En mai 1992, SEGA lance sur Mega Drive un jeu aussi original qu’aguicheur pour les joueurs et joueuses SEGA, et aussitôt jalousé par les détenteurs de Super Nintendo : Kid Chameleon.
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la Mega Drive de SEGA n’était pas portée uniquement par Sonic, loin de là même ! La console 16 bits du groupe japonais a en effet pu compter sur de nombreux titres exclusifs, emmenés par des héros emblématiques, à même de faire rêver les jeunes « gamerz » que nous étions. Taz-Mania, Quakshot, Ristar, Legend of Thor, Comix Zone, Fantasia… Pas que du bon je vous l’accorde, mais des jeux qui titillaient la curiosité de n’importe quel joueur.
Parmi eux, on trouvait un titre à la jaquette d’une classe folle, avec un personnage ultra branché (façon Fonzy dans Happy Days), et un concept taillé pour les « kids » que nous étions : Kid Chameleon.
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...
La Mega classe de Kid Chameleon
À l’époque, qui n'est pas tombé sous le charme de cette jaquette dans le rayon dédié de l'hypermarché du coin ? Kid Chameleon c'était un jeu dans le jeu, puisque le titre signé SEGA nous plaçait dans la peau d’un jeune garçon en veste en cuir et lunettes de soleil, qui se retrouve aspiré au sein même du nouveau jeu d’arcade à succès : Wild Side. Un titre futuriste, dont le grand vilain, Heady Metal, prend un malin plaisir à capturer de pauvres joueurs innocents.
Une fois la cartouche insérée, le pitch est narré (en anglais) dans une courte introduction qui, à l’instar de la cover du jeu, transpire la classe. Et en prime, on profitait d'un écran titre lui aussi ultra stylé, et qui changeait d'ailleurs d'une session à une autre.
Un premier contact… déroutant
Pourtant, le premier contact manette en main avec Kid Chameleon est assez déroutant. Le jeu n’affiche pas de graphismes transcendants, et la maniabilité pèche par une certaine rigidité. À cela s'ajoute une inertie toute particulière, assez compliquée à appréhender.
Pire encore, malgré ses belles promesses, Kid Chameleon s’apparente d'abord à un ersatz de Super Mario Bros, avec des blocs à détruire, et des ennemis que l’on peut occire en usant de son séant, moulé dans un jean typique de l’époque. Mouaip, ça sent le déjà-vu… Mais tout cela, c'est avant de découvrir ce qui fait vraiment le sel du jeu : les transformations !
Des masques pour se transformer
En effet, à ce niveau, la promesse est tenue, et notre héros peut rapidement mettre la main sur divers masques, qui vont aussitôt permettre de modifier intégralement son apparence et ses capacités. Le masque Berserker permet par exemple de décupler sa force, de briser les murs fissurés ou encore projeter des blocs de métal.
Comment oublier également la transformation en chevalier, qui permet de grimper aux murs (!!!) ou encore d’user de son poids pour briser les blocs sous nos pieds. On peut aussi se glisser dans le costume d’un samourai, muni d’un sabre, ou dans celui de Maniaxe, un clone de Jason Voorhees, le tueur masqué de Vendredi 13. Le jeu prend alors une toute nouvelle dimension, et s'enrichit de multiples mécaniques de gameplay, avec une tonne de secrets à dénicher.
Le Club Nintendo en PLS ?
C’est simple, ce Kid Chameleon était l’archétype même du jeu « cool » que l’on rêvait de posséder dans sa ludothèque… À condition évidemment d’être #TeamSEGA. Le jeu fait partie de ces petites pépites qui étaient plus que largement jalousées par les membres du Club Nintendo (coucou !), au même titre que Sonic, Golden Axe et évidemment Streets of Rage. D'ailleurs, à l'époque, beaucoup voyaient dans Kid Chameleon un personnage inspiré de Marty McFly, de Retour vers le Futur… C'est vous dire le degré de « coolitude » du jeu signé SEGA.
Mais tempérons : dans les faits, si les premières transformations de Kid Chameleon confirment effectivement le style du jeu, on se heurte rapidement à une difficulté assez corsée, pas vraiment aidés par cette rigidité évoquée plus haut. Et la complexité s'accentue avec la multiplication des « blocs » : certains offrent certes des bonus, mais d’autres disparaissent lorsqu’on les touche, se transforment en ascenseur (qui peuvent vous tuer), se révèlent glissants, ou encore indestructibles…
À cela s'ajoutent également des diamants à collecter. Comme dans un Super Mario Bros, en récupérer 100 permet d'obtenir une vie supplémentaire, et il est aussi possible de les utiliser pour déclencher certains pouvoirs, spécifiques aux différentes transformations (deux pouvoirs par transformation en règle générale). Pour cela, il faut maintenir le bouton A enfoncé, et appuyer sur la touche Start.
Un jeu très (trop) « old school » ?
Kid Chameleon - à la programmation duquel on retrouve
Mark Cerny, qui s’occupera plus tard des PlayStation 4 et PlayStation 5 - est un jeu long, très long même, puisqu’il impose de visiter plusieurs dizaines de niveaux (un peu moins d’une centaine au total), sans le moindre mot de passe ou autre système de sauvegarde. Il faut donc le finir « d’une traite », et autant dire que rares sont les joueurs ou joueuses à avoir pu découvrir le fin mot de l’histoire…
Aussi cool et adulé des jeunes joueurs qu’il était, Kid Chameleon fait partie de ces jeux SEGA à n’avoir connu qu’un seul et unique épisode. La faute à cette trop grande difficulté ? On n'a en tout cas jamais pu profiter de la moindre suite, la licence se limitant donc à ce seul opus lancé en boutiques un jeudi 28 mai 1992. Depuis, le jeu a notamment été réédité pour la SEGA Mega Drive Collection sur PSP et PS2, mais aussi plus récemment pour la petite Mega Drive Mini.
Pour de nombreux joueurs, Kid Chameleon est incontestablement un pilier de la ludothèque Mega Drive. Pour autant, contrairement à d'autres exclusivités de la console de SEGA, le jeu ne fait pas l'unanimité, et quand certains vantent son originalité, sa durée de vie, ses transformations, ses passages secrets et ses transformations ultra stylées, d'autres pestent, depuis près de 30 ans maintenant, en raison de sa maniabilité très approximative, d'une difficulté trop élevée, de graphismes moyens et de l'absence totale de sauvegarde/mot de passe.
Quoi qu'il en soit, Kid Chameleon sera parvenu, en un seul et unique épisode, à marquer l'histoire de la Mega Drive, mais aussi les esprits de nombreux joueurs et joueuses, qui aujourd'hui frôlent (ou ont même largement dépassé pour certains) la quarantaine…Et bonne journée bien sûr !