Un groupe de chercheurs allemands démontre que la pollution de l'air est désormais bien plus meurtrière que la cigarette, deux fois plus qu'on ne le croyait en 2016
Fumer est-il désormais plus sain que de respirer ? C'est la triste question soulevée par des chercheurs allemands de l'Université de Mayence dans leur publication au sein de la revue European Heart Journal.
Selon leurs estimations, la pollution de l'air causerait la mort de 8,8 millions de personnes dans le monde chaque année, contre 7,2 millions de décès liés à la cigarette. C'est deux fois plus que la précédente estimation de l'OMS.
Une estimation revue deux fois plus à la hausse depuis 2016
Infarctus, arrêt cardiaque, infection du myocarde ou encore pneumonie : les maladies liées à la pollution de l'air sont endémiques. C'est en prenant en compte l'exposition aux particules fines PM2.5, émis principalement par les énergies fossiles, que les chercheurs allemands ont pu revoir à la hausse la corrélation entre pollution de l'air et mortalité.Avec les particules PM1, les PM2.5 - dont les chiffres traduisent leur diamètre en micromètre - peuvent rester en suspension dans l'atmosphère des jours entiers et parcourir de longues distances, ce qui en fait des agents polluants extrêmement nocifs pour l'homme. Rien qu'en Europe, la pollution de l'air fauche près de 800 000 victimes emportées, jusqu'à 80% des cas, par des « maladies cardiovasculaires ».
Une répartition inégale
L'étude montre également que les pays de l'Europe de l'Est seraient les plus touchés par cette mortalité liée à la pollution. La Bulgarie, la Croatie, la Roumanie ou encore l'Ukraine affichent un taux de mortalité de plus de 200 morts pour 100 000 habitants par an, contre 129 pour les pays de l'Union Européenne. Pire, une étude parue dans la revue scientifique PNAS a montré qu'aux Etats-Unis, les inégalités de production et de consommation de biens et services provoqueraient des « inégalités de pollution » au sein des groupes ethniques : « les minorités Noires et Hispaniques portent le poids d'une pollution disproportionnée causée principalement par les Blancs non-hispaniques » résume l'étude, affichant des taux d'exposition pour les Américains Noirs et Hispaniques 3 à 4 fois supérieurs que les Américains Blancs.En février, l'Agence Européenne pour l'Environnement avait également montré que « ce sont encore les communautés les plus pauvres qui ont tendance à être exposées à des niveaux locaux de NO2 plus élevés ». La pollution, elle-aussi, est inégalitaire.