Avec Parallèles, Disney+ nous présente une nouvelle série fantastique 100 % française qui s'amuse avec le concept du voyage dans le temps.
Mickey Mouse au pays du fromage
Bilal, Romane, Sam et son frère Victor sont quatre collégiens vivant dans un petit village montagneux. Lors d'une fête d'anniversaire, un événement étrange fait disparaitre trois des adolescents du groupe. Sam est toujours présent et Bilal réapparait, mais ce dernier a 15 ans de plus et semble venir du futur.
Disney+ a bientôt deux ans et doit muscler son catalogue pour conserver une place de choix dans le cœur des amateurs de streaming vidéo. Si Star Wars, Marvel et les classiques d'animation sont un vrai atout dans cette guerre de la SVOD, cela ne suffit pas à remplir un catalogue semaine après semaine.
Comme Netflix et Prime Video avant lui, Disney+ a désormais l'ambition de proposer des programmes exclusifs locaux, produits et réalisés en France avec des comédiens reconnus ou débutants. C'est ainsi que débarque Parallèles, la première série fantastique française du studio aux grandes oreilles.
Yo Yo, le jeune !
Les visuels promotionnels ou le générique de la série aurait dû nous mettre directement la puce à l'oreille. Au contraire d'autres programmes de la plateforme, le logo Disney est placé juste au dessus de celui de Parallèles, indiquant clairement aux parents que la série est pour tous publics et ne comportera donc aucun élément susceptible de choquer nos chères têtes blondes.
Tant et si bien que, dès les premières minutes, quelque chose sonne faux chez les quatre adolescents. Leurs échanges sont aseptisés et leur personnalité est lisse et propre au possible. C'est simple, si vous avez des ados à la maison ou si vous sortez dans la rue plus de cinq minutes, vous n'aurez aucun mal à constater que personne dans cette tranche d'âge n'utilise plus le mot « Punaise » depuis 1982. Le cahier des charges Disney est bel et bien passé par là, et nuit très fortement à l'identification. Même si nous ne sommes pas la cible visée par le studio, les héros nous apparaissent comme manquant de consistance, de fraicheur et il nous a été impossible de nous lier (et encore moins de nous identifier) à l'un d'entre eux.
Ces dialogues creux et explicatifs jusqu'à l'overdose n'aident pas les comédiens qui font ce qu'ils peuvent pour donner un peu de chair à leurs personnages et s'en sortent plutôt bien. On sent immédiatement une vraie alchimie entre nos quatre héros et les adultes autour d'eux ne déméritent pas dans de solides seconds rôles. Mention spéciale à Omar Mebrouk, qui incarne Bilal adulte, et qui se place au dessus de la mêlée grâce à son charisme et une prestation plus enlevée que ses compagnons de jeu.
Parallèles n'est pas un programme raté mais corseté par un moule Disney qui aseptise tout sur son passage.
Parallèles propose également quelques moments musicaux, où sont placés de manière totalement aléatoire des morceaux de Sia ou de Billie Eilish. Jamais la série ne cherche à justifier ces choix, et semble plutôt vouloir placer à tout prix « la musique qu'écoute les d'jeun's », même si les morceaux ont déjà quelques années au compteur. Dommage pour Disney+, SKAM France est passé par là. Même si les deux séries n'ont rien à voir en termes de ton ou dans les thèmes traités, le programme de France.tv Slash est bien plus juste lorsqu'il s'agit de faire le portrait de la jeunesse de 2022.
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Maman, c'est quoi le Multivers ?
Parallèles a néanmoins quelques atouts dans sa manche pour éviter le pire, à commencer par son scénario. L'argument fantastique, même s'il est vu et revu, fonctionne plutôt bien. Les amateurs du genre auront rapidement compris dans quelle direction se dirige le script, mais les plus jeunes devraient s'amuser à dénouer les fils de l'intrigue.
La série a également l'intelligence de miser sur un concept très en vogue chez les super-héros Marvel, à savoir le Multivers, expliqué avec moult schémas et explications. Si nous étions mauvaise langue, nous dirions que Disney cherche à démocratiser l'évolution du Marvel Cinematic Universe auprès des plus jeunes (Thanos est d'ailleurs explicitement cité par l'un des personnages) ; mais il est toutefois plus probable que les créateurs de Parallèles aient été naturellement influencés par les aventures des Avengers pour donner un peu de souffle à leur récit de voyage dans le temps.
Le rythme de la série est également bienvenu : les trois premiers épisodes changent régulièrement de point de vue et d'époque pour dynamiser l'intrigue, avant de malheureusement se recentrer dans la deuxième moitié de la saison. Parallèles manque tout simplement d'enjeux importants et si la situation initiale est amusante, on ne ressent jamais le danger que courent nos personnages et l'urgence à les ramener à leurs dimensions d'origine. Notre intérêt tient donc grâce au rythme qui ne faiblit jamais et à une durée d'épisode d'à peine plus d'une demi-heure, qui évite la moindre longueur.
La mise en scène tente quant à elle de pirater de l'intérieur un récit linéaire avec une photographie particulièrement travaillée. L'image est désaturée et monochrome, et les intérieurs sont baignés d'une lumière crue et surexposée qui donnent une ambiance étrangement pesante aux différents décors. La réalisation se permet même quelques mouvements de caméra bien pensés pour passer d'une timeline à l'autre en quelques secondes et les trop rares éléments fantastiques dispensés au fil des épisodes donnent lieu à des scènes aux effets visuels simples mais aboutis.
On attendait beaucoup de Parallèles, notamment de savoir si Disney allait se servir de sa plateforme de streaming pour récupérer son titre de roi incontesté des programmes familiaux. Cette première série fantastique est, à ce titre, une amère déception.
Parallèles n'est pas un programme raté, mais une série tout simplement corsetée par un moule Disney qui aseptise tout sur son passage. Trop convenue, trop timide dans ses ambitions, cette première saison n'offre rien de bien nouveau à se mettre sous la dent et le studio rate une belle occasion de se moderniser.
Plutôt que de mettre à l'image des adolescents contemporains et aux personnalités complexes, le programme ne propose que des caricatures publicitaires attendues, vues et revues sur les antennes de Disney Channel, assénant au passage un propos universel mais vieillot sur la famille et le pouvoir de l'amitié.
On espère qu'une éventuelle saison 2 saura renverser la table et nous proposer des personnages plus fouillés et actuels, quitte à jeter un œil à ce que propose la concurrence au passage.
Parallèles est disponible sur Disney+ depuis le 23 mars 2022.
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