Io à gauche, et Jupiter à droite. Pour une fois, Juno s'intéresse plus aux volcans qu'aux nuages... © K.M. Gill CC-BY
Io à gauche, et Jupiter à droite. Pour une fois, Juno s'intéresse plus aux volcans qu'aux nuages... © K.M. Gill CC-BY

La sonde Juno, qui poursuit sa mission autour de Jupiter, se rapproche cette année de la lune Io, le plus volcanique des corps célestes de notre Système solaire. On en sait encore peu sur elle, et l'étude thermique comme visuelle devrait nous offrir des données inédites depuis les missions Voyager.

Et puis, elle est bien jolie…

Oh la belle jaune !

Le 16 mai dernier, la sonde Juno de la NASA passait à environ 35 500 kilomètres de la surface de la petite lune Io. Cette distance est encore importante, mais se réduit cette année alors que chaque orbite de 38 jours la rapproche un peu plus de la « lune-volcan » jusqu'au début de l'année 2024.

Depuis deux ans, Juno, qui est en extension de mission, a déjà pu tourner ses appareils de mesure vers Ganymède et Europa. Cette fois, c'est Io qui est dans son viseur, avec plusieurs passages de plus en plus proches, jusqu'à 1 500 kilomètres seulement le 3 février prochain. Ces relevés intéressent beaucoup les chercheurs, car la belle Io est mal connue. Elle fut en effet mise en lumière par les missions Voyager (auxquelles on doit les premières mosaïques), puis par la sonde Galileo jusqu'à 2003, et le passage de New Horizons ensuite.

Io telle qu'elle a été observée au mois de mars dernier. Pas encore le plus résolu, mais les détails ne manquent pas © NASA/JPL-Caltech/Junocam/K. M. Gill CC-BY
Io telle qu'elle a été observée au mois de mars dernier. Pas encore le plus résolu, mais les détails ne manquent pas © NASA/JPL-Caltech/Junocam/K. M. Gill CC-BY

Quand Juno a encore des choses à nous montrer

L'avantage avec Juno, même si ses instruments sont plutôt conçus pour étudier les nuages et la structure de Jupiter, c'est que les points de mesure s'étalent sur plusieurs mois et années. Il est donc possible d'observer l'évolution des signatures thermiques des différents volcans ainsi que l'aspect de la surface, du moins tant que cela reste possible. En effet Juno se comporte bien depuis le printemps, mais cet hiver, il y a eu plusieurs ratés, en particulier à cause de ses instruments vieillissants et soumis aux intenses radiations de Jupiter.

Io est l'une des lunes les plus complexes à approcher de tout le Système solaire. Elle est la plus proche des « grandes lunes » (avec 3 600 kilomètres de diamètre, elle est d'ailleurs plus grande que la nôtre), et les titanesques forces de marées que sa planète mère exerce sur elle sont les responsables de son activité volcanique.

L'image de Io la plus détaillée à ce jour de la part de Junocam (et grâce à un post-traitment), prise le 16 mai dernier © NASA/JPL-Caltech/Junocam/K. M. Gill CC-BY

Des volcans bien importants

Les images, dont celles que l'on partage dans cet article, sont issues des survols les plus récents. Les vues d'Io y sont déjà beaucoup plus détaillées que lors du premier survol à 64 000 kilomètres réalisé en décembre 2022. Comme le précise Candice Hansen, astrophysicienne responsable de l'instrument Junocam, les chercheurs espèrent observer des changements liés aux éruptions à la surface, mais aussi sous la surface, en analysant de minuscules variations de gravité lors des survols, qu'ils pourraient ensuite lier à un manteau intérieur composé de magma sous forme liquide.

Les images infrarouges thermiques des volcans de Io au fur et à mesure des survols © NASA/JPL-Caltech/SwRI/ASI/INAF/JIRAM

D'autres scientifiques espèrent relancer l'intérêt pour une mission consacrée à Io, tandis que ses cousines gelées autour de Jupiter reçoivent généralement toute l'attention (les missions JUICE et Europa Clipper en témoignent…). Car après tout, il pourrait y avoir plus d'une lune-volcan dans l'Univers !

Source : NASA