CNNum

La commission consultative propose ses mesures pour dresser un agenda national et européen sur un numérique dit "responsable", qui devra être au service de la transition écologique et solidaire.

Le Conseil national du numérique (CNNum) a publié, jeudi 9 juillet, sa feuille de route sur le numérique et l'environnement, réclamée par l'ex-ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, et le secrétaire d'État chargée du Numérique, Cédric O, en février dernier. 50 mesures ont ainsi été dévoilées, toutes devant permettre de répondre aux objectifs de développement durable des Nations unies fixés pour 2030.

Renforcer les filières du reconditionnement, de la collecte et du recyclage et créer un passeport numérique des biens et services du numérique

Axée autour de trois chantiers majeurs, la feuille de route du CCNum propose d'abord de réduire l'empreinte environnementale du numérique et d'adopter la sobriété numérique. Ce premier chantier s'inscrit dans le cadre de l'objectif devant être atteint d'ici 2030, à savoir le zéro émission nette de gaz à effet de serre sans compensation, et 100% de biens et services numériques écoconçus.

Pour le mener à son terme, le CNNum propose d'abord de mieux évaluer et quantifier l'empreinte environnementale du gouvernement. Cela passe notamment par l'uniformisation des méthodes de quantification des impacts environnementaux du numérique, et de l'anticipation de ces derniers. La sobriété numérique, c'est aussi moins et mieux produire et concevoir les biens et services, en passant notamment par l'optimisation énergétique des data centers, la lutte contre l'obsolescence programmée ou la limite de l'empreinte environnementale de la conception et du déploiement des réseaux et infrastructures numériques.

Ce premier chantier vise aussi à moins et mieux consommer les biens et services numériques. De la pédagogie devra être faite auprès des consommateurs, pour les responsabiliser sur leur comportement. La création d'un passeport numérique des biens et services numériques est aussi évoquée dans la feuille de route. Enfin, le CNNum dédie un volet à la collecte, à la réutilisation et au recyclage des déchets numériques. En ce sens, il est proposé d'étendre la responsabilité des producteurs, fabricants et distributeurs, et de renforcer et soutenir les filières du réemploi, du reconditionnement, de la réparation et du recyclage. La collecte des déchets d'équipements électroniques et électriques doit par ailleurs être améliorée.

Une IA "sobre" au service d'un numérique responsable

Le second volet de la feuille de route consiste à placer le numérique au service de la transition écologique et solidaire, en suivant l'objectif de réduction conséquente des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2040, grâce au numérique. L'intérêt est aussi de « réconcilier high-tech et low-tech autour de grand objectifs de la transition écologique et solidaire », indique le CNNum.

Le Conseil propose ainsi de développer ce qu'il appelle une « culture de la donnée », au service de l'écologie. Il faudra pour cela poser les conditions du partage de données entre les acteurs privés et le soutien apporté à des projets de coproduction de données, toujours dans le souci de la transition écologique. En outre, il faudra « favoriser la science ouverte et la recherche autour des données ». Les technologies numériques devront être au service de la transition écologique et solidaire, sans pour autant donner l'impression que le numérique soit la seule approche pertinente.

Les entreprises et autorités devront porter l'idée d'une intelligence artificielle responsable, que ce soit au niveau municipal, européen ou planétaire, et mettre en oeuvre une stratégie pour une IA dite « sobre », au service du développement durable.

Créer un label européen sur le numérique responsable

Enfin, le troisième chantier majeur porté par la feuille du route du CNNum est celui des outils et leviers à rassembler pour aboutir à un numérique responsable. Le conseil rappelle que d'ici 2022, devra être créée une boîte à outils d'actions transversales, pour parvenir à la convergence des transitions écologiques et solidaires.

Cette boîte à outils passera notamment par la création d'un label européen ou d'un code de bonnes conduites sur le numérique responsable, de façon à valoriser les entreprises et les initiatives porteuses et irréprochables. Les jeunes seront aussi sollicités et sensibilisés avec des formations au numérique qui feront honneur aux enjeux environnementaux et sociétaux.

Cette feuille de route, remise au gouvernement cette semaine, devra faire l'objet d'un plan de financement ambitieux, et nécessitera le soutien de fonds européens. Une instance de gouvernance sera mise en place pour s'assurer du suivi et du respect de la feuille de route pour un numérique responsable.