réchauffement

La hausse des températures serait comprise entre 2,6 °C et 3,9 °C à l’horizon 2060, si rien n’est fait d’ici là.

Le réchauffement climatique fait consensus depuis plusieurs années au sein de la communauté scientifique, mais les estimations concernant la hausse des températures varient au fil des années et des études. Il y a environ quarante ans, en 1979, les chercheurs estimaient dans le tout premier rapport à ce sujet, le rapport Charney, que dans le cas où l'humain doublait la quantité de CO2 dans l’atmosphère par rapport à l’ère préindustrielle, la hausse des températures serait comprise entre 1,5 °C et 4,5 °C. Les chercheurs ont toutefois eu du mal à affiner cette valeur « fourchette » au fil des décennies. Le cas du dernier rapport à ce sujet prévoit une hausse comprise entre 2,6 °C et 3,9 °C.

L’étude la plus précise à ce jour

Ce nouveau rapport se base sur une étude menée par 25 scientifiques, réalisée dans le cadre du Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC) et publiée cette semaine dans la revue Reviews of Geophysics. Il s’agit de l’étude la plus précise à ce sujet, et de loin ; la dernière du GIEC, produite en 2013, avançait la même plage de hausse des températures que le rapport Charney de 1979.

rapportclimat

Pour parvenir à une telle précision, les 25 chercheurs ont pris en compte plusieurs éléments clés, dont les tendances du réchauffement actuel et les dernières connaissances sur les effets de rétroaction. Ils ont également utilisé les statistiques bayésiennes pour les petits volumes de données.

Surtout, les scientifiques ont pris du recul par rapport aux modèles climatiques utilisés dans les précédents rapports. En effet, ces derniers sont souvent inaptes à reconstituer l’évolution du climat au XXe siècle, ce qui, vous en conviendrez, nuit à leur crédibilité.

Or, comme l’explique Robert Kopp, climatologue à l'université Rutgers, les chercheurs disposent désormais de suffisamment de données indépendantes leur permettant de prendre leur distance avec les modèles climatiques existants. Résultat : « une étude impressionnante et concrète », selon James Hansen, ancien climatologue à la NASA désormais à la retraite.

Les 560 ppm atteints vers 2060

Depuis le début des années 1800, date à laquelle on a disposé des premiers relevés de températures, la hausse de celles-ci, à l’échelle du globe, est de 1,1 °C. En ce qui concerne le taux de CO2 dans l’atmosphère, il s’élevait à 407,9 ppm (parties par million) en 2018 et a dépassé la barre des 415 ppm en mai 2019, ce qui ne s’était plus produit depuis trois millions d'années. Selon les projections de l’étude, le taux devrait doubler par rapport à l’ère pré-industrielle, soit atteindre 560 ppm, d’ici 2060.

Nous sommes donc à mi-chemin de cette échéance.

Selon les chercheurs du PMRC, la fourchette de 2,6 °C / 3,9 °C jouit d’un taux de confiance de 66 %. Il monte à 90 % si l’on élargit l’intervalle à 2,3 °C / 4,7 °C. Ces estimations seront utilisées par les Nations Unies lors de leur prochain grand rapport sur le climat prévu pour 2021 ou 2022. Comme le souligne Diana Reckien, experte en planification climatique à l'université de Twente, « la diminution de l'incertitude pourrait potentiellement motiver davantage de juridictions à agir ».

Enfin, pour finir sur une note positive, Reto Knutti, co-auteur et climatologue à l'ETH Zurich, nous rappelle que cette nouvelle étude écarte les pires scénarios élaborés par le GIEC il y a une quinzaine d’année, lesquels prophétisaient une hausse pouvant atteindre les 7 °C ; le chercheur assure également et que nous avons désormais « des années-lumière d'avance comparé où nous étions en 1979 ».

Pour celles et ceux qui voudraient approfondir le sujet, les 166 pages du rapport sont disponibles ici.