En cinq ans, le monde a progressivement augmenté sa production d'énergie renouvelable pour atteindre des ordres de grandeur qui laissent entrevoir une réponse aux défis de l'électrification progressive de nos usages et des crises énergétiques actuelles et futures.
La production d'électricité est un enjeu majeur, tant elle est sensible aux crises et a un impact sur le changement climatique. Si les industries des énergies fossiles ont bénéficié de nombreux investissements ces dernières années, malgré leur caractère polluant et non renouvelable, les secteurs de l'éolien et du solaire ne sont pas en reste et connaissent d'importants progrès.
Des chiffres affectés par le nucléaire et l’hydroélectrique
Dans la seule Union européenne, 22 % de la production d'électricité en 2022 était couverte par ces deux sources d'énergie, dépassant le gaz avec ses 20 %. S'il semble logique de penser que la guerre en Ukraine constitue la cause première de cette évolution, il s'agit finalement d'une accumulation de plusieurs facteurs. La maintenance importante du parc nucléaire français a eu un impact significatif sur la production du continent. Dans le même temps, les sécheresses consécutives ont réduit la performance des centrales hydroélectriques. Tout ceci entraînant un changement notable de la répartition des sources d'énergie dans le mix électrique.
Par ailleurs, les priorités au sein des pays de l'Union ont été revues. S'il ne s'agit pas d'abandonner les centrales à gaz, mais d'en assurer l'approvisionnement, les craintes de pénurie et l'abandon progressif du nucléaire, entre autres, ont conduit à la construction et à la réouverture de centrales à charbon. C'est notamment le cas de la centrale de Saint-Avold en France, dont la fermeture était prévue au début du printemps 2022. Cette tendance a conduit à une augmentation de sa part dans le mix électrique à hauteur de 16 %, mais dans le même temps à une augmentation de 3,9 % des émissions de CO₂ de l'ensemble du secteur.
La demande mondiale qui explose
Les investissements dans les énergies renouvelables ont persisté malgré les crises, et ont même progressé, grâce à la baisse des coûts de fabrication et à une véritable volonté politique. Il s'agit d'une tendance mondiale, qui a vu l'ajout annuel de capacités de production quasiment doubler entre 2016 et 2021. Cette hausse est censée couvrir l'augmentation de la demande mondiale, qui était de 2,7 % sur la même période.
Néanmoins, ce chiffre devrait nettement évoluer dans les décennies à venir. Alors que l'électrification progressive de nombreux secteurs clés, dont celui des transports, a déjà bien commencé dans les pays les plus développés, la croissance dans le reste du monde pourrait conduire à un doublement de la demande mondiale d'ici 2050. Pour répondre à ceci, les investissements dans les énergies renouvelables devraient poursuivre leur tendance des cinq dernières années pour éviter un accroissement catastrophique de la consommation d'énergies fossiles.
Il reste de surcroit de nombreux obstacles à surmonter. Si la production d'énergie renouvelable augmente, elle ne correspond pas nécessairement à la demande, qui ne suit pas les pics de production du solaire et de l'éolien. S'il est possible d'adapter une partie de la demande, ceci présente ses limites, et le stockage du surplus de production reste un défi. Les systèmes de pompage-turbinage, entre autres, proposent une réponse significative, mais nécessitent un développement important et une place plus influente dans la stratégie de production.
Source : Les Echos, pv magazine