Concurrents directs sur le marché (encore assez restreint) de la messagerie collaborative dédiée à l'entreprise, Slack et Teams, service de Microsoft, affichent leur rivalité sans fausse pudeur. Entre compétition farouche, plagiat éhonté de la part de Microsoft et tentative de rachat laissée lettre morte, les deux plateformes se livrent une lutte acharnée... Tout en visant en priorité le précieux secteur des grands comptes.
« Ok boomer », c'est en ces termes désormais viraux que Slack répondait ce 21 novembre, sur Twitter, à son rival Microsoft. La raison ? Une campagne publicitaire lancée par Teams, et reprenant à l'identique ou presque les principaux éléments d'un clip publicitaire dévoilé par Slack plus tôt dans l'année. Une affaire de plagiat anecdotique, pointent Les Echos, mais qui met toutefois en lumière la rivalité chronique constatée entre les deux messageries professionnelles.
ok boomer pic.twitter.com/NB617NDFLV
— Slack (@SlackHQ) 21 novembre 2019
Slack âprement bousculé par le géant de Redmond
Il faut dire que Slack subit depuis des mois la pression croissante de Microsoft, dont le service Teams rattrape son retard à marche forcée. Cet été la messagerie de Microsoft passait ainsi la barre symbolique des 20 millions d'utilisateurs, alors que Slack n'en dénombrait que 12 millions. Les revenus générés par la plateforme devraient par ailleurs atteindre la barre des 3,2 milliards de dollars d'ici 2021, selon IDC, cité par Les Echos, en lieu et place des 2,4 milliards de dollars glanés en 2018.Cette perspective de croissance, au même titre que le nombre supérieur d'utilisateurs de Teams, bouscule Slack en bourse. Cet été, la firme de Stewart Butterfield accusait le coup en perdant 10 % à Wall Street. Autre signe inquiétant : l'action de Slack s'est réduite comme peau de chagrin pour ne plus valoir que 22,82 dollars à l'heure où nous rédigeons ces lignes. Entré au Nasdaq en juin, le groupe voyait pourtant son titre se stabiliser à 38,60 dollars. Cette chute, notable sur une période d'à peine six moins, est révélatrice du poids qu'occupe désormais Teams sur le marché.
Séduire les grands comptes : la clé du succès pour Slack ?
En dépit d'une conjecture somme toute délicate, Stewart Butterfield reste confiant. « Je ne suis pas inquiet à propos de Teams », estimait-il en octobre auprès des Echos lors d'une visite à Paris. « Sur Google, il y a plus de recherches sur nous que sur eux, et beaucoup de celles qui les concernent cherchent à savoir comment les désinstaller ».Pour se sortir de l'impasse et améliorer sa rentabilité, Slack mise sur la séduction des grands comptes. Encore minoritaires sur le service (tout juste 1 % des utilisateurs payants de Slack, soit 720 clients), ces entreprises assurent à elles seules un revenu récurrent de 100 000 dollars par an au service.
Reste que conquérir les entreprises s'avère là aussi délicat. Microsoft et sa suite Office 365, sont déjà présents auprès des grands comptes. La situation est confortable pour la firme de Satya Nadella, qui peut ainsi aisément déployer ses nouveaux services, dont Teams, auprès d'une clientèle déjà acquise. Un obstacle difficile à contrer pour Slack, en dépit d'une importante proportion d'utilisateurs qui utilisent conjointement Slack et Office 365 (70 des meilleurs clients de groupe le font, assure Stewart Butterfield).
Rappelons qu'en 2016, Microsoft avait failli racheter Slack avant de se raviser face aux huit milliards de dollars demandés. Ce rachat avorté avait mené Satya Nadella à considérer la création d'un service de messagerie made in Microsoft. Teams apparaissait sur le marché moins d'un an plus tard... Avec le destin qu'on lui connait.
Source : Les Echos