La Chine serait-elle en train de prendre une avance notable dans la course à la fusion nucléaire ? On peut se poser la question si l'on compare deux annonces récentes. Le 3 février dernier, l'Allemagne communiquait sur le maintien, pendant une durée record d'un quart de seconde, d'un plasma d'hydrogène à la température de 80 millions de degrés Celsius. Optimistes, les chercheurs envisageaient d'atteindre les 10 secondes dans un futur proche.
À peine trois jours plus tard, la Chine montre ses muscles et relativise l'exploit allemand en déclarant être parvenue à maintenir un plasma à 50 millions de degrés Celsius durant 102 secondes. La température est certes moins élevée, mais la durée est exceptionnellement plus longue.
L'article à venir dans le réputé Physical Review Letters explique comment les ingénieurs chinois du programme EAST (Experimental Advanced Superconducting Tokamak) sont parvenus à ce résultat prometteur. Et eux aussi se montrent enthousiastes, puisque comme le signale Tech Insider, ils imaginent déjà pouvoir maintenir une température de 100 millions de degrés durant 1 000 secondes.
Une température encore insuffisante pour assurer une bonne rentabilité de la fusion, mais qui constituerait un nouveau pas de géant vers l'objectif qu'est la fusion nucléaire maîtrisée.
Qu'est ce que la fusion nucléaire ?
La fusion nucléaire est un phénomène physique à mettre en opposition à la fission nucléaire. Dans le premier cas, on part de noyaux d'atomes légers qui vont fusionner pour produire un noyau plus lourd. Dans le second, c'est un atome lourd qui va se désintégrer pour former deux noyaux plus légers (ou un noyau plus léger et une particule). Le cœur du Soleil est le théâtre de fusion (où l'hydrogène se transforme en helium), la fission est le mécanisme à l'oeuvre dans les centrales nucléaires.Si les phénomènes génèrent tous deux une grande quantité d'énergie, la fusion possède plusieurs avantages par rapport à la fission. Le plus important d'entre eux concerne sans doute le combustible : alors que la fission nécessite des noyaux lourds comme celui de l'uranium (une denrée rare), la fusion n'a besoin que... d'eau. En effet, la fusion envisagée pour faire fonctionner de futures centrales est celle du deutérium, présent en quantité dans les océans.
Enfin, les produits de fusion ne sont pas radioactifs comme le sont ceux issus d'une fission, avec les problèmes de stockage que l'on connait.