© Stéphane Ficca pour Clubic
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Tout le monde connait Final Fight, cette emblématique saga de beat’em all signée Capcom, dont le premier épisode fut transcrit de l’arcade à la Super Nintendo en 1991 et suivi de deux épisodes en 1993 et 1995. Et bien en parallèle Final Fight 2, Capcom lançait aussi une version de Final Fight sur NES. Oui oui, sur NES.

Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...

En effet, alors que la Super Nintendo se faisait une place dans les foyers français depuis avril 1992, Capcom annonce, en plein milieu du mois d’août 1993, Mighty Final Fight, sur la vieillissante NES. La console 8 bits de Nintendo a évidemment connu son heure de gloire en France (et dans le monde entier), et les férus de beat’em all son encore nombreux à rejouer à des titres emblématiques comme Double Dragon 2, Battletoads ou encore River City Ransom. Pourtant, à l’heure de la Super Nintendo, nous étions peu nombreux à surveiller les nouvelles sorties NES.

Mighty Final Fight

Du Final Fight à toutes les sauces

Si la trilogie Final Fight fait partie des titres emblématiques de la ludothèque Super Nintendo, Mighty Final Fight s'est fait plus discret. Dans ce dernier, Jessica, la fille du maire de Metro City (qui n’est autre que Haggar lui-même) a été kidnappée par l’infame Mad Gear Gang, et il nous faut donc aller la sauver en incarnant au choix le très polyvalent Cody, le vif Guy ou encore le surpuissant Haggar.

Pour cet opus et afin de s’adapter à la faible puissance de la NES, Capcom a revu intégralement le rendu « réaliste » de l'original, qui laisse ici la place à des personnages en SD, avec des héros et des ennemis totalement remodelés pour convenir au mieux aux besoins du 8 bits. Si le résultat surprend, cela permet à Capcom de pousser la NES dans ses derniers retranchements techniques.

Sur le fond, Mighty Final Fight adopte un ton résolument plus décalé que les versions 16 bits et affiche des environnements et des animations très détaillés. Certes, ça clignote dans tous les sens, mais force est d’admettre que le jeu dispose d’une pêche spectaculaire, porté par des personnages qui vont, une fois n’est pas coutume, évoluer un peu comme dans un RPG (toutes proportions gardées bien sûr).

Un (tout) petit côté RPG

En effet, outre la barre de vie, on peut également apercevoir à l’écran des points d’expérience qu'on engrange au fil des ennemis occis. La palette de coups de chaque personnage est assez étoffée, et s'enrichit au fil des niveaux d’expérience, en plus de dégâts légèrement augmentés.

Evidemment, les possibilités restent limitées mais cette dimension ouvre en quelque sorte un petit jeu dans le jeu, et on a toujours hâte de découvrir le prochain enchainement réalisable. Chaque personnage peut arriver jusqu'au sixième niveau de compétences. C’est ingénieux, et relativement inédit pour le genre et l'époque.

Mighty Final Fight permet de déambuler dans cinq niveaux, lesquels sont constitués de deux environnements distincts, avant l’inévitable confrontation au boss de fin de stage. Evidemment, on retrouve des têtes bien connues des amateurs de Final Fight, mais on vous laissera le plaisir de la découverte.

Des dialogues ont même été ajoutés avant l’affrontement face à certains boss, avec des réponses sans conséquence mais qui ne manquent pas d'humour. Se moquer des boss avant de démarrer le combat pourra toutefois les rendre furieux, et leur faire perdre un peu de vie.

Un plaisir solitaire… de 45 minutes

Pour des raisons purement techniques, Mighty Final Fight limite à trois le nombre de personnages affichés simultanément à l’écran (soit le héros et deux adversaires), mais cela n’empêche pas le jeu de se montrer particulièrement coriace. Côté durée de vie, Mighty Final Fight nécessite environ 45 minutes pour être bouclé… à condition d'y parvenir évidemment.

Le jeu regorge d’originalité et de bonnes idées, mais il reste limité… à un seul joueur. En effet, tout comme le premier Final Fight sur Super Nintendo, cet épisode Mighty lancé deux années plus tard sur NES ne propose pas la moindre composante multijoueur, et c’est sans doute là son principal défaut.

En 2021, l'autre défaut de Mighty Final Fight, c'est malheureusement son prix. En effet, si le jeu est aisément trouvable en version japonaise (Famicom), il faut toutefois accepter de débourser entre 100 et 300 € pour s'offrir un exemplaire complet et en bon état. Pour ce qui est de la version PAL, à l'heure où sont écrites ces lignes, deux exemplaires sont en vente sur eBay, le premier à 3 500 €, le second à 4 999 €.

À l'occasion, si vous appréciez un tant soit peu la saga, et si vous retrouvez un exemplaire dans vos cartons, essayez de lancer une partie de Mighty Final Fight. Vous ne vivrez pas forcément votre plus beau moment de gamer, mais vous (re)découvrirez un Final Fight vraiment très étonnant et bourré d'humour, jouant à fond la carte de l'autodérision.