Urban Utilities, une société chargée de la fourniture et du recyclage de l'eau dans le Queensland (Australie), vient de mettre en service sa deuxième voiture électrique rechargée par le biais d'un processus circulaire incluant un biogaz généré par des excréments humains.
La firme a ainsi accueilli « Numéro 2 », un Hyundai Kona électrique. Elle est par ailleurs déjà équipée, depuis 2017, d'un premier véhicule rechargé via l'électricité produite par ce même biogaz, une Mitsubishi i-MiEV.
« Numéro 2 », un SUV rechargé par une électricité produite avec un biogaz « humain »
La firme australienne Urban Utilities continue d'innover concernant l'alimentation de ses véhicules électriques. L'entreprise spécialisée dans la fourniture d'eau ainsi que dans le retraitement des eaux usées dans la région de Brisbane, au sein du Queensland (Australie), présente son nouveau venu. « Numéro 2 », ou « S-Poo-V » sont ses noms de baptême. Pas de quoi mettre l'eau à la bouche, mais un bon moyen d'illustrer une autre façon de produire et employer de l'électricité par le biais de ce dont vous vous délestez dans les bouches d'égout.
Après l'acquisition d'un premier véhicule électrique, une Mitsubishi I-MiEV, en 2017, Urban Utilities a cédé à la mode actuelle pour le SUV en s'offrant un Hyundai Kona, lui aussi électrique. « S-Poo-V », vous aurez compris le jeu de mots, ne carbure pas pour autant « directement » avec les excréments de la population du Queensland. Le processus circulaire consiste à capter les biogaz obtenus dans des bioréacteurs par décomposition des nutriments présents dans les excréments humains des eaux traitées par la firme. Ces gaz permettent ensuite d'alimenter un moteur fabriquant de l'électricité, employé ainsi pour la recharge de la batterie de « S-Poo-V ».
Selon Anna Hartley, porte-parole d'Urban Utilities, « les passages aux toilettes quotidiens d'une personne peuvent, en moyenne, générer suffisamment d'électricité pour faire parcourir environ 450 mètres en voiture. » En retraitant les eaux pour un bassin de 330 000 habitants, la firme a de la matière à disposition.
L'équivalent de 130 piscines olympiques retraitées chaque jour
Urban Utilities, qui revendique le retraitement quotidien de 130 piscines olympiques, soit approximativement 325 000 m3 d'eau, pourrait largement produire le biogaz nécessaire à la recharge de dizaines de « S-Poo-V » chaque jour. Avec une autonomie moyenne maximale d'environ 484 km, le Hyundai Kona de la firme requiert l'équivalent de 1 000 habitants de Brisbane, en termes d'eaux usées retraitées, pour une recharge complète de sa batterie.
Avec cette électricité produite par biogaz, 330 véhicules similaires à « S-Poo-V » pourraient être intégralement rechargés quotidiennement, de quoi mettre en place une sacrée station de recharge pour véhicules électriques. Selon Anna Hartley, l'électricité ainsi produite permettrait d'alimenter annuellement 4 000 foyers locaux, ou encore de faire économiser à Urban Utilities « environ 1,7 million de dollars par an en coûts d'exploitation ».
Une piste à creuser donc, dans un souci d'économie circulaire et, plus largement, d'une matière première largement disponible, qui plus est dans les milieux urbains, à l'image des « poo-bus » reliant la ville de Bristol à l'aéroport de Bath (Angleterre) depuis 2014. Qu'attendons-nous ?
Sources : Télérama, UrbanUtilities, Détours, Arte