Après sept mois de trajet, la sonde des Emirats Arabes Unis (EAU) Hope, aussi appelée Al-Amal, a allumé ses moteurs pour s'insérer en orbite de Mars. Une manœuvre capitale pour la réussite de la mission, qui a été exécutée avec brio. Après les Etats-Unis, l'Union Soviétique, l'Europe et l'Inde, c'est un nouveau pas vers une exploration débridée du Système Solaire.
La Chine, elle, devra attendre demain…
Voir rouge, pour la bonne cause
Depuis plusieurs jours, l'événement était très attendu dans les Emirats. À Dubaï, les plus importants monuments ont été éclairés de rouge toute la semaine, et les responsables de la mission Hope se sont succédés dans les médias. Le premier ministre (et dirigeant des UAE) Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum lui-même est intervenu plusieurs fois pour rappeler quelle fierté cette mission apporte au petit pays de la péninsule arabique, et quel espoir elle représente pour sa jeunesse, en termes d'accomplissement technologique comme de message.
Difficile en effet d'oublier à quel point cette sonde est un symbole, puisqu'elle a ouvertement été conçue pour être en orbite de Mars au moment de l'anniversaire des 50 ans de la création et de l'indépendance des Emirats.
La stressante ligne d'arrivée
Ce 9 février, ce sont six années d'efforts qui se sont vus concrétisées en quelques minutes, puisque la sonde Hope a allumé ses moteurs pour s'insérer en orbite de Mars. Une opération régulièrement réussie durant les deux dernières décennies, mais qui requiert à la fois un matériel en bon état après plusieurs centaines de millions de kilomètres de trajet, et une précision sans faille pour la manœuvre. Heureusement, tout s'est bien déroulé, et l'équipe de 200 émiratis qui s'occupe de la mission a pu célébrer l'événement comme il se doit. Les propulseurs se sont allumés comme prévu à 16h30 (heure de Paris) durant 27 minutes, avant de transmettre les signaux de télémesure vers la Terre.
Hope est la première des trois missions ayant décollé à l'été 2020 pour se rendre autour et sur la planète rouge. En effet, les UAE « coiffent » la Chine sur la ligne d'arrivée martienne pour devenir la cinquième puissance spatiale à entrer en orbite de la Mars après les Etats-Unis (1971), l'Union Soviétique (1971), l'Europe spatiale (ESA, 2003) et l'Inde en 2014. La très ambitieuse mission Tianwen-1 devrait quant à elle allumer ses moteurs pour entrer en orbite martienne demain, le 10 février.
Après le succès national, une aventure scientifique
Ce succès est déterminant pour les Emirats Arabes Unis en tant que puissance spatiale. Certes, une part importante de la mission Hope a été conçue et réalisée aux Etats-Unis. Pourtant, les équipes émiraties ont toujours été au cœur du projet, y compris dans la formation des ingénieurs et chercheurs locaux qui s'occupent de la mission aujourd'hui, et il serait bien abusif de résumer Hope à une mission « achetée » sur étagère.
De même la question du prestige est centrale aujourd'hui pour la mise en orbite, mais l'apport scientifique de la mission sera au cœur des deux années à venir, avec la transmission de données sur l'atmosphère martienne et les effets saisonniers. Elles viendront compléter les relevés européens de Mars Express, les compositions chimiques mesurées par Maven et l'inventaire précis des gaz à faible concentration enregistré par ExoMars TGO.