Justifié comme une nouvelle étape dans sa quête de transparence et « d’authenticité des échanges », Twitter labellisera désormais les comptes de médias affiliés à un État.
Une catégorisation qui apporte d’une part davantage de contexte aux informations qui sont partagées par ces comptes, mais qui empêche aussi à ces derniers d’être « poussés » par l’algorithme de recommandation du réseau.
Réduire la portée des médias contrôlés par un État
Après avoir interdit, l’an dernier, les publicités politiques, Twitter a annoncé hier que tous les comptes contrôlés financièrement ou éditorialement par un État seront signalés comme tels sur le réseau social. Les comptes de tous les membres du gouvernement sont également concernés, mais la portée de leurs tweets ne sera pas bridée.
« Nous pensons que les gens ont le droit de savoir quand le compte d’un média est affilié directement ou indirectement à un acteur étatique », justifie Twitter dans son billet de blog, en ajoutant que les comptes personnels des rédacteurs en chef ou de tout journaliste vedette de ces médias subiront le même traitement.
Concrètement, cela se présente sous la forme d’une petite ligne placée sous l’alias d’un compte Twitter. Dans l’Hexagone, le compte Twitter de RT France ou Sputnik est notamment labellisé comme « Média affilié à un État, Russie ». En cliquant sur ce label, Twitter redirige l’utilisateur vers l’article de son blog dédié à cette nouvelle fonctionnalité.
Un système encore imparfait
Dans son billet, Twitter reste vague quant au processus qui lui permet d’identifier quels comptes méritent d’être labellisés de la sorte. « Nous avons consulté un grand nombre de groupes d’experts, notamment des membres du Digital and Human Rigts Advisory Group au sein du comité Confiance et Sécurité de Twitter », apprend-on. Les intéressés seront bien entendu prévenus par Twitter et pourront faire appel de la décision.
Le réseau social précise d’ailleurs que, pour le moment, seuls les comptes de médias et politiques représentant les cinq pays membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU sont concernés (Chine, France, Russie, Royaume-Uni et États-Unis). Un façon, ajoute Twitter, d’évaluer la pertinence de sa mesure avant de la déployer à davantage de pays.
Mais beaucoup pointent déjà des failles dans le système retenu par le réseau à l’oiseau bleu. Si RT, China Daily ou le Global Times ont bien été catégorisés comme liés à un État (la Russie et la Chine en l’occurrence), tout comme les comptes personnels de ses éditorialistes, le compte personnel de Donald Trump, qu’il utilise bien plus souvent que le compte officiel de la présidence des États-Unis, échappe encore à la mesure.