C'était une pratique de l'armée américaine qui pouvait prêter à sourire, si elle n'avait pas concerné le commandement de l'arsenal nucléaire américain. Désormais, l'U.S Army n'utilisera plus de disquettes de 8 pouces pour recevoir les ordres de lancement nucléaire du président américain.
Ces disquettes venues tout droit des années 70, si elles étaient reconnus comme particulièrement sures, posaient des problèmes de plus en plus conséquents.
Plus vieux, plus sûr
C'est dans une émission de la chaîne américaine CBS diffusée en 2014 que l'on a appris que l'armée américaine utilisait des disquettes de 8 pouces comme support pour recevoir les ordres de lancement de missiles nucléaires. Celle-ci était insérée dans un ancien ordinateur IBM Series 1, lui-même sorti des années 70 et faisant partie d'un système baptisé « Système de commandement et de contrôle automatisé stratégique » (Strategic Automated Command and Control System, ou SACCS). La raison est résumée par le lieutenant-colonel Jason Rossi : « C'est l'âge qui fournit cette sécurité. Parfois, une vieille technologie est plus sûre ». Il explique : « Vous ne pouvez pas pirater quelque chose qui n'a pas d'adresse. C'est un système tout à fait unique. Il est vieux, et c'est très bien. »Tous ne l'ont cependant pas entendu de cette oreille. En 2016, un rapport a déjà pointé du doigt l'obsolescence de certains systèmes militaires américains, l'utilisation d'une disquette de 8 pouces vieille de plus de 40 ans symbolisant le mieux ce retard technologique. Le rapport mentionnait que, dans certains cas, les vendeurs de ces systèmes n'en assuraient plus le support.
Jason Rossi a aussi admis les inconvénients du système, qui nécessitent une expertise se faisant de plus en plus rare : « J'ai des gars ici [...] qui peuvent vous dire ce qui ne va pas à partir d'un code d'erreur ou quelque chose du genre. Lorsque c'est nécessaire, ce niveau d'expertise est très difficile à remplacer ».
Un remplacement délicat
Les anciens systèmes du SACCS ont donc été remplacés. Ce remplacement devait être réalisé en 2017, mais cette échéance initiale a été repoussée. L'installation d'un système au centre de tels enjeux n'est pas aussi simple, ses responsables n'ayant pas le droit à l'erreur. En 2016, l'ingénieur et président du conseil scientifique de l'U.S Air Force, le docteur Werner Dahm, a souligné : « Vous devez être en mesure de certifier que votre adversaire ne pourra pas prendre le contrôle de cette arme, et qu'elle sera capable de faire ce qu'elle est censée faire quand vous l'utiliserez ».Comme on peut s'y attendre, les informations concernant le nouveau système sont lapidaires. Les disquettes auraient déjà été remplacées par ce que Jason Rossi nomme « une solution de stockage hautement sécurisée » au mois de juin. Voilà qui est rassurant. Du moins, on l'espère.
Source : Engadget.