Plus à une contradiction près, Facebook continue d'autoriser des publicités d'organismes ouvertement anti-vaccins aux États-Unis. Et cela malgré ses propres politiques interdisant la publication de contenus de ce type.
Une publicité émanant de l'organisme de médecine alternative Earthley, en ligne depuis le 9 décembre dernier sur Facebook et Instagram, invite les utilisateurs du réseau à télécharger un PDF énumérant les « dangers neurologiques » pouvant être causés par le vaccin contre la coqueluche.
Une désinformation avérée
Examiné par BuzzFeed News, le PDF proposé par Earthley invoque que le vaccin contre la coqueluche (une infection bactérienne responsable de la mort de 160 000 personnes par an, en particulier des enfants en bas âge), de par son « taux élevé en aluminium », est susceptible de causer des dommages neurologiques, voire de favoriser le développement de l'autisme chez les plus jeunes.L'organisme invite d'ailleurs ses lecteurs à se rabattre sur ses propres médecines pour soigner l'infection. Des herbes, un élixir de sureau, ou encore de la vitamine C.
« Le vaccin est sûr, il ne cause ni l'autisme, ni aucune autre chose dont (le PDF) parle », tranche le professeur Peter Hotez, pédiatre et doyen de la National School of Tropical Medecine, que BuzzFeed est allé interroger. « Je ne suis au courant d'aucune preuve indiquant que les autres traitements abordés par cet article — les herbes, racines de pissenlit, la glycérine végétale ou le gingembre — aient quelconque effet sur la coqueluche ».
Des règles aux contours très flous
Les règles de Facebook en matière de désinformation au sujet des vaccins sont d'apparence claires. Sera bannie toute publicité qui « a été vérifiée par des fact-checkers tiers ou, dans certaines circonstances, par des organisations qui ont une compétence particulière en la matière ». « ;Lorsque nous trouvons des publicités qui incluent de la désinformation au sujet des vaccins, nous les rejetons », affirme Monika Bickert, responsable de la stratégie dans un post sur le blog Facebook.Interrogé par BuzzFeed News au sujet de la présente publicité, un porte-parole de Facebook affirme faire le nécessaire pour réduire la propagation et l'impact de ce genre de publications. Il précise néanmoins que seules les publicités « publiquement reconnues par l'Organisation mondiale de la Santé (ou d'autres institutions sanitaires, NDLR) comme des canulars », sont supprimées de Facebook si elles y apparaissent. On comprend dès lors que la publicité de Earthley ne fait pas encore partie de celles-ci.
La majorité des publicités anti-vaccins sur Facebook issue de seulement deux organisations
Pourtant, la page Facebook ou Instagram de l'organisation n'est pas avare en publications volontairement douteuses au sujet de la vaccination. Un point qui aurait dû mettre la puce à l'oreille de l'équipe de modération de Facebook. Une équipe qui, également contactée par BuzzFeed, n'a pas daigné dévoiler ses méthodes d'identification de ces contenus problématiques.
Un laxisme latent, que le professeur Peter Hotez dont nous parlions plus haut confirme : « Même après les audiences du Congrès sur le retour de la rougeole au printemps dernier, j'ai rencontré les deux commissions — la commission sénatoriale, et la sous-commission de surveillance de la Chambre des représentants. Et les deux m'ont grossièrement raconté que ni Facebook, ni Amazon, ni Instagram n'ont vraiment fait preuve de bonne foi pour supprimer le contenu anti-vaccins ».
Source : BuzzFeed News