La HAS considère que l'efficacité de l'homéopathie est « insuffisante ». Désormais, il appartient au gouvernement de trancher définitivement.
Le débat autour de l'homéopathie faisait rage, mais la Haute autorité de santé, autorité administrative indépendante à vocation scientifique, a tranché dans le vif après avoir été saisie de la question par le ministère des Solidarités et de la Santé. Dans un avis rendu ce vendredi 28 juin, l'autorité s'est prononcée contre la prise en charge de l'homéopathie par l'assurance maladie. Il s'agit de la première évaluation scientifique française à ce sujet.
1 200 médicaments homéopathiques passés au crible
Inscrits au remboursement SECU il y a plusieurs décennies, les médicaments homéopathiques n'avaient encore pas été évalués scientifiquement, contrairement aux autres remèdes. La commission de la transparence de la HAS a mené une solide évaluation concernant près de 1 200 médicaments homéopathiques, décortiqué des dossiers déposés par les laboratoires concernés (Boiron, Rocal-Lehning et Weleda) et analysé de nombreuses publications scientifiques.Après neuf mois de travail, la commission n'a pu que rendre un avis défavorable à l'issue de sa dernière plénière du 26 juin, synonyme de fin du remboursement annoncé des médicaments homéopathiques.
Une efficacité insuffisante pour justifier d'un remboursement
Pour justifier sa décision, la Haute autorité de la santé a identifié des données scientifiques pour 24 affections et symptômes traités avec des médicaments homéopathiques. Parmi les symptômes, on retrouve des troubles de l'anxiété, des infections respiratoires chez l'enfant, des verrues plantaires ou des soins de support en oncologie.L'autorité a considéré que pour ces affections et symptômes, les médicaments homéopathiques n'ont pas été d'une « efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement », scientifiquement parlant. Les membres de la HAS ont noté l'absence de preuves de l'efficacité (c'est-à-dire l'absence de données cliniques) ainsi que l'absence d'étude concrète permettant d'évaluer l'impact de tels médicaments sur la qualité de vies des patients.
La Haute autorité n'estime pas non plus nécessaire de recourir systématiquement aux traitements homéopathiques pour traiter des pathologies sans gravité et qui guérissent spontanément. Enfin, elle a relevé l'absence d'une diminution du mésusage, du nombre d'hospitalisations ou de la consommation d'autres médicaments, en cas de traitement homéopathique.
Si la HAS n'a rendu qu'un « avis », il paraît probable qu'Agnès Buzin, ministre des Solidarités et de la Santé, se décidera à le suivre, même si pour l'heure, sa grande priorité reste la gestion de la canicule et son impact.