Du cœur de la planète jusqu'aux gaz rares dans son atmosphère : la prochaine mission européenne vers Venus embarquera un ensemble d'instruments pour comprendre pourquoi et comment elle est si différente de sa voisine, la Terre. Le conseil scientifique de l'ESA a validé son choix ce 9 juin.
Décollage prévu à partir de 2031 !
Venus, notre proche cousine à la météo brûlante
Cap sur Venus
La décision était attendue… Il ne restait que deux projets finalistes pour l'attribution de la prochaine mission de « classe M » du programme européen Cosmic Vision : la sonde EnVision pour l'étude approfondie de Venus, et le télescope orbital Theseus pour l'observation des sursauts gamma des premiers milliards d'années de l'Univers. Ce 9 juin, le Conseil scientifique de l'ESA a tranché, et ce sera Venus !
EnVision, qui devrait décoller après 2030 (avec le feu vert, la mission passe tout juste en phase de définition détaillée), sera équipée d'un ensemble de trois instruments principaux. Le premier est le radar sondeur à basse fréquence SRS, qui s'intéressera à la structure sous la surface vénusienne pour bien comprendre sa géologie, sa volcanologie et les différentes couches qui constituent la croûte sous son épaisse atmosphère. Le deuxième est une suite de trois spectroscopes nommée VenSpec pour analyser la composition de la surface et chercher des traces de gaz dans l'atmosphère (en particulier ceux associés à des éruptions volcaniques actives), tandis que le troisième est le radar à synthèse d'ouverture VenSAR, qui constituera une participation américaine à cette mission.
Plusieurs expériences de radioscience pour déterminer le champ de gravité vénusien et la nature de son coeur sont aussi prévues grâce au système de communication de la sonde et d'un oscillateur ultra-stable embarqué.
Etudier la voisine
Ces objectifs scientifiques sont ambitieux pour une mission qui durera au moins quatre ans (terrestres) en orbite. EnVision adoptera en effet une trajectoire qui la fera passer au-dessus des pôles de Venus entre 220 et 540 km d'altitude. Afin d'économiser son carburant et maximiser l'emport scientifique, elle utilisera la technique de l'aérofreinage atmosphérique : après son arrivée autour de Venus, le point le plus proche de son orbite lui permettra de freiner grâce aux particules de la haute atmosphère de la planète-enfer. Une technique que l'ESA maîtrise et qu'elle a déjà expérimenté autour de Venus lors de sa dernière mission sur place, Venus Express (2005-2014).
EnVision devrait peser environ 2,5 tonnes pour son décollage, prévu pour l'instant en 2031, avec d'autres possibilités en 2032 ou 2033. Clin d'œil volontaire ou non, l'agence précise déjà qu'elle prévoit d'utiliser Ariane 6 !
Venus dans toutes les bouches
Après Solar Orbiter (déjà en cours), Euclid, Plato et Ariel, l'ESA a donc sélectionné une mission d'exploration planétaire dans son programme Cosmic Vision. Cette décision arrive quelques jours après la sélection américaine des missions VERITAS et DAVINCI+, deux projets (étude et cartographie radar de la surface et traversée unique de l'atmosphère) qui sont en réalité complémentaires avec EnVision.
L'ESA et la NASA agiront en partenaires pour que les trois sondes fournissent une véritable mine d'or de données vénusiennes… et que les équipes sur Terre puissent disposer de résultats suffisamment précis pour mieux comprendre pourquoi Venus est si différente de sa voisine la planète bleue. Volcanisme, effet de serre, géologie, composition chimique, ces domaines cruciaux pour Venus pourront si tout se passe bien faire un gigantesque bond en avant. Rendez-vous dans dix ans ?
Source : ESA.