De nombreux joueurs professionnels nord-américains ont annoncé une grève à la suite d'une décision de l'éditeur, qui pourrait mettre en péril l'emploi de dizaines de personnes, voire la pérennité de la scène e-sport de LoL dans la région.
L'organisation à l'origine de l'action est toujours en pourparlers avec Riot. Mais, ce dernier n'est pas particulièrement coopératif, et se montre même menaçant.
Une mauvaise période pour la discipline
La scène e-sport n'est pas particulièrement en bonne santé en ce moment. Après son ascension fulgurante au début des années 2010, où les investisseurs ont injecté des sommes colossales dans le secteur, la réalité financière frappe ce dernier de plein fouet. Avec des revenus inférieurs aux prévisions et des spectateurs montrant des signes de désintérêt, certaines écuries sont contraintes de faire des coupes budgétaires, voire de vendre leurs activités dans certaines régions. L'Amérique du Nord se révèle particulièrement touchée.
Malgré son immense popularité, League of Legends ne fait pas exception, et son éditeur, Riot Games, tente tant bien que mal d'éteindre l'incendie pour sauver ses ligues aux États-Unis et au Canada. Enfin, peut-être pas toutes. À la demande des écuries, la société a annoncé qu'elle renonçait à une partie de son règlement qui contraint les équipes de la ligue majeure, la LCS, à aligner des équipes dans la ligue mineure, la NACL.
L'objectif serait de permettre aux clubs « une plus grande flexibilité opérationnelle et financière », afin de les aider à sortir du marasme actuel que connaît le secteur. Mais, c'était sans compter sur les nombreux joueurs professionnels qui, à l'appel de la LCSPA, l'association qui les représente, ont décidé de se mettre en grève pour protester contre cette décision. Une première dans le monde de l'e-sport.
Pour eux, le retrait des équipes majeures de la LCSPA mettrait en péril, sans préavis, les emplois de « 70 joueurs, entraîneurs et managers » qui, comme les acteurs évoluant actuellement dans la LCS, pourraient devenir les grands champions de demain. La LCSPA affirme également que le coût salarial moyen d'une équipe de la NACL « représente moins de 17 % du coût salarial annuel d'une équipe de LCS ». Une situation ridicule, selon l'organisation, qui ajoute que la décision de Riot pourrait tout simplement mettre en péril la ligue mineure dans son ensemble.
« Sans joueurs, il n'y a pas de ligue et il n'y a pas d'e-sport »
Alors que ceci intervient à peine quelques jours avant le début du Summer Split de la LCS, la LCSPA met à profit sa posture pour exiger plusieurs conditions, parmi lesquelles un format de promotion et de relégation entre les ligues majeures et mineures. Mais également un « partage des recettes pour les salaires des joueurs de 300 000 dollars par équipe de la NACL et par an. »
Pour Naz Aletaha, responsable mondial de l'e-sport chez LoL, il n'est pas question de faire des concessions. Il écrit dans un billet de blog : « Ce n'est tout simplement pas viable et, pour être tout à fait honnête, cela ne devrait pas être nécessaire ». En effet, il souligne que d'autres ligues mineures dans le monde parviennent à prospérer par leurs propres moyens. Mais, pour la LCSPA, l'argument ne tient pas : « L'Amérique du Nord dispose aujourd'hui d'un développement sans téléspectateurs, sans soutien institutionnel, sans emplois rémunérateurs et sans avenir. »
En conséquence, Riot a décidé de retarder le début de la saison de deux semaines, tout en encourageant les joueurs qui ne sont pas en grève à prendre le relais dans les équipes. L'ambiance dans la LCS est donc plutôt mauvaise, d'autant plus que l'éditeur menace l'annulation pure et simple de la saison, ce qui empêcherait les équipes nord-américaines de se qualifier pour le championnat du monde. Aletaha explique : « Ce n'est pas une issue que nous souhaitons, mais c'est malheureusement nécessaire pour assurer un système mondial équitable et compétitif ».
À l'image de cet évènement, l'e-sport semble être à la croisée des chemins, et le secteur pourrait bien connaître de nombreuses évolutions dans les années à venir. Avec ou sans la reconnaissance du CIO, qui se fait cruellement attendre.
Source : Engadget