Les géants de la tech, parmi lesquels Amazon et Google, s'engagent à utiliser plus massivement l'énergie nucléaire, pour répondre à la demande croissante de leurs data centers. Un tournant stratégique pour l'industrie énergétique.

Google, Amazon, mais aussi Meta ont rejoint, ce mercredi 12 mars, un collectif d'entreprises énergivores visant à tripler la capacité nucléaire mondiale d'ici 2050. La démarche, coordonnée par l'Association nucléaire mondiale (ANM) aux États-Unis et rapportée par le Financial Times, témoigne de l'urgence énergétique à laquelle font face les géants technologiques, dont les infrastructures numériques consomment des quantités colossales d'électricité.
Google, Amazon et Meta misent sur l'énergie nucléaire
Amazon a déjà marqué son soutien à l'initiative en investissant plus d'un milliard de dollars dans l'industrie nucléaire au cours de la dernière année. L'entreprise considère l'accélération de la construction de nouvelles centrales comme « critique » pour la sécurité américaine, notamment pour répondre à la demande énergétique croissante, et pour lutter contre le changement climatique.
Meta, par la voix d'Urvi Parekh, son responsable de l'énergie, estime que le défi de construire des centrales nucléaires coûteuses nécessite une coordination significative entre les gouvernements, les services publics et les consommateurs d'électricité. L'entreprise a d'ailleurs émis l'an dernier un appel d'offres pour 1 à 4 gigawatts de nouveaux projets nucléaires devant entrer en service dans les années 2030.
Depuis la COP28 en novembre 2023, huit nouveaux réacteurs nucléaires ont été connectés aux réseaux électriques du globe à travers le monde. L'ANM fait état de la construction lancée de 12 nouveaux réacteurs. On rappelle que l'énergie nucléaire, source d'énergie propre, génère actuellement 9% de l'électricité mondiale. Début 2025, le monde comptait environ 411 réacteurs nucléaires en activité, avec une capacité combinée de 371 gigawatts.
L'industrie de l'énergie alerte sur la viabilité commerciale des projets nucléaires des géants tech
Malgré cet élan, les développeurs de technologies nucléaires de nouvelle génération, notamment les petits réacteurs modulaires (SMR), font toujours face à des risques techniques, réglementaires et financiers importants. Microsoft et Apple, qui utilisent également des quantités importantes d'énergie et se sont engagés à réduire leur empreinte carbone, ont préféré refuser de signer cette déclaration.
Le président de l'entreprise NRG, spécialisée dans la production et la distribution d'énergie, reste lui aussi sceptique quant à la viabilité commerciale de ces technologies. Pour lui, les « hyperscalers » qui ont de grandes activités dans le Cloud « ne comptent pas » sur le nucléaire. En parallèle, son entreprise a conclu un partenariat pour des centrales à gaz. Deux salles, deux ambiances.
John Ketchum, patron, lui, de NextEra Energy, qui exploite l'une des plus grandes flottes de centrales nucléaires aux États-Unis, estime que la nouvelle énergie nucléaire ne sera pas disponible avant « 2035 ou plus tard ». Il n'est pas le seul à être dans cette position.