Pour la première fois, le 2 juillet dernier, le sas Bishop installé sur la Station spatiale internationale a servi à éjecter un grand « sac poubelle » spécialisé. Plus de 75 kg de déchets dans un dispositif hermétique, qui se désagrègera d'ici quelques mois dans l'atmosphère. Une réponse aux réflexions sur les déchets de l'ISS ?
En tout cas, le sujet est plus sérieux qu'il n'y paraît…
Tu as pensé à sortir les poubelles ?
En plus d'une vingtaine d'années de fonctionnement, la routine au sein de la Station spatiale internationale est devenue assez immuable. Lorsqu'un cargo Progress, ATV ou Cygnus arrive et s'amarre à l'ISS, sa soute est rapidement vidée de ses provisions et expériences scientifiques pour laisser la place à de nombreux sacs contenant les déchets des astronautes.
Et cela inclut des serviettes, des vêtements, énormément d'emballages, mais aussi des éléments d'expériences qui ne servent plus, des échantillons déjà analysés, et même certaines expériences elles-mêmes. Or tout ceci prend de la place, et de la masse. Avec l'avènement des cargos réutilisables de SpaceX, il y a aussi beaucoup plus de fournitures qui « montent » que de précieuses cargaisons qui « descendent ».
Ce n'est d'ailleurs pas un secret : la station internationale est assez encombrée, après 22 années d'occupation. Ainsi, le premier envoi de 78 kg de déchets dans un sac spécialisé et via le sas commercial Bishop le 2 juillet est un pas supplémentaire pour assurer aux astronautes un bon espace de travail.
Pas de spaceboueurs…
Installé en 2020 sur la Station spatiale internationale, le sas Bishop n'appartient pas à une agence mais à Nanoracks, grâce à un financement privé et à un partenariat avec la NASA, à qui l'entreprise fournit des services. Bishop peut éjecter des petits satellites, exposer facilement des expériences au vide spatial ou pousser loin de la station des charges plus importantes, comme cet imposant « sac poubelle ».
Le 2 juillet, ce n'était encore qu'une démonstration : en plus de quelques vêtements sales et serviettes, le sac était avant tout rempli de mousse. À l'avenir, les astronautes pourront le remplir avec 270 kg de déchets ! Avec sa taille et sa densité, il ne restera que quelques mois en orbite basse avant de se désintégrer dans les hautes couches de l'atmosphère avec son chargement.
Faire le tri, comme dans les années 80
Les quatre occupants de longue durée du segment non-russe de la station produisent au moins 2.5 tonnes de déchets à l'année, et c'est sans compter les périodes où ils sont plus nombreux – un accroissement sensible permis grâce aux nouveaux véhicules habités… Sans oublier les dizaines, voire centaines d'expériences et parfois les effets personnels qui restent là-haut des années ou des décennies.
En 2018, l'astronaute Alexander Gerst avait ainsi retrouvé dans un tiroir une pochette contenant des disquettes destinées à la toute première expédition de novembre 2000 ! Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais le sas Bishop permettra peut-être un grand ménage.
Toutefois, si ce dispositif est nouveau sur l'ISS, il faut remarquer que le fait de jeter ses déchets « par-dessus bord » (inacceptable sur Terre mais intéressant si fait intelligemment en orbite) était une spécialité russe durant les années 80 et 90. Saliout 6 et 7, ainsi que Mir, disposaient en effet d'un petit sas spécialisé pour les déchets, qui étaient éjectés une fois toutes les semaines. Le spécialiste et astrophysicien Jonathan McDowell a répertorié 360 objets orbitaux de cette catégorie au cours de l'histoire. Jusqu'à samedi dernier, il n'en restait plus aucun.
Source : Nanoracks