La NASA prévoyait une année en hibernation pour la sonde Lucy, qui est sur une longue trajectoire afin d’aller étudier les astéroïdes troyens de Jupiter. Mais le programme a changé : avec quelques ajustements, les équipes lui ont trouvé une nouvelle cible, et dès cette année ! En route pour Dinkinesh ?
Un survol-test pour en apprendre plus !
La barre à tribord toute !
Il y a quelques mois, l’astéroïde 1999 VD57 n’était encore qu’une ligne dans une longue liste de corps mineurs catalogués. Son diamètre de 700 mètres environ, sa composition rocheuse ou son orbite dans la ceinture d’astéroïdes au-delà de Mars ne généraient pas beaucoup de discussions. Toutefois, grâce au chercheur Raphaël Marschall (Université de la Côte d’Azur à Nice), qui participe à l’étude scientifique de la mission Lucy, cet astéroïde sera au centre de l’attention ! En effet, des calculs préliminaires ont montré que 1999 VD57 (provisoirement nommé Dinkinesh, le nom éthiopien donné au squelette Lucy) passait à environ 64000 km de la trajectoire de la mission… Ce qui a l’air énorme, mais qui, en s’y prenant tôt, n’est finalement qu’à quelques allumages moteurs ! La mission Lucy a suffisamment de réserve pour se le permettre, et l’équipe scientifique, dirigée par Hal Levison à la NASA, a eu le dernier mot. L’agence a annoncé il y a quelques jours qu’elle allait modifier l’orbite de sa sonde, et que le 1er novembre, Lucy passerait à 450 km environ de Dinkinesh.
Plus près de toi, Dinkinesh
Il faut préciser que ce survol a un double intérêt. Scientifique d’abord, car approcher des astéroïdes est un exercice rare : à peine une vingtaine d’exemples documentés sur les trois dernières décennies. Lucy, à elle seule, devait déjà en survoler 9, en rajouter un est déjà un bonus appréciable (d’autant que ce n’est pas un troyen de Jupiter), surtout si ça ne handicape pas le reste de sa vie opérationnelle. Ensuite, il y a l’aspect ingénierie. Lucy est équipée d’un système automatisé pour pivoter et suivre sa cible, afin de mieux collecter les données des instruments. Auparavant, les sondes NASA étaient « simplement » orientées de façon prédéfinie. Le survol de Dinkinesh permettra de tester ce suivi, mais aussi de tester les séquences d’approche, et de mesurer précisément la performance des panneaux solaires. Rappelons qu’un des deux panneaux rotatifs de Lucy n’est pas déployé à 100 % et que la NASA n’a pas réussi à le verrouiller. Même s’il ne devrait pas se replier, les équipes aimeraient bien comprendre comment il va se comporter lorsque la sonde évoluera « toute seule » en étant pilotée par son logiciel interne.
Toujours penser au transit
Après ce premier survol, Lucy se dirigera vers… La Terre. En effet, il s’agira de sa deuxième assistance gravitationnelle prévue en décembre 2024, qui lui donnera enfin assez d’énergie pour qu’elle puisse se diriger ensuite vers les astéroïdes troyens de Jupiter. Sur le chemin, elle croisera en 2025 un autre astéroïde remarquable de 4 km de diamètre, Donaldjohanson puis restera encore deux années en sommeil. Croiser 1999 VD57 « Dinkinesh » est donc une aubaine !