Alors que la concurrence s'annonce de plus en plus acharnée sur le segment du cloud gaming avec PlayStation Now qui élève son niveau, NVIDIA GeForce Now qui offre une proposition intéressante et les GAFA qui s'y sont mis (Amazon Luna et Google Stadia), Microsoft mise toujours sur son Game Pass dans les nuages avec xCloud, cette fois sur PC. Que vaut la plateforme à ce jour ? Nous l'avons testée pour répondre à cette interrogation.
Il y a un an, nous testions à son lancement xCloud sur mobile Android. Après douze mois d'attente, la plateforme de cloud gaming débarque enfin sur PC en bêta fermée. Notre dernier test nous avait laissé une bonne impression malgré un goût d'inachevé, qu'en sera-t-il de cette version dédiée aux ordinateurs ? Réponse dans cette prise en main.
Pas d'application mais une version web
Sur Android, une application dédiée xCloud permettait de jouer en streaming aux débuts du service. Le service a ensuite été directement intégré dans l'application Xbox Game Pass. Sur ordinateur, la situation est différente : pas d'app, xCloud est disponible depuis un navigateur web via l'URL Xbox.com/Play.
Un choix qui peut sembler étonnant sur Windows, qui intègre pourtant très bien l'application Xbox. Ce sera peut-être pour le futur, on imagine que Microsoft s'est porté sur ce choix afin de supporter le plus de plateformes possible. Avec un xCloud web, le Game Pass se rend en effet disponible non seulement sur PC Windows, mais aussi sur Mac, iPhone et iPad.
Pour rappel, Apple a refusé une application xCloud sur l'App Store, sous motifs de sécurité, désirant vouloir valider chaque jeu disponible en cloud gaming individuellement sous la forme d'une application pour chaque titre. Autant dire que l'ergonomie et l'expérience utilisateur ainsi proposées ne seraient pas à la hauteur de ce à quoi prétend Microsoft, qui a été contraint de lancer en urgence le développement d'une version web pour les appareils Apple, de laquelle profitent donc également les PC.
Une interface utilisateur perfectible
L'interface web de xCloud se montre simpliste, mais n'est pas un modèle d'ergonomie compte tenu du fait que l'on se trouve sur PC. Comme nous sommes dans un navigateur, le plein écran est à activer chaque fois manuellement. La navigation à la manette est assez semblable à ce que l'on peut avoir sur Xbox au niveau de la logique du passage d'un contenu à l'autre. On préfère tout de même l'usage de la souris pour des scrolls plus rapides et pour sélectionner plus rapidement un contenu.
La mise en avant de contenus par Xbox prend une bonne portion de l’écran, il faut descendre pour retrouver les jeux précédemment lancés. Grâce à la synchronisation, les titres joués sur une autre plateforme (console Xbox ou mobile) sont également listés à cet endroit. Plus bas, les jeux récemment ajoutés au Game Pass sont affichés, puis une dernière section donnant accès à l’ensemble du catalogue de xCloud sur PC.
Même si nous sommes sur ordinateur, nous jouons à des jeux Xbox, développés pour console, qui tournent sur du matériel à l'architecture Xbox. Les menus en jeu sont donc ceux des titres Xbox, il n'est par exemple pas possible d'ajuster les graphismes.
C'est contre-intuitif, mais il n'y a pas non plus de support du combo clavier-souris, il faut obligatoirement connecter une manette au PC pour jouer, exception faite des jeux prenant en charge les contrôles tactiles si vous votre appareil est équipé d'un écran tactile.
Nous avons parfois eu un problème pour lancer un jeu, car xCloud requiert une manette. Quand il n'en détecte pas, un message d'avertissement apparaît à l'écran. Le souci est qu'il faut naviguer dans l'interface à la manette au préalable pour que celle-ci soit détectée, elle ne l'est pas si elle simplement branchée à l'ordinateur ou connectée en Bluetooth. C'est un détail, mais qui vient s'ajouter à tous les autres et qui peut empêcher de bénéficier d'une expérience fluide.
Une fois en jeu, deux icônes dans le coin supérieur gauche restent à l’écran de manière permanente, gâchant quelque peu l’immersion. C’est d’autant plus dommage que ces deux boutons sont seulement cliquables à la souris, ils pourraient donc disparaître pour seulement réapparaitre lorsque l’on bouge la souris puisque l’on joue à la manette.
L'icône Xbox permet d'ouvrir une fenêtre sociale pour la communication avec les contacts et suivre la progression des succès. Le bouton à ses côtés permet de passer en plein écran, de couper le son ou de quitter le jeu.
Nous avons aussi eu le cas de jeux qui se lancent par défaut en anglais, alors que le même titre sur notre Xbox est en français. On espère que ces petits défauts seront corrigés d'ici à la sortie de bêta, mais il est désormais temps d'attaquer le gros morceau de ce test : quelle expérience fournit xCloud une fois un jeu lancé ?
Difficilement jouable en Wi-Fi, beaucoup mieux en Ethernet
Afin de mettre à l'épreuve le service et de couvrir plusieurs usages, nous avons testé xCloud sur PC à la fois en Wi-Fi et en Ethernet ainsi que sur plusieurs diagonales d'écran : 32 pouces, 24 pouces et 15,6 pouces.
En filaire ou sans-fil, les temps de chargement sont sensiblement aussi rapides que sur Xbox One S. Nous n'avons pas constaté non plus un input lag supérieur entre l’action sur la manette et sa réalisation en jeu que sur console. La latence est également très bonne dans les deux cas, notre bonne connexion internet (4 ms de ping en Wi-Fi et 2 ms en Ethernet en moyennes selon les mesures de nPerf) est ici bien exploitée en la matière.
Par contre, les performances en Wi-Fi ne sont vraiment pas incroyables. La fluidité dans certains jeux est correcte, comme sur Yakuza Kiwami 2, et ce même en combat. Nous n’avons par contre pas tenu bien longtemps sur eFootball PES 2021 ou Forza Horizon 4, des jeux pour lesquels le manque d’images par seconde n’est pas seulement désagréable pour l'œil, mais aussi handicapant pour le gameplay.
L'expérience fut largement plus convaincante une fois notre PC relié au routeur via un câble Ethernet. Nous avons alors assisté à un très net gain d'images par seconde sur tous les jeux. Même sur un gourmand Forza Horizon 4, l'image était presque aussi fluide que sur une Xbox One S.
Cette différence très marquée entre Wi-Fi et Ethernet nous laisse quelque peu circonspects. S'il est normal d'avoir de meilleures performances en filaire, nous ne pensions pas constater un si grand écart alors que Microsoft conseille une connexion d'au moins 10 Mbps pour utiliser xCloud et que nous avons mesuré notre connexion internet en Wi-Fi, une nouvelle fois avec l'outil de nPerf, autour des 300 Mbps. Des débits qui ont doublé avec le passage au câble pour dépasser les 600 Mbps, mais nos 300 Mbps en Wi-Fi auraient en théorie dû se montrer suffisants.
Une qualité d'image qui doit s'améliorer
Sur notre écran de 32 pouces, la qualité d’image laissait clairement à désirer. L’aspect général était plutôt mauvais et nous avons constaté de graves défauts pour certains éléments graphiques qui nécessitent beaucoup de détails, comme les cheveux des personnages. Sur PES, la pluie s’apparentait même à une traînée de Pixel tombant de haut en bas. Idem pour une chute d'eau sur Outriders. Certes, les joueurs disposant d'un écran 32 pouces ont généralement la tour gaming qui va avec et n'ont pas besoin de xCloud, mais au moins nous sommes fixés : mieux vaut éviter le service de cloud gaming sur une telle dalle.
Sur des écrans plus petits, ces défauts sont bien moins visibles. Le rendu est plus satisfaisant sur une dalle de 24 pouces, sans non plus nous faire sauter au plafond, loin de là. Et sur un PC portable de 15,6 pouces, l'image commence à devenir acceptable. Pour Microsoft, les laptops voire les ultrabook sont d'ailleurs sans doute l'une des principales cibles recherchées avec xCloud, puisque ce genre de matériel n'est souvent pas assez puissant pour faire tourner les jeux en local.
Si une définition 720p nous avait paru suffisante lors de notre test de xCloud sur mobile Android, une telle qualité ne permet pas de bénéficier d’une excellente expérience sur ordinateur. Microsoft prévoit de passer progressivement à une définition 1080p d’ici la fin de l’année, ce qui devrait considérablement améliorer le rendu graphique des jeux. Rappelons qu’actuellement, les serveurs Azure qui font tourner xCloud disposent d’une architecture basée sur celle de la Xbox One S. Dans le futur, nos jeux tourneront sous des configurations semblables à celle de la Xbox Series X. Avec un meilleur GPU et la présence d’un SSD, nul doute qu’on assistera à un sacré bond de performances, tant en termes de fluidité que de rapidité et de qualité graphique.
Catalogue de jeux
xCloud sur PC ne permet de jouer qu'à des jeux du Game Pass console, et non pas à ceux du Game Pass PC. Les titres du catalogue de ce dernier ne sont donc pas disponibles. Mais la plateforme permet donc à des joueurs sur PC d'accéder à des titres qui ne sont normalement proposés que sur le Game Pass console. C'est le cas de Grand Theft Auto V par exemple, qui n'est pas sur le Game Pass PC et qui peut désormais être joué sur ordinateur via xCloud.
On peut aussi regretter que des jeux free-to-play accessibles à tous sur Xbox ou PC manquent à l'appel sur xCloud. On pense notamment à des titres multijoueurs populaires comme Rocket League et Fortnite, absents du Game Pass, et donc également de xCloud.
Pour le reste, le catalogue du Game Pass console reste très riche et varié compte tenu du prix de l'abonnement. Et il devrait continuer d'évoluer dans le bon sens avec les partenariats et sorties first party à venir. Starfield sera une exclu PC et Xbox par exemple, inclus au Game Pass, et donc disponible sur xCloud.
Notre avis sur xCloud pour PC
Pour l'instant, xCloud sur PC nous semble être avant tout une solution de dépannage qui peut rendre service de temps en temps. Le service de cloud gaming de Microsoft est encore en version bêta, et cela se voit. L'interface utilisateur n'est pas exempte de tous défauts, et la limitation actuelle à une définition 720p rend les jeux hideux sur les grandes diagonales d'écran. Les performances rendues en Wi-Fi malgré une bonne connexion nous ont également déçues.
Par contre, nous avons pu atteindre en Ethernet un niveau de fluidité à la hauteur de ce que peut offrir une Xbox One S. Mention d'honneur à la très faible latence qui laisse entrevoir un fort potentiel pour cette technologie dans le futur. Nous attendons avec impatience le passage des serveurs à une architecture Xbox Series X et à une définition 1080p comme sur le PlayStation Now depuis peu pour que xCloud s'impose comme une véritable alternative sur PC.