En mission depuis presque 45 ans, la sonde actuellement la plus lointaine, aux confins de notre Système solaire, continue de bien communiquer avec les stations au sol. Mais les données de son système d'orientation sont incorrectes… Les équipes tentent de comprendre l'origine de cette panne.
Pour l'instant, la mission se poursuit.
Faites demi-tour
Ce sont quelques précieux octets qui voyagent et traversent notre Système solaire. À 23,3 milliards de kilomètres de la Terre (presque 4 fois plus loin que Pluton), la sonde Voyager 1 reçoit et émet à intervalles réguliers de petits paquets de données. Une partie de ces dernières sont consacrées à la science, et une autre, aux paramètres « vitaux » de la sonde, alimentée par une vieillissante pile radioactive.
Grâce à sa grande antenne, Voyager 1 envoie ses données vers notre planète. Elles arrivent… 21 heures et 32 minutes plus tard, et doivent être déchiffrées par le réseau d'antennes du Deep Space Network. Mais, depuis quelques jours, certaines de ces données ne « collent pas », celles de l'AACS (Attitude Articulation and Control System, le contrôle de l'orientation). Selon la NASA, elles sont soit fausses, soit impossibles, soit aléatoires.
Des données mal expliquées
Ce qui pose question à la petite équipe qui s'occupe de Voyager 1, c'est que malgré les valeurs émises par l'AACS, elle sait que la sonde est bien orientée, sans quoi son antenne aurait été mal alignée vers la Terre et les messages n'auraient pas été reçus comme d'habitude. Et si Voyager 1 pointait « n'importe où », cela se serait ressenti dans les données scientifiques…
De la même façon, si la sonde ne reçoit pas les messages terrestres, au bout d'un certain temps, elle bascule ses systèmes internes sur un mode de sauvegarde, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Pour l'instant, mystère, donc. Mais c'est ennuyeux, car comme l'explique le communiqué de la NASA : « Tant que le problème n'est pas mieux identifié, il est impossible de savoir si cela peut avoir un impact sur la façon dont Voyager 1 collecte et transmet des données. »
L'heure de la retraite ?
Avec un décollage en septembre 1977 et une électronique de bord efficace mais rudimentaire, Voyager 1 (comme sa jumelle Voyager 2) n'est pas éternelle, et les équipes de la NASA le savent bien.
Les données de ces dernières années laissaient penser qu'elle transmettrait jusqu'à ce que sa pile radioactive ne lui fournisse plus l'énergie nécessaire… Mais ce problème d'orientation, qu'il vienne du capteur, de la mémoire de la sonde ou d'un autre système, pourrait avoir de mauvaises conséquences. Il n'y a pas de raison de paniquer, les communications fonctionnent pour le moment, et avec de nombreux contrôles redondants, Voyager 1 est toujours là.
Mais, comme le rappelle la responsable du projet, Suzanne Dodd (JPL) : « Les sondes ont survécu bien plus longtemps que tout ce que pouvaient espérer à l'origine les planificateurs, mais elles traversent l'espace interstellaire [hors de l'héliosphère, NDLR], qui est un environnement riche en radiations et en particules énergétiques qu'aucun autre véhicule n'a pu visiter avec elles. » Et un environnement apparemment pas tendre avec l'électronique de bord…