La question du plastique à usage unique semblait réglée. La Chine avance depuis peu vers la fin des plastiques à usage unique et en Europe, le Parlement européen a entériné une législation interdisant les plastiques jetables dès 2021.
Mais l'épidémie de Covid-19 a inversé la tendance, les industriels du secteur présentant les plastiques à usage unique comme un moyen de « sauver des vies ».
La fin des SUP, une « hérésie sanitaire » pour les lobbys
C'est ce qu'avance le lobby européen spécialisé dans la transformation des plastiques EuPC, comme le rapporte Dorothée Moisan, du Monde. Dans une lettre adressée à la Commission européenne, le lobby, qui représente plus de 50 000 entreprises de la plasturgie demande « le report d'au moins un an de la mise en œuvre au niveau national de la directive » sur les plastiques à usage unique (SUP), ainsi que la levée de toutes les interdictions.L'argument principal est qu'en cette période de pandémie, le plastique à usage unique aide à lutter contre la propagation du virus. Sur le site de Plastalliance, qui dit lutter « pour la compétitivité de la plasturgie », on lit ainsi que « sans plastique à usage unique, vous n'aurez plus (d')emballages plastiques pour protéger contre les germes vos aliments, [...] de sacs plastiques à usage unique pour éviter les contaminations diverses ». Le site n'hésite pas à qualifier de « véritable hérésie sanitaire » la fin des emballages plastiques à usage unique promue par la France.
Retour en force (et en grâce ?)
Le service de recherche Bloomberg New Energy Finance (BNEF) a ainsi déclaré que la pandémie avait causé une explosion de la demande de certains produits. Avec les masques de protection, la demande de film plastique servant à emballer les aliments s'est largement développée. Parallèlement, un grand nombre d'autorités locales ou nationales ont d'ores et déjà annoncé le report du bannissement des plastiques à usage unique. C'est le cas de la ville de Sherbrooke, au Canada, et de ses 166 000 habitants, qui avaient prévu une fin des plastiques à usage dès le mois d'avril. Aux États-Unis, de nombreux États, notamment ceux du Maine, de l'Oregon et du New Hampshire ont reporté les bannissements de ces plastiques, voire en ont encouragé l'utilisation.À tout cela, le média Slate ajoute la baisse du cours du pétrole, rendant moins onéreuse la fabrication du plastique. Mentionnons enfin des mesures de confinement entraînant une surconsommation de produits préemballés alors que selon le JDD, la moitié de la France ne recycle plus ses déchets.
Si ce retour des plastiques à usage unique inquiète dans les milieux écologistes, le Covid-19 a permis une amélioration temporaire de la qualité de l'air. Cependant, il fait également craindre un pic de pollution et l'apparition de décharges sauvages. En 2018, l'ONU a estimé le nombre de sacs en plastique à bretelles à 5 000 milliards d'unités. Pourtant, BNEF se veut rassurant et relativise, déclarant qu' « à long terme, ce pic n'aura probablement pas d'influence importante sur la demande ou sur les objectifs de développement durable ».
Source : Slate