Le phénomène Squid Game ralentit à peine que Netflix dévoile sa nouvelle série sud-coréenne : une adaptation du webtoon Hellbound. Univers fantastique, noirceur à tous les étages et créatures divines… le service de streaming tient-il son nouveau carton ?
- Vous aimez les univers sombres
- Vous appréciez les séries courtes mais denses
- Vous êtes en manque de dramas coréens depuis Squid Game
- La violence vous fait horreur
- Vous avez du mal avec le "sur-jeu" à la coréenne
- Les questions religieuses vous donnent de l'urticaire
Fiche technique Hellbound
Genre | Fantastique |
Réalisation | Yeon Sang-ho |
Plateforme | Netflix |
Nombre de saisons | 1 |
Nombre d'épisodes (Total) | 6 |
Classification | Déconseillé / interdit aux moins de 18 ans |
Anges et démons
De mystérieuses créatures apparaissent en plein cœur de Séoul pour condamner à mort certains individus, accusés d'avoir péché, et les envoyer directement en Enfer. La police enquête sur ces phénomènes tandis qu'émerge dans l'actualité Jung Jinsu et son groupe religieux La Nouvelle Vérité. Celui qui se présente en prophète annonce que ces meurtres sont l'œuvre de Dieu pour remettre les humains sur le chemin de la vertu. Face aux forces surnaturelles, le monde plonge progressivement dans le chaos.
Les yeux du monde sont tournés vers la Corée du Sud après le giga-méga-supra carton de Squid Game, rapidement devenue la série la plus regardée de Netflix, et de très loin. Pas le temps de se reposer sur ses lauriers, la plateforme enchaîne en cette fin d'année avec Hellbound, une nouvelle série fantastique prenant place dans la mégalopole de Séoul.
Au départ, Hellbound a été publiée sous la forme d'une bande-dessinée en ligne. Ecrite par Yeon Sang-ho, le réalisateur du Dernier train pour Busan, elle a rencontré un certain succès public et critique, poussant le metteur en scène à rempiler pour l'adaptation de son œuvre pour le petit écran.
Alors que les premières images diffusées par Netflix laissaient déjà entrevoir une transposition fidèle, les six épisodes de 50 minutes confirment tout le bien que l'on pensait du projet.
And Justice for all…
Malgré de nombreux personnages à introduire et une intrigue à la frontière du mysticisme à mettre en place, Yeon Sang-ho ne perd pas de temps et adopte pour sa série un rythme soutenu. Le spectateur rentre ainsi dans le vif du sujet en quelques minutes seulement, notamment grâce à une introduction sèche et brutale qui pose la menace en une poignée de plans et effusions de sang bien senties.
Durant les 6x50 minutes qui composent cette (première ?) saison, le scénario se déroule donc tambour battant, rythmé par de nombreux twists et une attention toute particulière portée aux différents protagonistes.
Du flic veuf et désabusé à l'avocate intègre qui défend une jeune femme condamnée à l'Enfer, en passant par le prédicateur Jung Jinsu, probablement le personnage le plus intéressant de toute la série, tous les personnages ont suffisamment d'espace scénaristique pour susciter l'empathie et exister dans le récit. Le public occidental, encore peu habitué, devra tout de même faire montre d'une certaine tolérance vis-à-vis du jeu très expressif des acteurs coréens, même s'il est ici moins ostentatoire que dans certaines productions récentes.
Dans son propos, la dimension fantastique de Hellbound n'est jamais remise en question, mais l'auteur s'en sert davantage comme une porte d'entrée pour déployer une critique féroce de la religion, et du fanatisme qui peut l'accompagner. De façon implacable et avec un remarquable sens du crescendo, chaque épisode décrit par le menu la peur panique qui s'empare des habitants de Séoul et la montée d'un mouvement sectaire qui utilise leurs craintes pour manipuler les esprits, quitte à faire basculer une population toute entière dans la violence. Glaçant…
La série fait aussi quelques clins d'œil à Orange Mécanique de Stanley Kubrick avec le groupe La pointe de Flèche composée de jeunes fanatisés recrutés sur les réseaux, et formant le bras armé de La Nouvelle Vérité en jouant de la batte de base-ball pour faire taire les « hérétiques ».
Hellbound ne se prive pas non plus pour tirer à boulets rouges sur la place délirante que prennent les chaines d'info et les réseaux sociaux, qui contribuent à créer des phénomènes de masse pour engranger plus d'audience.
Sans vous révéler quoi que ce soit, on apprécie également qu'Hellbound quitte rapidement un récit balisé pour prendre une toute autre direction et rebattre les cartes de son univers, déstabilisant allègrement le spectateur. Il est dès lors impossible de savoir où l'histoire veut nous emmener, jusqu'à la toute fin de la série.
Des Hommes et des Dieux
D'un point de vue visuel, Hellbound nous a toutefois parue moins enthousiasmante. Pour placer le récit dans un univers contemporain, la photographie ou les décors ne sont pas particulièrement inventifs. L'image est désaturée, conforme aux standards actuels, avec une teinte grise, verte ou jaune selon les scènes. Les décors, urbains, versent dans le 100 % béton. Bref, du grand classique qui a bien du mal à nous exciter la rétine.
La mise en scène est à l'avenant, avec une réalisation qui ne cherche jamais à être esthétique, simplement efficace. Le découpage est clair, les plans toujours lisibles et bien cadrés mais là encore, on aurait aimé un petit soupçon de folie pour que quelques images nous restent après la fin de la série.
Les trois démons exterminateurs en sont un parfait exemple. Leur corps brumeux est une chouette idée de design mais leur visage, sorte de Thanos du pauvre, est totalement générique. Si la première attaque surprend par sa violence et sa sauvagerie, on finit par se lasser et bailler au bout de la sixième, tant elles sont toujours composées, filmées et montées de la même manière.
Heureusement le générique, très léché, et la musique, discrète mais jolie comme tout, apportent un peu de cachet à cette adaptation parfois un peu morne.
Pour finir sur les reproches, on aurait bien aimé également que l'auteur fasse un peu plus confiance à notre compréhension et évite quelques dialogues balourds qui surlignent inutilement les thématiques de la série.
Ces menus défauts n'empêchent pas d'apprécier Hellbound de la première à la dernière image, et pour cause : son intrigue, chapitrée à la perfection, est brillamment exécutée et la série se montre bien plus riche que son postulat de départ ne le laissait présager.
Hellbound n'est pas le nouveau Squid Game, car elle reste moins accessible pour le grand public, mais c'est une vraie réussite qui montre que la Corée du Sud a décidément bien des histoires à nous raconter.
Hellbound est une nouvelle réussite venue de Corée du Sud. Derrière son postulat fantastique, la série révèle une réflexion habile et très pertinente sur le fanatisme religieux et les dérives de notre société de l'image. Le discours est un peu lourdaud par moments mais le rythme infernal et les nombreux rebondissements réussissent à maintenir l'intérêt jusqu'à la dernière seconde.
- Vous aimez les univers sombres
- Vous appréciez les séries courtes mais denses
- Vous êtes en manque de dramas coréens depuis Squid Game
- La violence vous fait horreur
- Vous avez du mal avec le "sur-jeu" à la coréenne
- Les questions religieuses vous donnent de l'urticaire
La première saison de Hellbound est disponible sur Netflix.
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