La notoriété du metaverse demeure encore relative. Mais, pour les Français qui en ont déjà entendu parler, le monde virtuel ne leur inspire majoritairement pas confiance.
Le cabinet de conseil en innovation Talan et l'institut Ifop étaient curieux de connaître la perception que les Français avaient du metaverse, de la notoriété de cet univers virtuel à ses acteurs (parmi lesquels Meta, la maison mère de Facebook), en passant par l'expérience d'utilisation, la conservation des données personnelles et la protection de l'environnement. Pour l'heure, en France, c'est la réticence qui domine à l'encontre du monde entièrement numérique connecté au monde réel.
Le metaverse, une notoriété encore faible
Le metaverse a fait une percée dans l'opinion en 2021, et il sera l'une des tendances technologiques de l'année 2022. Mais à quel point s'est-il imposé dans l'imaginaire collectif ? L'étude réalisée les 4 et 5 janvier présente un résultat net. À la question de savoir s'ils ont déjà entendu parler des metaverses, les Français ne sont que 35 % à avoir répondu « Oui ». Seuls 14 % des répondants ont une idée précise de ce dont il s'agit, et 65 % indiquent carrément ne pas avoir entendu parler du phénomène.
La notoriété, donc, on comprend que ce n'est pas tout à fait ça et que le metaverse ne parle pas encore assez au grand public, mais sans doute davantage aux initiés. Il est intéressant de voir que ce sont les hommes (46 %), les cadres et professions intermédiaires supérieures (61 %) et les dirigeants (49 %) qui ont une meilleure connaissance du metaverse.
Il ressort de cette étude que 60 % des Français considèrent le metaverse comme un moyen de se divertir. Ils sont 54 % à penser qu'il s'agit d'un moyen de s'évader du réel. Une majorité d'entre eux (58 %) fait même un parallèle avec le monde culturel, considérant que les musées devraient être les premiers à être présents dans le metaverse. Il faut aussi avoir à l'esprit que 3 Français sur 4 n'ont à ce jour pas encore utilisé de casque de réalité virtuelle, qui se destine à être un outil majeur (mais pas indispensable, comme le montre Disney) dans le développement des metaverses.
Des réticences certaines, en partie à cause de Facebook (Meta)
Au-delà d'un enthousiasme naissant, ce sont surtout les réticences qui l'emportent aujourd'hui. 75 % des Français disent avoir des craintes vis-à-vis de l'émergence de mondes virtuels numériques. Ces craintes sont évidemment plus fortes chez les 25-64 ans (de 71 à 80 %) que chez les 18-24 ans (49 %). 80 % des répondants ne pensent pas que le monde virtuel numérique puisse faire baisser les émissions carbone dans le monde réel, un constat qui vaut pour toutes les générations. Et concernant les crypto-monnaies, qui sont au cœur du modèle économique des futurs mondes virtuels numériques, seuls 8 % des Français disent en avoir déjà utilisé (4 % ont déjà réalisé des paiements par ce biais).
Cela paraît peu, mais ces statistiques pourraient suffire à convaincre les industriels du metaverse qu'il existe bien un début de modèle économique, surtout lorsque l'on apprend, également dans l'étude, qu'entre 4 et 19 % des répondants seraient prêts à payer avec de l'argent réel pour acheter des biens (vêtements, maison, voiture, terrain) ou activités (divertissements, services, pornographie) dans un monde virtuel numérique.
On sait que le groupe Meta s'est positionné sur le metaverse avec l'application Horizon Worlds. Avec près de 3 milliards d'utilisateurs actifs mensuels, Facebook se voue à être un acteur majeur de l'univers virtuel. Et cela ne rassure guère les Français, qui sont 67 % à ne pas vouloir que leurs comptes Facebook soient associés à des profils numériques dans les metaverses du groupe Meta. Ce dernier souffre toujours des récentes polémiques, puisque 74 % des répondants n'ont confiance en l'entreprise pour créer et gérer un metaverse.
Source : Sondage Ifop pour Talan