simplement les supprimer ? Monika Brickert explique que cela serait contreproductif. « Si nous supprimions simplement toutes les vidéos manipulées, labellisées par les fact checkers comme étant fausses, lesdites vidéos seraient toujours disponibles ailleurs sur Internet ou les réseaux sociaux. En les laissant en ligne et les affichant comme étant des fakes, nous fournissons aux internautes de précieuses informations et du contexte ».
Rien à voir, évidemment, avec le fait que les fake news sont plus virales que n'importe quel autre type de publication sur Facebook.
Un changement de politique opportun
Un petit pas, donc, qui est en plus de cela auréolé d'un opportunisme à peine voilé de la part de Facebook. Comme le rappelle Le Figaro, Facebook (par l'intermédiaire de Monika Bickert) sera prochainement auditionné par la Chambre des représentants des États-Unis au sujet des deepfakes et des cheapfakes qui inondent sa plate-forme.Lire aussi :
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La Vice-présidente de la stratégie de l'entreprise sera également questionnée sur les engagements de Facebook à lutter contre les faux comptes, régulièrement utilisés pour augmenter la viralité de certains contenus et donc influencer l'opinion. Un point sur lequel l'intéressée revient en quelques mots sur son post de blog, avançant que ses équipes restent mobilisées de façon « proactive » sur la détection des faux comptes.
Source : Facebook