Google envisage d'interdire les adblockers tiers sur Google Chrome

Aymeric Geoffre-Rouland
Publié le 01 juin 2019 à 15h20
Adblock
© Footage Vector Photo / Shutterstock.com

Google va de l'avant avec un changement de règle pour les extensions de son navigateur Chrome, qui désactiverait de nombreux bloqueurs de publicité, et d'autres bloqueurs de contenu, y compris des extensions de contrôle parental et des filtres pour sites Web malveillants.

Tous les bloqueurs ne seront néanmoins pas concernés. La règle entrerait en vigueur au plus tôt cet automne.

Restreindre certaines fonctions de l'API webRequest

Dans une publication datant de la semaine dernière sur un forum de discussion des développeurs Chrome et Chromium, Simeon Vincent, développeur aguerri pour les extensions de Chrome chez Google, a déclaré que l'entreprise restreindrait désormais certaines fonctions de l'API webRequest, au sein de Manifest V3. La troisième version du manifeste indique que toutes les extensions de Google Chrome devront présenter au navigateur ce qu'elles font.

Le Manifest V3 devrait entrer en vigueur cet automne au plus tôt, après quoi seuls les déploiements d'entreprise de Chrome (c'est-à-dire les versions déployées en interne par de grandes entreprises et organisations) pourront utiliser pleinement l'API webRequest pour bloquer les contenus.

Des représentants de Google ont contacté aujourd'hui l'équipe de TomsGuide pour s'exprimer à ce sujet :
« Chrome prend en charge l'utilisation et le développement de bloqueurs de publicité. Nous collaborons activement avec la communauté des développeurs afin d'obtenir des informations et créer un système de filtrage du contenu préservant la confidentialité, qui limite la quantité de données de navigateur sensibles, partagées avec des tiers. ».

De nombreuses extensions seraient à priori concernées

La mise en œuvre de ces nouvelles règles annulerait ainsi efficacement la plupart des extensions, telles que l'excellent uBlock Origin, ScriptSafe ou encore Privacy Badger d'Electronic Frontier Foundation, qui utilisent toutes l'API webRequest pour bloquer les annonces et autres contenus, avant même qu'ils parviennent au navigateur.

Google souhaite que les extensions utilisent, en remplacement, une autre API, appelée declarativeNetRequest, qui permettrait à Chrome de décider de bloquer (ou non) le contenu, en fonction d'un ensemble de règles (environ 30 000). L'argument de Google est que les extensions utilisant l'API webRequest ralentissent les performances, car le navigateur doit attendre que les extensions décident d'afficher ou non le contenu. declarativeNetRequest serait donc selon eux plus « rapide » puisque le navigateur peut commencer à charger du contenu alors même qu'il décide ce qu'il doit bloquer.

« Actuellement, avec l'autorisation webRequest, une extension peut retarder une demande pendant un laps de temps arbitraire, car Chrome doit attendre le résultat de l'extension pour pouvoir continuer à traiter la demande », indique le projet actuel de Manifest V3 de Google. « Cela peut avoir un effet significatif sur chaque requête réseau ».

AdBlock / AdBlock Plus, l'un des bloqueurs de publicités les plus connus, utilise déjà des règles pour bloquer les publicités et ne devrait avoir aucune difficulté à s'adapter à declarativeNetRequest. Mais AdBlock Plus est généralement considéré comme moins efficace que certains autres bloqueurs de publicité. Il en va de même du bloqueur de publicités intégré de Chrome, qui bloque uniquement les publicités que Google juge trop importunes ou gênantes.

Le développeur d'uBlock Origin, Raymond Hill, affirme que Google procède à cette modification afin que davantage d'annonces apparaissent au sein de Chrome. « La stratégie de Google a été de trouver le point optimal entre deux objectifs : développer la base d'utilisateurs de Google Chrome, et empêcher les bloqueurs de contenu de nuire à son activité », a écrit Hill dimanche dernier (26 mai) sur un forum de discussion GitHub. « La capacité de blocage de l'API webRequest a amené Google à contrôler les contenus bloqués. Maintenant que Google Chrome est le navigateur dominant, il est désormais mieux placé pour faire basculer le point optimal entre les deux objectifs, ce qui profite à l'activité principale de Google ».

Eva Galperin, directrice de la cybersécurité à l'EFF, s'est également exprimée à ce sujet : « C'est une décision très décevante de Google. Je vais passer à Firefox ».


Brave navigateur

Que pouvez-vous faire pour que les bloqueurs de publicité continuent de fonctionner ?

Si Google finit éventuellement par bel et bien neutraliser la plupart des bloqueurs d'annonces, sachez que de nombreux autres navigateurs partagent le même code de base Chromium et ne seront pas affectés par la décision de Google. Les extensions de blocage des publicités seront ainsi (a priori) toujours disponibles. On trouvera (entre autres) :

- Safari, qui propose moins d'offres de blocage des publicités (uBlockOrigin a été officiellement discontinué sur ce navigateur il y a quelques temps, même s'il est toujours possible de l'installer sur Safari) : Safari pour macOS, pour Windows
- Brave, dispo pour macOS, Windows, Linux, Android et iOS
- Les versions les plus récentes d'Opera, livrées avec leurs propres bloqueurs de publicité : Opera pour Windows, pour macOS, pour Linux
- Vivaldi, un navigateur relativement nouveau par les créateurs d'Opera, disponible pour Windows, macOS, et Linux
- Les versions bêta de Microsoft Edge, disponibles pour Windows, Android, y compris une pour iOS
- Chromium lui-même, que Google ne propose pas en tant que package pré-compilé, mais qui peut être téléchargé à partir de sites tiers.

À côté, il restera également Firefox, qui utilise une configuration de navigateur différente et dispose d'extensions puissantes de blocage des publicités : Firefox pour Windows, pour macOS, pour Linux

Nous verrons bien à l'automne si ces changements ont bel et bien lieu ou non.

Source : TomsGuide

Aymeric Geoffre-Rouland
Par Aymeric Geoffre-Rouland

Rédacteur web et testeur, rentré récemment d'une expatriation au Japon. Spécialisé en actualités du numérique : PC, Mac, hardware, jeux vidéo, ainsi qu'en sciences.

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