Panorama du site d'atterrissage de Chang'E 5 sur la Lune © CNSA/CLEP
Panorama du site d'atterrissage de Chang'E 5 sur la Lune © CNSA/CLEP

Le 16 décembre dernier, les équipes chinoises observaient la capsule de la mission Chang'E 5 se poser avec 1,7 kg d'échantillons lunaires. Les premières analyses de la zone livrent leurs résultats dans Science : il s'agit de fragments de basalte 1 milliard d'années plus jeunes que ceux des missions Apollo !

Le volcanisme lunaire n'a pas encore livré tous ses secrets.

Chang'E 5, c'était l'année dernière

Chang'E 5 a durablement marqué les esprits en étant la plus ambitieuse mission lunaire depuis les années 70. Après une arrivée en orbite lunaire, la mission s'est scindée en deux et un atterrisseur s'est posé sur « Statio Tianchuan », dans l'océan des Tempêtes (Oceanus Procellarum), près du mont Rumker.

Ce dernier a foré, pelleté et transféré du régolithe lunaire dans un container scellé, puis un petit véhicule indépendant a décollé de la surface de la Lune pour rejoindre l'orbiteur autour de la Lune. Et ce container transféré dans sa capsule de retour, a été ramené sur Terre, se posant de nuit en Mongolie Intérieure, le 16 décembre 2020. Résultat ? 1,7 kg de « matériel » lunaire, des poussières, des grains de matière et de petits morceaux de roches usés par des milliards d'années à passer tantôt deux semaines à 110 °C, tantôt deux semaines à -183 °C.

Des morceaux, oui, mais les bons

Avec l'instrumentation moderne, pas besoin de roches imposantes ou de forme originale : des grains de matière peuvent suffire, pour peu qu'ils soient bien choisis ! Les premiers résultats d'ampleur fondés sur les échantillons de Chang'E 5 ont été publiés dans Science ce 8 octobre et révèlent un site beaucoup plus jeune que les zones d'atterrissage Apollo et Luna.

Deux fragments de basalte en particulier ont fait l'objet d'études poussées, de 3 et 4 mm de long. Et même si cette zone de l'océan des Tempêtes était déjà identifiée comme « jeune », les analyses ont révélé quelques surprises. En effet, ces basaltes sont datés d'environ 1,96 milliards d'années… Selon les auteurs de l'étude, « s'ils sont bien représentatifs de la zone, cela implique plus de 2 000 km² de surface lunaire issus d'éruptions environ 1 milliard d'années plus tard que tous les autres sites visités par des véhicules des missions Apollo ou Luna ».

De petits morceaux de lune analysés sur Terre ! ©  DOI: 10.1126/science.abl7957, Che & All, Science, 2021
De petits morceaux de lune analysés sur Terre ! © DOI: 10.1126/science.abl7957, Che & All, Science, 2021

Un monde en noir et blanc et en mystères

Géologiquement, les échantillons sont très intéressants, parce qu'ils n'offrent pas, avec leur composition, de piste distincte pour expliquer cette activité volcanique lunaire qui a eu lieu si longtemps après celle des autres régions. En particulier, les chercheurs n'ont pas trouvé la trace de grandes concentrations d'éléments radioactifs, ni de potassium, de terres rares ou de phosphore, que les études précédentes estimaient avoir alimenté plus longtemps les volcans de cette zone. Il faudra donc trouver une autre explication, comme les possibles effets de marée avec la Terre ou une composition différente de cette zone du manteau lunaire.

Ce qui est sûr cependant, c'est que Chang'E 5 a bel et bien changé la donne ! Il n'y a qu'une solution, il va falloir y retourner et étudier d'autres zones ! Non ? Bon, c'est déjà prévu…

Source : Sky&Telescope