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L'UFC-Que Choisir et ses homologues européens appellent à une stricte régulation du secteur du jeu vidéo, accusé de persister dans ses mauvaises pratiques, notamment concernant les achats in-game.

C'est une véritable coalition d'associations de consommateurs qui fait face au monde du jeu vidéo. L'UFC-Que Choisir et vingt autres associations européennes ont décidé d'interpeller une dizaine d'éditeurs et de mettre en demeure EA Games (l'éditeur de FIFA, Battlefield et autres). Ils souhaitent que tous cessent ce que les organisations considèrent comme des pratiques trompeuses, sur un marché qui, sur le Vieux Continent, compte près de 500 millions d'adeptes.

Une réglementation contournée par les éditeurs qui exploitent les vulnérabilités des joueurs

Si le marché du jeu vidéo continue de prendre de l'ampleur en Europe, celui-ci souffre de vraies carences réglementaires, alors même que les utilisateurs sont, pour la plupart, des jeunes ou des adolescents. Et l'UFC-Que Choisir reproche justement aux éditeurs des pratiques qui consistent à générer un maximum de gains, sur le dos des joueurs. L'association prend l'exemple frappant des achats in-game (ces achats numériques supplémentaires faits directement dans le jeu) qui pesaient pour plus de 15 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2020.

Dès 2017, l'UFC-Que Choisir avait dénoncé le système des loot boxes, ces microtransactions qui, aujourd'hui, sont le symbole du fameux pay-to-win. Elles peuvent correspondre à des packs, des pochettes surprises ou des coffres à butin que l'on retrouve dans une majorité de jeux et dont les joueurs sont friands, même s'ils ne connaissent pas à l'avance leur contenu.

Un exemple de ce que dénonce l'UFC-Que Choisir en matière de manque de transparence © FIFA 2021
Un exemple de ce que dénonce l'UFC-Que Choisir en matière de manque de transparence © FIFA 2021

La dernière analyse d'ailleurs publiée par le Conseil norvégien des consommateurs (NCC) illustre bien les manquements des éditeurs vis-à-vis de la réglementation européenne. En effet, ils incitent notamment les joueurs à dépenser plus d'argent en exploitant leurs vulnérabilités par des biais cognitifs, avec des probabilités de gains trompeuses, le tout étoffé par un marketing agressif. Le rapport dénonce aussi l'utilisation des monnaies virtuelles, qui viennent masquer et même déformer les coûts réels des contenus.

L'UFC-Que Choisir réclame plus de transparence avec l'affichage des prix des contenus vendus dans les jeux

Pour l'UFC-Que Choisir, l'industrie du jeu vidéo a, ces dernières années, « mis en place un fin stratagème, en divisant en deux étapes l'achat d'un contenu dans le jeu ». Le joueur est en effet obligé, dans un premier temps, d'acheter une monnaie virtuelle qu'il va pouvoir utiliser exclusivement dans le jeu. Ensuite, il doit dépenser cette cagnotte pour acheter tel ou tel contenu.

« Les éditeurs ne s’embarrassent pas de retranscrire le prix en euros avant l’achat : tout est organisé pour faire oublier au consommateur le prix du contenu qu’il paye », pestent l'association et ses homologues européens.

En plus de solliciter une réglementation plus stricte visant à mieux protéger les mineurs, la vingtaine d'associations a décidé de mettre en demeure l'éditeur EA Games afin qu'il affiche en euros les prix des contenus qu'il vend dans ses jeux vidéo, pour une vraie transparence des transactions. L'UFC-Que Choisir promet d'attaquer en justice EA Games si ce dernier n'entend pas ses demandes.