La décennie 2010 avait pourtant bien commencé. Après une baisse régulière des émissions de CO2 du parc automobile européen entre 2010 et 2016, l'agence européenne pour l'environnement (AEE) vient d'annoncer un bilan provisoire pour 2019 : pour la troisième année consécutive, les émissions de CO2 dues à l'automobile ont augmenté en Europe.
L'agence explique qu'une grande partie de cette augmentation est imputable au segment des SUV, dont la part sur le marché ne cesse de croître.
Troisième année de hausse
Les données avancées par l'AEE couvrent le dioxyde de carbone émis en 2019 dans les pays de l'Union européenne ainsi que la Norvège, l'Islande et le Royaume-Uni.
Dans ces pays, les émissions moyennes des véhicules de tourisme neufs avaient déjà augmenté en 2017 et 2018 de 2,8 grammes de CO2 par kilomètre. Selon les données provisoires annoncées par l'agence, l'année 2019 a confirmé cette tendance avec une nouvelle hausse de 1,6 g CO2/km. La moyenne s'établit désormais à 122,4 g CO2/km.
Ces chiffres restent bons vis-à-vis de l'objectif fixé par l'Union européenne, le Vieux Continent ayant affiché pour 2019 un objectif de 130 g CO2/km. Mais ils sont également bien au-dessus de l'objectif prévu pour 2020. Celui-ci prévoit des émissions moyennes inférieures à 95 g CO2/km.
Les SUV pointés du doigt
Parallèlement, l'AEE souligne que « la pénétration du marché des voitures électriques est restée lente en 2019 ». Sur le segment des utilitaires, elle note une augmentation limitée, la part des modèles électriques et hybrides étant passée de 0,8% en 2018 à 1,3% en 2019.
Ainsi, sur les 15,5 millions de véhicules vendus l'année dernière, 3,5% seulement étaient des véhicules électriques, hybrides ou propulsés par d'autres types d'énergie (comme l'hydrogène). Dans le même temps, les modèles essence ont représenté 59% des ventes, et le diesel 31%.
Le diesel se réfugie d'ailleurs sur un segment que l'AEE pointe aujourd'hui du doigt. Dans son communiqué, l'agence précise : « Les raisons de l'augmentation des émissions des voitures tiennent à la part croissante du segment des véhicules utilitaires sport (SUV) ». À eux seuls, les SUV ont effectivement enregistré 38% des nouvelles immatriculations en 2019. Plus lourds et disposant de gabarits plus imposants, ils impliquent des émissions de CO2 plus importantes. Le poids moyen des véhicules neufs a ainsi augmenté de 35 kilos l'année dernière, tandis que les SUV ont affiché des émissions moyennes de 134 g CO2/km en 2019.
La Commission européenne est au courant de cette tendance. Elle a déjà rappelé les constructeurs à l'ordre il y a quelques semaines, jugeant trop lente la transition vers des véhicules plus propres. L'AEE, qui propose sur son site des données par pays, rappelle dans un euphémisme que « les constructeurs vont devoir améliorer l'efficacité énergétique de leur flotte et accélérer le déploiement de véhicules à émissions nulles et faibles ».
Sources : EEA, CleanTechnica