Deux semaines après le décollage de Starship et SuperHeavy, les discussions enflammées ne retombent pas sur les conséquences et l'avenir du programme. Côté SpaceX, Elon Musk a esquissé les prochaines étapes… mais des associations environnementales montent au créneau. Que vont faire les autorités ?
À Boca Chica, le pied est à fond sur l'accélérateur.
Les travaux ont repris
Le ballet des grues, des échafaudages et des nacelles rythme à nouveau les journées de la Starbase de SpaceX à Boca Chica. Le site de lancement de Starship et SuperHeavy, resté fermé jusqu'à 48 heures après le décollage, a ensuite été longuement inspecté par les équipes de SpaceX, des autorités (la FAA et les responsables de la réserve naturelle fédérale autour) et des nombreux observateurs venus constater les dégâts sur place. Selon les uns ou les autres, les constats et les opinions varient. La FAA a noté la présence de particules de béton sur plusieurs kilomètres carrés, ainsi qu'un incendie et des niveaux sonores largement supérieurs aux limites déclarées sur les documents, tout en constatant qu'aucun cadavre d'animal n'était présent sur la zone. D'autres observateurs ont noté que les nids de nombreux oiseaux (espèces protégées) restaient vides… Le décollage de Starship a-t-il été une catastrophe durable comme certains l'affirment, ou un événement incontrôlé comme l'a avoué Elon Musk lors d'une mini-conférence sur Twitter ce 30 avril ?
Avec un procès, l'autorisation en attente ?
La FAA, qui a pour l'instant retiré sa licence de vol à Starship/SuperHeavy (ce qui est classique en cas d'incident avec un lanceur), n'a encore livré que ses observations préliminaires. Le processus final pourrait prendre du temps, d'autant plus que cinq associations environnementales ont porté plainte ce 1er mai à l'encontre des autorités, pour avoir délivré une autorisation de lancement à SpaceX sans une enquête environnementale préliminaire majeure, violant la loi sur le National Environmental Policy Act. Parmi ces associations, on retrouve également des amérindiens autochtones de la région qui, à cause des activités de SpaceX, ne peuvent se rendre sur une partie de leurs terres sacrées en bord de mer : pour des raisons liées à la sécurité autour de la Starbase, les routes ont été coupées… près d'un jour sur trois l'an dernier.
Tout ira bien (ft Elon Musk)
Pour le fondateur de SpaceX, l'inquiétude n'est pas de mise. S'il a admis que les dizaines de tonnes de béton et de métal pulvérisées sur la zone n'avaient pas été anticipées (selon lui, le large nuage de poussière n'était pas dangereux), il indique que ses équipes vont nettoyer le site et que cela ne se reproduira plus. En effet, SpaceX compte modifier son infrastructure de lancement pour la rendre, enfin, plus résistante. Cela va passer par l'ajout d'une large structure métallique refroidie et d'un système que l'on peut qualifier de demi-déluge sous la table de tir, de renforcements tout autour des réservoirs (qui vont passer à l'horizontale) et de la tour de lancement… mais aussi par une séquence modifiée dans l'allumage des moteurs Raptor de SuperHeavy pour qu'elle puisse décoller plus vite.
Garder le cap
Sur le plan technique, Elon Musk a aussi admis que les moteurs n'ont pas vraiment tenu leurs promesses sur ce premier vol, avec trois d'entre eux effectivement éteints avant même le décollage, puis plusieurs échecs au cours de la montée. Plus ennuyeux encore, le système de sauvegarde, déclenché depuis le sol par les équipes, a mis quarante secondes avant de détruire le duo Starship et SuperHeavy, heureusement sans conséquences à cette altitude. Comme prévu, les équipes ont d'ores et déjà beaucoup appris pour le prochain test… qui pourrait, toujours selon M. Musk, avoir lieu d'ici deux mois environ. Les travaux ont déjà repris et la sélection/modification du prochain duo est en cours. Cela pourrait être le booster BN9 (qui incorpore plusieurs améliorations de design) et le Starship SN26, ou l'un des suivants en cours d'assemblage, pour un vol au profil identique à celui tenté le 20 avril dernier (potentiellement sans retour à travers l'atmosphère). La balle sera peut-être plus dans le camp des autorités que dans l'approche technique.
Alors, Starship et SuperHeavy reprendront-ils l'air dès cet été ? Quoi qu'il en soit, Elon Musk a aussi ajouté que le programme allait coûter la bagatelle de 2 milliards de dollars à SpaceX cette année.
Sources : spacenews(1)/spacenews(2)