La zone de lancement n'est pas encore terminée que les équipes de SpaceX ont déjà transféré le nouveau prototype SuperHeavy « BN4 » sur son nouveau socle. C'est la première fois que l'entreprise tente un assemblage complet, notamment avec le nombre final de moteurs. Une logistique impressionnante et un chantier titanesque.
Le décollage cependant n'est pas encore pour demain.
Plus belle la SuperHeavy
L'exemplaire BN3 avait déjà fait couler beaucoup d'encre le mois dernier, car il s'agissait du premier étage SuperHeavy à taille réelle à atteindre le site d'essais et de lancement à Boca Chica (Texas). Toutefois, ce dernier n'a subi que quelques tests sous pression, puis de remplissage de ses réservoirs avant un premier allumage statique… Mais il n'était équipé que de trois moteurs et semble un peu délaissé.
Ces derniers jours, c'est son successeur BN4 qui lui a volé la vedette, avec l'installation express (en moins de 48 heures) de 29 moteurs Raptor sur le site de production, avant un transfert en ce début de semaine vers la zone de lancement. Des images spectaculaires qu'Elon Musk, présent sur le site, s'est empressé de relayer et qui ont depuis fait le tour du monde.
Les équipes ont poursuivi leurs grands travaux au mois de juillet, et BN4 présente plusieurs améliorations par rapport à son prédécesseur, en plus de sa véritable grappe de moteurs qui « dépasse », l'étage SuperHeavy n'étant pas équipé d'une jupe de protection comme Starship.
Il y a notamment la présence de quatre grilles de stabilisation, qui ressemblent fort à celles installées sur les lanceurs Falcon 9, avec une différence notable d'échelle. Sur SuperHeavy, ces dernières resteront déployées tout le temps, pour éviter les risques et la complexité en vol. Selon Elon Musk, l'impact aérodynamique est des plus limités.
Numéro d'équilibriste
Le support sur lequel est transporté SuperHeavy (70 m de haut) est spécifique lui aussi, capable d'enserrer la base de l'étage tout en protégeant la baie de propulsion. On retrouve une structure relativement similaire formant la table de lancement sur le nouveau pas de tir. Installé grâce à l'une des énormes grues en place ces 4 et 5 août 2021, le SuperHeavy BN4 semble déjà prêt à s'élancer…
Il faudra malgré tout que les spectateurs et les équipes de SpaceX soient patients. D'une part, car il semble que les travaux d'infrastructure ne soient pas terminés sur place pour accommoder toutes les liaisons nécessaires et procéder à un lancement. D'autre part, parce qu'il manque encore Starship, à installer pour la première fois au-dessus d'un étage SuperHeavy.
Ensemble, ils formeront un titanesque lanceur de 120 mètres de haut. C'est le prototype SN20 qui devrait prendre place sur BN4, et ce dernier reçoit actuellement ses dernières touches de préparation sur le site de production, notamment un revêtement complet de tuiles thermiques sur le « ventre », les ailerons et les plans canards, afin d'être capables de résister aux frottements lors de sa future rentrée atmosphérique.
Bientôt l'heure des tests
Il reste cependant des étapes critiques avant que la première tentative de vol orbital puisse avoir lieu. Il faudra en particulier remplir les réservoirs et essayer d'allumer les 29 moteurs simultanément (même si, dans les faits, c'est très légèrement séquencé) pour évaluer la qualité des interfaces et des tuyauteries moteur ainsi que du contrôle pour les premières secondes de vol.
Ensuite, bien sûr, il faudra ramener Starship pour l'assembler sur SuperHeavy et gérer le remplissage des réservoirs d'un Starship placé aussi haut et sur la structure en acier… À chaque étape en prévision du vol futur, il y aura toute une ribambelle de vérifications, et il faut potentiellement s'attendre à une longue campagne de tests… Ou bien à de la casse. Sans oublier tout un lot de permis, à obtenir avant de quitter la zone en passant par le ciel.
Nous cherchons le formulaire A-38
En effet, pour ce premier tir à vitesse orbitale (en réalité une très longue parabole entre le Texas et Hawaï), SpaceX devra de nouveau convaincre la puissante fédération aéronautique américaine (FAA) que tout est mis en place pour la sécurité des travailleurs comme du public, en particulier en cas de catastrophe.
Et la situation de la tour de lancement n'est pas résolue non plus : SpaceX aurait construit la haute structure sans avoir l'aval préalable d'une enquête d'impact écologique. Pour rappel, le site de Boca Chica se trouve entre deux espaces naturels protégés. Certains voient ainsi l'assemblage final du lanceur sur sa zone de lancement comme un appel du pied direct à l'agence, dont Elon Musk a plusieurs fois dénoncé la lenteur administrative… Un bras de fer n'étant pas souhaitable pour qui souhaite voir un jour Starship décoller, il faudra un jour que les deux parties s'entendent !
Source : Teslarati