Sous couvert du respect de la liberté d'expression, le réseau social donne une image de plus en plus laxiste, au risque d'encourager certains propos qui étaient auparavant interdits.
Mais, l'entreprise se veut rassurante, arguant que les contenus haineux, au lieu d'être supprimés, seront désormais moins mis en avant.
Un retour en arrière, cinq ans après une position qui reste exceptionnelle
Le 8 avril dernier, la page de Twitter consacrée aux comportements haineux a subi un léger changement qui pourrait avoir un impact plus que significatif sur les personnes transgenres. En effet, il n'est plus fait mention d'une règle interdisant « d’utiliser un genre incorrect pour les personnes transgenres, ou de s’adresser à elles avec leur ancien nom ».
Celle-ci avait été mise en place en 2018, dans le cadre d'une politique de lutte contre le harcèlement à l'égard de cette communauté queer. Cette mesure était assez exceptionnelle à l'époque, car TikTok était le seul grand média social à prohiber le fait d'ignorer sciemment le nouveau genre ou d'utiliser le deadname (ancien nom) d'un individu.
Même si Twitter interdit toujours les discours violents et toute attaque contre un individu en raison de son identité ou de son orientation sexuelle, ce rétropédalage offre une nouvelle ouverture aux discours haineux. Si cette démarche est critiquable, elle n'est toutefois pas si surprenante, l'entreprise connaissant de grands bouleversements, souvent discutables, depuis son rachat par Elon Musk.
Un timing délicat
En effet, dès son arrivée aux commandes, le milliardaire sud-africain a souhaité adoucir les restrictions sur Twitter afin d'y privilégier, selon ses dires, la liberté d'expression. Résultat ? Un renvoi massif du côté des équipes en charge de la modération, mais surtout la réactivation de comptes précédemment bannis, comme celui de Donald Trump, mais également ceux de nombreuses personnalités d'extrême droite et transphobes.
Le réseau social maintient néanmoins qu'il n'a pas changé sa politique, mais plutôt sa façon de procéder. En effet, il va désormais assortir les posts haineux de messages préventifs, tout en réduisant leur visibilité. Elon Musk a ainsi déclaré : « Si quelqu’un a un message de haine, cela ne veut pas dire qu’il doit avoir un porte-voix. Il devrait quand même pouvoir le dire, mais sans l’imposer aux gens ».
Cependant, l'homme d'affaires ne semble pas tenir facilement parole. En effet, lorsqu'il a racheté Twitter, il avait promis que celui-ci serait plus transparent envers ses utilisateurs, assurant même de soumettre à un vote tout changement important de politique. Promesse non tenue ? Le moment est en tout cas délicat, car la transidentité est actuellement instrumentalisée pour remobiliser l'électorat conservateur aux États-Unis.