Après Android hier, c'est au tour de Chrome de faire l'objet d'une keynote au cours de la conférence Google I/O. Avec 160 millions de téléchargement depuis son lancement, le navigateur de Google a doublé sa base d'utilisateurs en un an.
Pour Google, l'intention est claire : il s'agit de poursuivre le travail effectué jusqu'à maintenant sur son navigateur. Avec un lancement tous les six mois en moyenne, Chrome capitalise sur ses basiques : APIs nombreuses, compatibilité accrue avec les standards, comme Html 5 ou CSS 3, rapidité d'exécution et allègement des processus par leur isolation, Sandbox, etc. De nouvelles fonctionnalités sont régulièrement ajoutées, selon Google, notamment « grâce aux centaines de contributeurs ».
Parmi les récentes fonctionnalités mises en avant, il y a notamment la prise en charge de la parole. Recherche au sein du navigateur, utilisation de Google Translate directement avec la voix... Des nouvelles fonctionnalités « fantastiques », selon Google. Mais pour l'équipe en charge du navigateur, il ne faut pas oublier le fondamental : la rapidité. « La rapidité est une fonctionnalité. » La prise en charge de Javascript est régulièrement améliorée à la publication de nouvelles versions.
Dans la version en développement de Chrome, en démonstration à la conférence Google I/O, les améliorations sont visibles : la prise en charge des graphismes est notamment améliorée. Avec le test FishIE Tank, de Microsoft, l'augmentation du nombre de poissons passe bien mieux sur la version en développement de Chrome que sur la release actuelle. De quoi mettre plein de poissons sur son écran - ou tester l'animation des sprites dans son navigateur.
Les possibilités ouvertes sont bien sûr légions, comme celle mise en avant par Google : le jeu vidéo au sein du navigateur.
Chrome Web Store
En trois mois, la boutique d'applications de Google Chrome, le Chrome Web Store, aurait connu une bonne croissance chez les développeurs comme les utilisateurs. Google rend son Chrome Web Store disponible dans 41 langages. Le but : que « vous, les développeurs américains », puissiez toucher le monde entier avec les applications créées.
Et pour assurer une utilisation fluide de son Chrome Web Store, Google compte mettre l'accent sur le paiement in-app. Google fait la démonstration d'une application de lecture de bandes dessinées, Graphicly Comics, et insère la solution de paiement in-app avec une simple ligne de code. « Nous voulons le rendre simple pour les utilisateurs, et nous voulons rendre simple l'implémentation pour les développeurs. » Problème : la diversité des possibilités de paiement de sa propre commission (mensuel, à l'installation, etc). La réponse de Google : pas de prix fixe, et une commission unique de 5% sur les paiements effectués. C'est clairement une volonté d'attirer les développeurs qui motive Google, avec une commission particulièrement attractive.
Démonstration d'une application qui arrive sur le Chrome Web Store : le jeu Angry Birds, qui profite ainsi des développements du navigateur. Le jeu annonce un affichage de 60 images par seconde, ce qui doit permettre d'offrir une expérience fluide, avec prise en charge de WebGL, ou Canvas, et de l'accélération matérielle en fonction de la configuration. Le jeu est également entièrement jouable hors ligne, et Angry Birds annonce quelques niveaux exclusifs aux couleurs de Chrome.
Vers le futur et au-delà
Pour parler de futur, Aaron Koblin, de l'équipe d'innovation de Chrome, est sur scène. Le projet Html 5 / WebGL ressort des labos de Google, avec une expérience de découverte narrative musicale en trois dimensions. De la démonstration technique en somme, qui passe ensuite à la manipulation d'objets en 3D, la modification de graphiques interactifs, etc. Le tout est accessible en open-source.
Ce sera finalement tout pour ce qu'on peut attendre du futur de Chrome. Parlons maintenant de Chrome OS !
Chrome OS
Les vingt à trente années d'histoire de l'informatique ont laissé un héritage assez lourd selon Google : démarrage, gestion des applications, de la sauvegarde, des mises à jour... Pour le géant, Chrome OS, ce n'est « rien que le web. » Google compte apporter son système d'exploitation aux netbooks, rebaptisés pour l'occasion Chromebook. Démarrage instantané, connexion permanente, batterie capable de tenir une journée, accès à ses données de partout, mises à jour simples et sécurité inclue sont les principaux avantages mis en avant.
Google souhaite ainsi apporter une expérience logicielle inédite, notamment grâce à une mise à jour automatiquement et régulièrement, qui devrait éviter la dégradation des performances de l'ordinateur avec le temps, selon le géant. Le programme pilote Cr-48 aurait été bien accueilli, avec 1 million de candidats à l'heure actuelle.
Tout passe donc par le navigateur, dans Chrome OS : la manipulation des fichiers, l'explorateur, la gestion de la clé USB, etc. Google fait la démonstration de son explorateur de fichiers et du nouveau lecteur multimédia ajouté au système. Google espère ainsi attraper au passage les nouvelles formes de consommation des médias, comme le streaming. Il rappelle d'ailleurs l'annonce de son nouveau service de musique en ligne, faite hier dans le cadre de Google I/O. Chrome OS prendrait donc tout son sens avec les services cloud du géant, comme Google Music, Picasa, Youtube, etc.
Les APIs sont intégrées directement dans la plateforme, pour permettre à tous les services externes de se connecter directement, avec leurs propres applications. Google fait la démonstration avec le service de partage de fichiers Box.net, intégré dans l'interface du navigateur de Chrome OS. Le géant estime qu'il faut désormais ouvrir les formats, pour pouvoir les éditer directement en ligne.
Chromebooks
Chrome OS est donc entièrement fonctionnel en ligne, mais qu'en est-il lorsqu'aucune connexion n'est présente ? Google précise qu'il y a déjà plusieurs centaines d'applications du Chrome Web Store qui fonctionnent hors-ligne. Google souhaite mettre au point une expérience fluide entre l'utilisation connectée et hors ligne. Il a travaillé avec Acer, Intel, Samsung, et les opérateurs au niveau international pour proposer son Chromebook.
Parmi les premiers, Samsung proposera un Chromebook, qui annonce un démarrage en 8 secondes, la fonction instant-on, huit heures de batteries et une connexion aux réseaux mobiles. Acer aura aussi son bout de Chrome OS, qui se veut plus portable, avec un écran de 11,6 pouces, contre 12,1 pouces pour le Samsung. Il présente les mêmes fonctionnalités de connexion ou de temps de démarrage, mais annonce une autonomie légèrement réduite, avec 6,5 heures de batterie.
Ces ordinateurs devraient être disponibles chez Amazon ou BestBuy aux Etats-Unis le 15 juin. Ils seront aussi disponibles dans six autres pays : Royaume-Uni, France, Italie, Pays-Bas, Allemagne et Espagne. Pour la France, les commandes passeront par le site d'Amazon.
Google annonce également travailler sur une Chromebox. La version en démonstration est signée Samsung, et devrait permettre de créer une console web pour gérer les applications, utilisateurs et politiques d'une organisation. La Chromebox serait donc plutôt orientée entreprises a priori. Google annonce d'ailleurs des solutions pour les entreprises : le passage de plusieurs applications phares dans le cloud (SAP, etc), une assistance dédiée, etc.
Côté prix, Google annonce 28 dollars par mois pour le logiciel et le matériel, sans engagement. Il confirme également le prix de 20 dollars pour les étudiants et écoliers. Ces offres seront donc disponibles le 15 juin des deux côtés de l'Atlantique. La conférence est finie - et histoire d'enrager un peu, précisons que tous les participants à la conférence (sur place, pas sur Youtube ;)) auront un Chromebook gratuitement.