Après des années de bêta, et plus d'un an depuis sa sortie officielle, GeForce Now est encore un service de cloud gaming en pleine mutation. En 2021, correspond-il à vos besoins ? Réponse dans cet état des lieux de la plateforme de NVIDIA.
- Performances et stabilité en Ethernet
- Qualité d'image
- Jouer à ses jeux Steam, Epic, Ubi... en ultra
- Le ray tracing accessible à tous
- Offre gratuite ou abonnement payant abordable au choix
- La 4K upscalée de la Shield TV Pro
- Des sessions limitées en durée
- Interface et ergonomie perfectibles
- Limité à 1080p
- Pas de support du HDR
- Un catalogue qui doit encore grandir
- Pour jouer sur TV, il faut acheter une Shield
GeForce Now sortait de bêta en grande pompe au début du mois de février 2020 pour s'offrir une première version stable à destination du grand public. Depuis, NVIDIA a déployé plusieurs mises à jour qui changent radicalement l'expérience de jeu octroyée par le service.
Un an plus tard, nous avons passé au crible la plateforme de cloud gaming afin de juger ce qu'elle vaut en 2021, dans un contexte de pénurie de cartes graphiques et de consoles nouvelle génération empêchant certains joueurs de se procurer du matériel pour jouer dans les meilleures conditions.
Jouer en streaming depuis n'importe quel appareil
C'est la promesse du cloud gaming en général et de GeForce Now en particulier : jouer depuis n'importe quel écran sans devoir se soucier de la puissance du support, tant que celui-ci est compatible avec les codecs de compression vidéo H.265 ou H.264.
GeForce Now est disponible sur mobile (application Android et via le web sur Safari), sur ordinateur (Windows, Mac, Chromebook) et sur téléviseur via un boîtier Shield TV. LG a annoncé que ses téléviseurs de 2021 intègreront une application GeForce Now directement dans webOS. Pour les besoins de notre test et pour couvrir une large partie de l'expérience proposée, nous avons joué avec GeForce Now sur smartphone Android, PC Windows 10 et Shield TV Pro.
Quelle que soit la plateforme, ce sont les versions PC des jeux qui tournent sur les serveurs de NVIDIA et qui sont renvoyées en streaming sur l'appareil. Il est possible de jouer au clavier et à la souris en filaire ou Bluetooth sur PC et en Bluetooth sur Shield TV Pro. Les manettes de jeu Bluetooth peuvent être utilisées sur tous les supports, et notamment les contrôleurs Xbox One, Xbox Series, PS4 et PS5.
Un catalogue qui continue de grandir
A son annonce, GeForce Now avait convaincu par son modèle économique consistant à permettre de jouer dans le cloud à des jeux que l'on possède déjà sur les différents launchers du marché. Pas besoin donc de racheter des jeux comme sur Stadia ou de se contenter d'un catalogue de titres défini comme avec xCloud, seulement disponible dans le Game Pass.
Avec un peu plus de recul, cette stratégie nous parait toujours extrêmement pertinente. En plus de ne pas avoir à acheter de puissantes machines pour profiter de jeux gourmands, l'utilisateur a le choix de la plateforme sur laquelle il veut acheter un jeu. Et quand on sait que les prix des jeux PC est souvent moindre à ceux des autres supports, il y a de quoi se procurer les titres qui nous intéressent à un tarif intéressant. Des jeux qui nous appartiennent et qui sont toujours disponibles en-dehors de l'écosystème NVIDIA, contrairement à ce que proposent Stadia et xCloud.
Aujourd'hui, plus de 800 jeux sont disponibles via GeForce Now. Chaque semaine, NVIDIA annonce de nouveaux titres compatibles pour enrichir son catalogue. On retrouve notamment les derniers gros jeux attendus, 80 free-to-play parmi les plus populaires du moment et une sélection généreuse de titres indépendants, dont les éditeurs tentent de surfer sur la vague cloud gaming pour se faire connaître et rendre disponible leurs productions au plus grand nombre.
L'intégration de Steam bien pratique, mais…
Reste que ce qui fait la force du modèle de GeForce Now constitue également peut-être sa plus grande faiblesse. Quand un utilisateur est intéressé par un jeu, il doit vérifier que celui-ci soit bien disponible sur le service. Ensuite, il doit aussi regarder sur quelle plateforme le titre est disponible sur GeForce Now, car il est possible que celui-ci ne soit pas supporté sur tous les launchers sur lesquels il est vendu. The Witcher III n'est jouable sur GeForce Now que si le vous possédez sur Steam par exemple.
Pour ajouter un jeu à sa bibliothèque, l'expérience varie selon le launcher sur lequel on possède la licence. Sur Steam, le système proposé est très pratique. Il suffit de lier son compte à GeForce Now et de lancer une synchronisation pour que tous ses jeux Steam compatibles GeForce Now apparaissent dans la bibliothèque. Valve est d'ailleurs particulièrement enthousiaste à l'idée de voir GeForce Now rendre ses jeux plus accessibles, et propose lui-même aux éditeurs qui souhaitent lancer un jeu sur Steam s'ils désirent que celui-ci soit compatible GeForce Now.
Pour les autres plateformes par contre, c'est une autre histoire. Déjà, NVIDIA n'a pour le moment d'accord qu'avec Epic Games Store et Ubisoft Connect (ex Uplay). Cyberpunk sur GOG est également disponible, en attendant l'arrivée potentielle des autres jeux de la plateforme. Origin, Blizzard, Microsoft Store et les autres sont quant à eux absents.
Il n'y a pas de synchronisation des bibliothèques avec ses jeux Epic Games Store, Ubisoft Connect et GOG pour l'instant (cela devrait arriver dans le futur). Il faut donc ajouter manuellement un jeu en tapant son nom dans la barre de recherche de GeForce Now puis choisir le launcher depuis lequel on souhaite le lancer. Ce n'est pas la mer à boire, mais c'est tout de même légèrement embêtant lorsque l'on veut ajouter beaucoup de jeux à sa bibliothèque GeForce Now.
Une fois qu'un titre est intégré à sa bibliothèque, il peut être lancé depuis n'importe quel support. GeForce Now se connecte alors au launcher antérieurement sélectionné. Il faut renseigner ses identifiants la première fois que l'on lance un jeu, pour que le système vérifie que l'on est bien en sa possession. Il n'y ensuite plus besoin de les entrer à chaque session de jeu, et ce même si l'on change d'appareil. Nous avons constaté quelques difficultés à taper les mots de passe sur Shield TV Pro sans clavier physique connecté, aucun clavier virtuel n'apparaissant à l'écran pour entrer le password avec la manette ou la télécommande, obligeant à lancer le jeu la première fois sur PC ou mobile puis de basculer sur la Shield TV Pro.
Le fait que GeForce Now doive d'abord lancer un launcher, puis le jeu, fait perdre quelques secondes, on entre donc dans le vif du sujet un peu moins rapidement que sur d'autres plateformes de cloud gaming. C'est d'autant plus vrai lorsque l'on a affaire à un jeu acheté sur un service mais qui en nécessite un autre pour démarrer. On pense notamment aux jeux Ubisoft achetés sur l'Epic Games Store, qui requièrent l'ouverture de deux launchers, celui d'Epic puis celui d'Ubi.
Il est bien sûr possible de reprendre une partie là où on s'était arrêté sur un autre support instantanément grâce aux sauvegardes via le cloud.
Petit bémol, le joueur est automatiquement déconnecté au bout de 8 minutes d'inactivité, une décision qui se comprend pour libérer les serveurs et réduire les files d'attente pour les joueurs gratuits, mais qui peut s'avérer frustrante lorsque l'on est habitué à mettre son jeu en pause plus longtemps pour aller aux toilettes, faire la vaisselle ou descendre à l'épicerie en bas de chez soi.
L'expérience utilisateur est au final moins fluide qu'avec un xCloud ou un Stadia. En contrepartie, NVIDIA nous offre une plateforme ouverte et bien plus de liberté que ses concurrents. La marque cible clairement un autre public que Google et Microsoft.
La meilleure qualité d'image du cloud gaming
Pour mettre à l'épreuve les serveurs de NVIDIA, nous avons notamment joué à Control, Cyberpunk 2077 et Assassin's Creed Valhalla, une sélection qui permet de juger les capacités de GeForce Now en ray-tracing et les performances octroyées sur des jeux particulièrement gourmands en ressource et pas toujours des mieux optimisés.
Le service détermine lui-même les meilleurs paramètres graphiques pour chaque jeu afin de créer un équilibre entre qualité d'image et fluidité. Il est toutefois possible de les régler à son goût comme pour n'importe quel jeu PC. Dans son interface, GeForce Now permet également de configurer la qualité du streaming pour choisir si privilégier les graphismes, les performances (pour le multijoueur en ligne notamment) ou l'économie de bande-passante (pratique en 4G ou 5G).
La stabilité fut impressionnante. Même en WiFi, nous avons constaté peu de ralentissements et de chutes de framerate, les quelques désagréments survenant ayant alors pour origine une défaillance de la connexion WiFi et non de GeForce Now. En Ethernet, avec une connexion fibrée à 600 Mbps, l'expérience fut tout à fait concluante, avec également une latence extrêmement faible mesurée aux alentours des 20 ms.
Nous n'avons que rarement constaté un effet de lag ou de décalage entre l'action à l'écran et les contrôles une fois le jeu lancé avec une connexion filaire et en restant avec les paramètres graphiques par défaut. Quelques problèmes de réactivité sont à souligner après une certaine période sans utiliser la manette, suite à une longue cinématique par exemple, mais la situation revient rapidement à la normale. Sur certains jeux, il nous a été possible de monter les graphismes au maximum sans trop grande perte de performances, mais mieux vaut se tenir aux paramètres établis par NVIDIA sur les jeux les plus gourmands.
L'image est nette et détaillée, et on n'observe que peu de détérioration dans le feu de l'action. Les environnements sombres sont sujets à plus de défauts. La palme revient bien entendu à la Shield TV Pro, qui offre une qualité 4K à 60 images par seconde via sa fonction de mise à l'échelle de l'image par intelligence artificielle. On voit bien qu'il ne s'agit pas de 4K native, mais la définition reste très bonne. Le boitier permet ainsi de jouer sur de grandes diagonales d'écran dans de bonnes conditions. Car sur les autres supports, GeForce Now est limité à 1080p. Pour avoir testé de nombreuses solutions et configurations de cloud gaming, le setup GeForce Now avec Shield TV Pro connecté en filaire sort clairement du lot et prétend à la meilleure proposition du moment en la matière.
La présence du RTX est un vrai plus pour profiter d'une meilleure immersion sur les jeux compatibles. Nous pensons notamment à Control et Cyberpunk 2077, qui exploitent merveilleusement bien le ray-tracing. On regrette par contre l'absence de compatibilité HDR du service, même via Shield TV Pro.
Un prix attractif
Deux formules sont actuellement disponibles pour utiliser GeForce Now.
Vous pouvez jouer gratuitement, mais seulement par sessions d'une durée d'une heure. Celles-ci sont illimitées, mais vous devez vous reconnecter toutes les 60 minutes et potentiellement refaire la file d'attente avant de jouer.
Avec l'abonnement Fondateurs, la session de jeu est étendue à 6 heures, et en principe sans file d'attente. Vous bénéficiez également du ray-tracing, qui n'est pas disponible avec l'offre gratuite. Comptez 27,45 euros pour 6 mois de GeForce Now Fondateurs, soit moins de 5 euros mensuels. NVIDIA a pour l'instant retiré son forfait mensuel face à l'afflux de joueurs saturant les serveurs.
Un positionnement tarifaire que nous estimons très pertinent. La formule gratuite permet de tester le service sans frais et de jauger si sa connexion permet d'en profiter dans de bonnes conditions. GeForce Now est aussi en train de devenir une plateforme hébergeant des démos, grâce à laquelle on peut essayer des titres avant de les acheter. Exemple avec la démo d'Outriders accessible dès le 25 février sur GeForce Now, ou encore la disponibilité des démos présentées à l'occasion des Game Awards.
Ceux qui veulent investir dans la mise à niveau Fondateurs pour accéder à l'expérience complète ne regretteront pas leur choix tant le tarif est intéressant à ce jour pour les avantages procurés.
GeForce Now : l'avis de Clubic
GeForce Now ne s'adresse pas à toutes les catégories de joueurs, mais plutôt aux PCistes en mal de hardware. Son fonctionnement et son interface sont moins faciles à prendre en main que sur Stadia ou xCloud, qui parviennent à nous faire oublier les challenges techniques qu'induit le cloud gaming.
Mais ce n'est pas vraiment un problème car GeForce Now vise un public plus habitué aux interfaces PC que les autres services de cloud gaming, qui ciblent une audience plus casual. Le service convaincra les gamers qui n'ont pas accès à leur tour gaming en déplacement, les joueurs qui n'ont pas l'envie ou la possibilité d'investir des sommes folles dans du matériel ou ceux qui veulent jouer facilement sur leur TV.
La qualité d'image, la stabilité et la faible latence nous ont convaincu, alors que le support du ray-tracing fait aussi une belle différence. Sur Shield TV Pro, avec de la 4K upscalée à 60 fps, nous avons même savouré notre meilleure expérience de cloud gaming jusqu'ici, Stadia ayant bien du mal à tenir ses promesses de 4K native à 60 fps. Sur mobile et surtout sur PC, la limite à 1080p est quelque peu frustrante alors que les écrans QHD 1440p se démocratisent.
Enfin, le fait de pouvoir faire tourner des jeux que l'on possède sur Steam et consorts est un atout formidable, tout comme le tarif de l'abonnement Fondateurs, très abordable à ce jour au vu des prestations. On attend par contre que le catalogue de jeux s'étoffe et une disponibilité sur téléviseur au-delà des boîtiers Shield pour être pleinement satisfaits.
Le positionnement stratégique et tarifaire nous plaît bien plus que celui de Stadia, et s'éloigne suffisamment de celui de xCloud pour répondre à une demande qui n'était jusqu'ici pas couverte : pouvoir profiter de ses jeux Steam et autres plateformes sur n'importe quel support (mobile, PC, TV) dans de bonnes conditions.
Début 2021, GeForce Now nous parait être un excellent service d'appoint qui répond à certains besoins spécifiques. Il apparaît encore limité, aussi bien en termes de catalogue que d'interface, et on aimerait aller au-dessus du 1080p pour les connexions rapides et stables. Mais la technologie fonctionne très bien, le potentiel est là, et on sent qu'il ne manque que des mises à jour pour améliorer l'expérience.
- Performances et stabilité en Ethernet
- Qualité d'image
- Jouer à ses jeux Steam, Epic, Ubi... en ultra
- Le ray tracing accessible à tous
- Offre gratuite ou abonnement payant abordable au choix
- La 4K upscalée de la Shield TV Pro
- Des sessions limitées en durée
- Interface et ergonomie perfectibles
- Limité à 1080p
- Pas de support du HDR
- Un catalogue qui doit encore grandir
- Pour jouer sur TV, il faut acheter une Shield