Vue d'artiste d'Amazonia-1. Crédits : INPE
Vue d'artiste d'Amazonia-1. Crédits : INPE

Le 28 février, une fusée indienne PSLV a effectué avec succès le lancement du premier satellite brésilien d’observation de la Terre, Amazonia-1. Ce lancement permet de donner un nouveau souffle à l’industrie spatiale brésilienne, tout en confirmant la montée en puissance de l’Inde dans le domaine des lancements orbitaux.

Outre Amazonia-1, le lanceur PSLV a mis en orbite 18 autres petits satellites.

Lutter contre la déforestation depuis l’espace

Amazonia-1 est présenté par les autorités brésiliennes comme le premier satellite d’observation de la Terre intégralement conçu, testé et opéré par le Brésil. Initialement prévu pour être lancé en 2020, il a finalement été mis en orbite lors du premier lancement indien de l’année.

Équipé de quatre capteurs fonctionnant dans les bandes visibles et proches infrarouges, Amazonia-1 dispose d’un large champ de vision d’une résolution de 60 mètres. Ainsi équipé, ce satellite de 637 kg sera en mesure de suivre l’évolution des feux de forêt et du déboisement amazonien tout au long de l’année.

Évoluant en orbite héliosynchrone, Amazonia-1 ne survolera pas en permanence le continent sud-américain. Cela devrait permettre à l'Institut national de la recherche spatiale brésilien (INPE) de développer des partenariats avec d’autres pays, voire de commercialiser les données obtenues par le nouveau satellite.

PSLV : la success story made in India

Pour le lanceur indien PSLV, la mission Amazonia-1 est loin d’être une première. Développé dès la fin des années 1980, le Polar Satellite Launch Vehicle est l’un des grands succès de l’industrie aérospatiale indienne. Comme son nom l’indique, il est surtout destiné au lancement de satellites en orbite polaire héliosynchrone, notamment des satellites d’observation de la Terre. Toutefois, l’agence spatiale indienne (ISRO) a aussi eu recours à ses services pour le lancement de la mission lunaire Chandrayaan-1.

La mission Amazonia-1 était ainsi la première mission purement commerciale de la nouvelle entité NewSpace India Limited (NSIL), une entreprise publique issue de l’ISRO et destinée à concurrencer frontalement les acteurs américains et chinois du New Space. Outre Amazonia-1, le lancement de ce week-end comportait ainsi 18 petits satellites, en grande partie des CubeSats gérés par NSIL pour le compte de clients américains et indiens.

Enjeu stratégique pour le Brésil

Pour Brasilia, la lutte contre la déforestation est officiellement un enjeu national. Pourtant, la politique menée par le gouvernement Bolsonaro se révèle particulièrement laxiste sur cette question par rapport à ses prédécesseurs. Pour le Brésil, l’enjeu d’Amazonia-1 pourrait donc être ailleurs.

Depuis les années 1990, le Brésil exploite un petit nombre de satellites de communication nationaux mis en orbite par des lanceurs américains ou européens. Le pays a aussi co-développé des satellites d’observation avec la Chine. Au fil des années, beaucoup de temps et d’argent ont cependant été dépensés en vain dans le développement d’un lanceur national.

Si Amazonia-1 rencontre un réel succès national et international, le Brésil pourrait alors spécialiser son industrie spatiale dans le développement et l’exploitation de satellites mis en orbite depuis d’autres pays.