Poussée par les politiciens, l'agence américaine doit finalement lâcher du lest et s'engage dans une nouvelle sélection pour un atterrisseur lunaire habité sur le programme Artemis. Elle devra obtenir une nouvelle (et importante) rallonge budgétaire… pour garder la concurrence ouverte entre Starship et le futur modèle sélectionné.
C'est la bataille des perdants du premier tour !
Et pour seulement quelques milliards…
Il y a moins d'un an en avril 2021, la NASA choisissait SpaceX comme seul gagnant de son gigantesque appel d'offres « HLS » (Human Landing System). Et donc marquait une préférence technique, budgétaire et administrative pour Starship, avec les meilleures notes dans ces trois domaines pour son évaluation, face à des concurrents aux coûts trop élevés comme la National Team (menée par Blue Origin) ou aux aspects techniques moins maîtrisés comme l'atterrisseur de Dynetics.
Pourquoi un seul gagnant ? Pour des raisons financières avant tout : si le Congrès attendait de la NASA qu'elle puisse développer une mission à la surface de la Lune dans un calendrier raisonnable, il n'y avait pas assez d'argent pour deux industriels… À moins de supprimer d'autres programmes scientifiques ou techniques emblématiques.
De la place pour les autres ?
Toutefois sur le plan politique, cette décision avait provoqué beaucoup de vagues, notamment dans les « space states », États dans lesquels SpaceX n'est pas installé (Colorado, Alabama, etc.). L'été dernier, le nouveau directeur de la NASA (Bill Nelston) avait argumenté en faveur de la concurrence sur ce type de contrat, mais n'avait pas reçu de budget particulier pour le mettre en œuvre. Depuis novembre donc, le temps que la plainte de Blue Origin soit classée, c'est SpaceX qui reçoit de l'argent et développe son Starship pour les futures missions lunaires.
Il semblerait que la Maison-Blanche ait pesé dans la décision et finalement proposé un budget en plus, il va donc y avoir une deuxième sélection… pour un atterrisseur lunaire plus capable (plus puissant, durable, réutilisable), destiné aux missions après Artemis 3 et 4. SpaceX ayant déjà gagné le premier round en est exclu, la NASA gardant la firme californienne en tant que fournisseur quoi qu'il arrive.
HLS 2, le retour
L'agence américaine espère sélectionner ce deuxième atterrisseur lunaire d'ici le début de l'année prochaine, et les industriels vont pouvoir prochainement déposer leurs dossiers. Pour apaiser les politiciens, l'agence gardera donc une ligne avec de la concurrence… mais à quel prix ?
De nombreux observateurs pointent le fait que le même Congrès qui réclame à la NASA plus de compétition est celui qui lui refuse un budget plus élevé. Rappelons à tout hasard que la proposition de la National Team en 2021 estimait son développement à hauteur de 6 milliards de dollars…
Enfin, reste une dernière question : à quel moment Blue Origin portera plainte s'il n'est toujours pas sélectionné ?
Blue Origin remet le couvert : six touristes vont s'envoler avec New Shepard
Source : Spacenews