Situé entre les villes de Sandstone et de Meekatharra en Australie-Occidentale, le cratère de Yarrabubba est désormais le plus ancien connu à ce jour. Les géologues ont en effet daté son apparition à 2,2 milliards d'années, soit la moitié de l'âge de la Terre. Cette avancée significative nous ouvre une nouvelle fenêtre sur le passé de notre planète.
Le cratère de Yarrabubba est 200 millions d'années plus vieux que le Dôme de Vredefort en Afrique du Sud, jusqu'alors considéré comme le plus ancien impact d'astéroïde connu. Des roches encore plus âgées, allant jusqu'à il y a 3,4 milliards d'années et résultant de collisions de comètes ou d'astéroïdes ont déjà été découvertes par les chercheurs. Aucun cratère associé n'a toutefois été détecté, probablement effacé par l'érosion au cours des années.
Analyser les minéraux
En 2003, une étude s'intéressait déjà au cratère de Yarrabubba, mais ce n'est que dans une nouvelle publication parue ce 21 janvier dans la revue Nature Communications que les scientifiques sont parvenus à établir son âge. Mesurant 70 kilomètres de diamètre, il date d'il y a environ 2,229 milliards d'années, à 500 millions d'années près, un temps connu comme le Protérozoïque. À peine perceptible à l'œil nu, le cratère a été découvert grâce à des anomalies magnétiques et la présence de roches issues de l'impact.The Yarrabubba asteroid landed 2.2 billion years ago. Around the same time, the icy Earth went through a big thaw. https://t.co/AiFZSDB4VG pic.twitter.com/kBjdri2aTa
— The Conversation (@ConversationEDU) January 22, 2020
Ce sont justement ces roches qui ont permis aux chercheurs de le dater. Elles contiennent en effet des minéraux appelés zircon et monazite, dans lesquels se trouve de l'uranium. Il s'agit d'un élément qui se désintègre en plomb à un rythme constant au fil du temps : en analysant cela, les scientifiques sont donc parvenus à établir la période de la formation du cratère. Chris Kirkland, de l'université de Curtin, a expliqué à la BBC que cette méthode pouvait être comparée à « lire dans le tronc d'un arbre ».
Et si l'impact avait entraîné un réchauffement climatique ?
« Le cratère a été créé juste à la fin de ce que l'on appelle la première Terre boule de neige, une époque où l'atmosphère et les océans évoluaient et devenaient plus oxygénés et où les roches déposées sur les continents enregistraient des conditions glaciaires », a précisé Chris Kirkland à ScienceAlert, une période qui précède par ailleurs un réchauffement de la Terre.En prenant ces données en compte, les scientifiques ont effectué une simulation par ordinateur afin de connaître les conséquences d'un tel phénomène. Ils ont ainsi imaginé que l'astéroïde avait effectivement percuté une large couche de glace. Dans ce cas, la collision aurait évacué plus de 2 milliards de tonnes de vapeur d'eau, un gaz à effet de serre, dans l'atmosphère. Cela aurait grandement impacté le climat de la planète et entraîné un réchauffement de ce dernier, ainsi qu'une fonte des glaces.
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Cette hypothèse ne peut toutefois pas être avérée, car il n'existe encore aucun modèle climatique global du Protérozoïque fiable à 100 %. Elle n'en reste pas moins plausible, surtout lorsque l'on connaît les effets dévastateurs que peuvent avoir les impacts d'astéroïdes sur la Terre.
Source : The Conversation