Vue d'artiste de l'atterrisseur lunaire de Masten Space Systems. Crédits : Masten Space/NASA
Vue d'artiste de l'atterrisseur lunaire de Masten Space Systems. Crédits : Masten Space/NASA

18 ans après ses premiers prototypes de véhicules volants, Masten Space fait faillite et attend une reprise de sa dette, ou un rachat. L'entreprise dispose d'un contrat important avec la NASA pour fournir un atterrisseur lunaire en partenariat public-privé. Un risque nouveau pour l'agence américaine !

Mais aussi une opportunité pour le futur de Masten ?

La fin des démonstrateurs ?

Les employés renvoyés chez eux à la mi-juillet et les projets « gelés » faute d'argent dans les caisses : Masten Space Systems fait faillite. L'entreprise, qui emploie toujours entre 80 et 100 employés, s'est mise sous la protection du fameux Chapitre 11 américain. Ce régime spécifique permet durant quelques mois de sauvegarder les actifs de l'entreprise, avant de statuer sur une reprise, une vente partielle ou un démantèlement total.

Le Chapitre 11 a déjà été utilisé pour tenter d'effacer des dettes, mais ce n'est pas le cas ici, l'entreprise basée à Mojave en Californie n'a tout simplement plus d'argent. Fondée en 2004, Masten est surtout connue pour ses prototypes d'atterrisseurs expérimentaux, ses moteurs à faible poussée mais à hauts rendements ainsi que ses logiciels de contrôle de vol. Elle a participé à de nombreux appels d'offres et contrats de développement de la NASA.

La NASA convaincue, mais…

En 2020, c'est la consécration, dans le cadre de ses contrats publics-privés CLPS (Commercial Lunar Payload Services), la NASA commandait une mission avec atterrissage lunaire à Masten. La « Masten Mission One » devait se poser au pôle Sud lunaire avec des charges utiles de la NASA, mais aussi d'autres entreprises privées, totalisant plus de 100 kg embarqués.

Déjà retardée à 2023, la mission pour laquelle la NASA avait accepté de payer 81 millions de dollars, est à présent en danger. Il faut dire que dans ce type de contrat, l'agence américaine ne paie « que » le voyage, l'entreprise responsable de l'atterrisseur garde une grosse charge financière sur ses épaules, qu'elle doit vendre à au secteur privé. Or, ces dernières années, on ne constate pas une ruée vers l'or de charges utiles lunaires : le secteur est prudent.

Passage de contrat ou transfert

Pour l'instant, la NASA ne remet pas en cause son modèle de contrats CLPS, et ce, même si une autre entreprise, Orbitbeyond, avait déjà jeté l'éponge faute de fonds. Ces PME n'ont pas toutes les reins assez solides pour rester à flot et soutenir les coûts de développements de leurs plateformes le temps de viser la Lune… D'autant que les retards sont légion !

Les premiers décollages étaient attendus en 2019-2020 et n'ont toujours pas eu lieu aujourd'hui, sachant que les risques d'échecs sont très élevés, car les entreprises sélectionnées n'ont pas toutes fait leurs preuves (c'est le cas d'Astrobotic ou d'Intuitive Machines, qui seront normalement les premières à tenter l'aventure). Si Masten cède une partie de ses activités ou le lancement réservé avec SpaceX à une autre entité, cela pourrait leur permettre de rester à flot, ou au moins de combler une partie de sa dette. À moins qu'un géant de l'aéronautique soit intéressé pour reprendre tout ou une partie de leurs activités (Northrop Grumman ou Blue Origin, par exemple).