Quelques jours seulement après la réouverture de l'accès à Youtube en Turquie, le service se retrouve de nouveau bloqué dans le pays : en refusant de supprimer les vidéos responsables de la censure initiale et en laissant la porte ouverte à d'autres contenus provoquant la frilosité des autorités, le service de vidéo en streaming retourne à la case censure.
Youtube s'était en effet retrouvé bloqué en mai 2008 en Turquie suite à la publication de vidéos jugées insultantes pour Mustafa Kemal Atatürk, le premier président pays. La Turquie se révèle en effet très sévère envers qui s'en prend à Atatürk, les attaques à son encontre faisant partie d'une liste de 8 critères pouvant entrainer le blocage d'un site.
Néanmoins, si la censure de Youtube trouvait un sens dans les textes de loi, l'actuel dirigeant turc Abdullah Gul y était farouchement opposé depuis plusieurs mois et avait demandé qu'une procédure de déblocage soit mise en place en juin dernier. Le service est revenu sur le Web turc samedi, a priori délesté des 4 vidéos ayant entrainé sa censure en 2008.
Mais selon le Wall Street Journal, la suppression de ses vidéos ne serait pas du fait de Google, mais d'un « groupe de soi-disant volontaires travaillant en étroite collaboration avec le gouvernement » qui aurait utilisé le système automatique de protection du droit d'auteur de Youtube pour les faire disparaître du service. Lundi, Google a annoncé que lesdites vidéos n'avaient aucune raison de disparaître du site : « Lorsque nous les avons examiné, nous avons constaté que les vidéo n'enfreignaient pas le droit d'auteur et nous devions donc les rétablir malgré la réglementation turque » a déclaré le service dans un communiqué.
Si le chef de la direction de la transmission et des télécommunications turques avait annoncé en début de semaine un rendez-vous avec les dirigeants de Youtube « dans les prochains jours », il semblerait que la situation se soit accélérée hier, puisqu'un tribunal d'Ankara a réinstauré le blocage du site.
Les raisons de cette nouvelle censure ne porteraient cependant pas sur les vidéos caricaturant Mustafa Kemal Atatürk, mais sur une autre vidéo concernant Deniz Baykal, l'ancien président de l'opposition du pays : ce dernier avait été filmé clandestinement il y a quelques mois dans une chambre d'hôtel, en compagnie d'une femme qui n'était pas la sienne. Une vidéo qui avait provoqué sa démission en mai dernier et qui semble avoir refait surface ces derniers jours sur Youtube, donnant une raison suffisante au tribunal pour mettre un terme à la (courte) disponibilité du site en Turquie et réglant par la même occasion la question des vidéos du premier président du pays.
Retour à la case départ pour le service, donc, qui sera revenu en Turquie en tout et pour tout un long week-end.