La petite lune Dimorphos quelques instants avant l'impact de la sonde DART © NASA / John Hopkins APL
La petite lune Dimorphos quelques instants avant l'impact de la sonde DART © NASA / John Hopkins APL

Comme prévu, la sonde DART s'est bel et bien écrasée sur l'astéroïde Dimorphos ce 27 septembre à 01 h 14 (heure de Paris). Mais si le travail de l'impacteur est terminé, celui des observatoires autour du monde et des astrophysiciens peut commencer ! Leur mission culminera en 2024 avec la sonde Hera de l'ESA.

Et en attendant, quelle collision !

Ce point qui grossit

Il aura fallu attendre environ une heure avant l'impact pour qu'un point minuscule apparaisse sur les images, quasiment accolé à l'astéroïde Didymos. Sa petite lune Dimorphos, que l'on a pu voir grandir grâce à la caméra DRACO de l'impacteur DART au fur et à mesure que ce dernier lui plongeait dessus, s'est révélée peu à peu. Puis, dans les dernières secondes, on a pu voir la surface de l'astéroïde dans toute sa complexité : de gros blocs et de plus petits agglomérés en un « patatoïde ». Du moins, avant que DART ne fasse voler sa surface en éclats.

La mission de l'impacteur est terminée, et c'est un réel succès, car la NASA a ainsi prouvé qu'elle était capable de viser, puis d'envoyer un véhicule autonome percuter un tout petit corps de 160 m de diamètre seulement, à 11 millions de kilomètres de la Terre. Il reste cependant toute la deuxième phase du travail, à savoir observer les effets de cet impact et mieux comprendre ces duos d'astéroïdes qui sont relativement fréquents et pour l'instant mal documentés.

C'est bon, vous l'avez vu ?

L'impact lui-même est proprement documenté depuis la Terre. Ce matin, plusieurs observatoires ont déjà publié leurs images de la collision, montrant un très impressionnant nuage de débris éjecté depuis Dimorphos (ce qui laisse supposer que sa densité était relativement faible et que les effets de l'arrivée de DART pourraient avoir bouleversé une partie de la surface).

D'autre part, le minuscule satellite LICIACube a bien enregistré, à une cinquantaine de kilomètres des astéroïdes, une séquence d'images de la collision. Sa vitesse de transfert des images vers la Terre est très faible, mais de premières miniatures ont été transférées, et tout est très prometteur. Il faudra cependant des études sur plusieurs jours et plusieurs semaines pour quantifier exactement les variations de trajectoire induites par l'impact de DART.

Dernière image complète de la surface envoyée par DART, voici un bel agglomérat à étudier pour les scientifiques ! © NASA / John Hopkins APL
Dernière image complète de la surface envoyée par DART, voici un bel agglomérat à étudier pour les scientifiques ! © NASA / John Hopkins APL

Place à la science !

En attendant 2024 et le départ de la sonde européenne HERA, dont le but sera justement d'aller étudier le duo Didymos/Dimorphos ainsi que l'impact de DART sur un petit corps, les astrophysiciens peuvent se consoler avec le film de l'approche de la sonde de la NASA. En effet, ce dernier remet déjà en question certaines connaissances. Il était par exemple admis jusqu'ici que l'astéroïde parent Didymos avait grosso modo la même forme que les astéroïdes Bennu et Ryugu, des sphères écrasées à leur équateur. Sauf que ce n'est pas vraiment ce que montrent les images de l'approche, avec une surface oblongue, très cratérisée et qui présente de nombreuses marques…

Aucun doute, il y aura de futures publications sur le sujet qui iront bien plus loin que les images de l'approche de DART. Il n'en demeure pas moins une séquence marquante pour l'exploration spatiale qui a permis de recevoir en quasi-direct des photographies toutes les 2-3 secondes d'une sonde autoguidée allant s'écraser sur un astéroïde !

Le duo Didymos (à droite) et Dimorphos (au centre), vu par DART à quelques poignées de seconde de l'impact © NASA / John Hopkins APL

Source : The Verge