Le module ESM-2 quelques jours avant son départ pour les États-Unis. Crédits : Airbus DS
Le module ESM-2 quelques jours avant son départ pour les États-Unis. Crédits : Airbus DS

Le deuxième module de service de la capsule Orion, assemblé à Brême par Airbus Defence & Space, est parti pour la Floride. Il sera un élément indispensable de la mission Artemis II, qui enverra des astronautes NASA autour de la Lune. Mais le premier vol de la série tarde encore à décoller…

La machine industrielle poursuit ses travaux malgré les grandes questions du programme.

Le couteau suisse d'Artemis

Pour les employés de Brême, comme pour les sous-traitants d'une dizaine de pays européens qui participent au programme, le 6 octobre dernier représentait une étape très attendue. Le deuxième « ESM » (European Service Module) est parti pour la Floride, où il sera testé puis assemblé à la capsule Orion, en vue de la mission Artemis II.

Constitué de 20 000 pièces, équipé d'un moteur principal et de 32 propulseurs auxiliaires, le module de service européen est indispensable aux missions d'Orion : il lui apporte le carburant, de quoi manœuvrer, le contrôle thermique, l'air et l'eau ainsi que l'électricité grâce à ses quatre panneaux solaires inclinables. Un élément non réutilisable qui doit donc être fourni pour chaque mission Artemis.

Orion avec son module de service (et une pièce d'adaptation entre les deux). Crédits : NASA
Orion avec son module de service (et une pièce d'adaptation entre les deux). Crédits : NASA

Déjà deux modules de service en Floride

Le premier ESM avait été livré à l'automne 2018 avant de subir une campagne de tests extrêmement longue, avec et sans la première capsule Orion fonctionnelle. Malheureusement, le duo de choc des missions lunaires à venir n'a toujours pas volé : la mission Artemis 1 est encore en préparation au Centre Spatial Kennedy.

L'assemblage arrive bientôt à son terme (il est question d'installer Orion d'ici la fin du mois pour un premier voyage « au complet » vers le pas de tir), mais le décollage n'est plus prévu avant l'hiver, voire la fin du premier trimestre 2022. Toutefois, le deuxième ESM n'a pas été livré pour décoller tout de suite : la route est encore longue avant Artemis II, dont le décollage avant la mi-2024 paraît illusoire à ce stade.

Des retards qui continuent de pénaliser le projet, à la fois dans la perception du public (le lanceur super-lourd SLS et la capsule Orion ont été mis en place durant le premier mandat d'Obama…) et dans celle des politiciens américains. Ces derniers continuent toutefois de voir l'avantage du projet en termes d'emplois et de rayonnement à l'international. Le module de service lui-même est une contribution européenne financée par l'ESA dans le cadre d'accords liés à la Station spatiale internationale.

I, II, III, Lune !

Avec cette livraison comme avec la préparation des prochains étages de fusée pour le vol Artemis II, le programme lunaire américain continue de progresser étape par étape. À Brême, les équipes vont pouvoir s'occuper de l'ESM suivant pour Artemis III, dont le squelette est déjà en cours d'équipement.

En février dernier, les Européens se sont engagés à fournir ce matériel pour six missions avec les Américains. Et la chaîne industrielle suit en prévoyant même une accélération des cadences. De quoi travailler jusqu'à la fin de la décennie… Reste juste à savoir jusqu'où les capsules Orion emmèneront effectivement les astronautes ces prochaines années.

Source : Airbus